mardi 18 février 2014

Le présent du passé



Quelqu’un a disparu, je ne sais même pas qui
Un de moins sur le blog, je me demande « qui est-ce ? »
Je me creuse la tête, mais je ne trouve pas.

{…Alors, nous nous agenouillons autour de lui, pendant que le crépitement du combat continue. Nous récitons le « Notre Père », parce qu’on n’en sait pas d’autre, tête baissée… Fermant les yeux, je le revois, vivant… C’était, il y a quelques minutes, qui semblent déjà si lointaines, comme dans un passé irréel… Il donnait ses ordres sous le feu ennemi, et demandait au radio la liaison avec le PC… J’entends encore sa voix précise et assurée… }

Ce matin, j’ai serré dans mes bras un tronc d’arbre de bois mort. Elle venait pourtant de prendre son réveille-matin et de le regarder… Hier, le l’enlaçais, elle s’animait, me caressait les doigts…

{…Néfertiti ma royale épouse ! Vous enfin en ces lieux ! Que vous m'avez manqué ! Un seul jour sans vous, est un jour sans vie !
Narrez donc votre périple dans le delta du Nil !
Le fleuve sacré a-t-il, en débordant, ruiné tous mes sujets ?
Je voudrais savoir si nos provisions de récoltes sont toutes épuisées en dédommagement…}

Alors, je me réfugie dans mon antre protecteur. Je prépare le nœud salvateur de la vie qui trépasse. Je mets à jour la liste à laquelle je m’accroche, comme à un rocher au milieu des tempêtes.

{… Et puis un voyageur crie « On voit la Corse ! ». C’est vrai. Je ne l’aurai jamais imaginée comme ça. Une montagne très haute et pas large, qui sort de l’eau, au loin.
Puis, on voit peu à peu les côtes, avec plein de petites taches blanches, qui sont autant de maisons.
L’arrivée à Bastia est proche.…}

Je réponds aux commentaires, avec des rires dans le clavier pour conjurer la morosité, à ces messages si lointains comme irréels, d’une vie au ras du sol, les pieds sur terre, mais aux voix d’outre-tombe.

{…« - Gris de 3 ? »
« - 3 de Gris, j’écoute. »
« - Je vois une centaine d’hommes en uniforme rassemblés sur la route. A deux cents mètres. Est-ce que je tire ? »
« - Négatif. Essayez de les identifier. Ce sont peut-être des Paras Zaïrois. »
« - J’ai l’impression qu’ils mont repéré et qu’ils essaient de m’encercler. »
Je réalise que mon ami le Sergent chef Daniel fait partie de la 3ème section de Gris et qu’il est là-bas en fâcheuse posture…}

Combien reste-t-il ? Je ne sais pas ! Aurais-je le temps ?

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