jeudi 29 août 2013

I have a dream...

Écrit le 7 mai 2009

I have a dream, en français "J'ai fait un rêve". Les Anglo-saxons ont un rêve, alors que nous, nous faisons un rêve...  Faire un rêve est plus fugace, plus ponctuel que d'avoir un rêve...
Moi, j'en ai eu des rêves, des rêves récurrents, comme des prophéties, comme des buts inéluctables qui  adviendraient forcément parce que je pensais qu'à un tel point de répétition ils ne pouvaient être que réalisés par le destin ou bien la volonté divine...

Mais, cela n'a pas été le cas.

Je me voyais ingénieur en chef à 50 ans, âge du summum de ma carrière et sans autre vie après. Je voyais mes enfants dans un avenir radieux, parce que je pourrai leur offrir le bénéfice de mes gênes, de l'éducation que je leur donnerai, des moyens financiers et des réseaux qui  leur ouvriraient des situations confortables.

Mais la réalité, c'est qu'il y a eu un après-cinquante ans. La réalité, c'est que j'ai "culminé", mais réellement végété à des postes d'ingénieur subalterne, petit chef de service qui refusait d'obéir aux standards du léchage de bottes et qui n'a pas voulu rentrer dans le moule. La réalité, c'est cette retraite, véritable prison pour le corps et pour l'esprit. La réalité, c'est des enfants qui n'ont pas de caractère, pas de travail, pas de volonté, qui sont à ma charge alors que je n'ai plus les moyens financiers. La réalité est que je n'ai pas de réseau de connaissances haut placées qui m'auraient permis de "pistonner" mes gamins...

Oui, j'ai eu des rêves, beaucoup de rêves et bien d'autres concernant ma carrière militaire, que j'ai avortée simplement par de mauvais choix...

Avoir des rêves, cela ne veut pas dire les réaliser, ça veut dire espérer, surfer sur les vagues de la vie avec un espoir pour nous soutenir, pour nous aider à continuer la lutte. Mais cela n'a jamais impliqué que ces rêves se réaliseraient. Si nous l'avions su, nous aurions certainement arrêté le combat pour la vie (the struggle for life) bien avant de le commencer.

Je crois que mes enfants sont de cette catégorie : Ceux qui n'ont pas de rêve, pas d'espoir, pas d'avenir...

dimanche 18 août 2013

Pétri de sincérités successives ?

Écrit le 18 août 2013

À me relire, je trouverais des incohérences et des contradictions dans mes propos au fil du temps. Mais quelle importance ?
Je suis "pétri de sincérités successives" comme le disait ?... Je ne me souviens plus qui, Rousseau ? Voltaire ? Montaigne ?... et après tout je m'en fiche, car "la culture est ce qui reste quand on a tout oublié" comme le disait ?... Je m'en fiche, je m'en fous, je m'en tamponne le coquillard !

Ce n'est donc pas parce que, d'un article à l'autre, je tiens des propos qui ont des apparences contradictoires, que je vais me formaliser pour si peu.
Les idées sont relatives. Dans un contexte de pensée bien précis, une affirmation sera légitime, alors que dans un autre discours, elle ne le sera pas...

L'essentiel est la sincérité de mes propos au moment où je les formule. J'ai toujours eu le courage de mes opinions, la liberté de mon expression, parfois même au risque de représailles que j'ai parfois subies d'ailleurs. Cela ne m'a pas empêché de recommencer, comme pour affirmer les principes d'Honneur que mon père m'a légué.

"Être ou ne pas être" ? Pour moi, j'ai choisi d'être, envers et contre tout, quelles qu'en soient les conséquences...
Bêtise ? Entêtement ?... Pour moi, c'est mon honneur d'être un homme... Même s'il y a une part de folie dans cet accomplissement, car mon attitude n'est pas de la témérité : Je sais d'avance quelles peuvent être les conséquences de mon attitude et de mes actes...
   

Être, est un concept dévalué

Écrit le 10 mai 2008

Être quelqu'un, c'est la chose la plus difficile au monde. Il y en a qui n'y parviendront jamais.
D'ailleurs, y parviendrais-je ?

Il y en a qui, a quarante ans, pensent qu'Être consiste seulement à faire des actes d'affirmation de soi-même.

Oui, cela est nécessaire, mais pas suffisant ! La rupture, la révolte sont des actes d'adolescence et qu'un homme qui veut le rester, continue jusqu'à la fin sa vie... C'est un droit constitutif de la personne...

Je suis désolé que peu de monde ait répondu à ma demande de dissertation sur le sujet. Je ne le referai plus...

Mais je partage l'avis de celle qui y a répondu. Nous n'avons pas que des droits, mais aussi des devoirs envers la société et notamment envers nos proches... Et cela est essentiel en amitié... Surtout le devoir de franchise...

Et ne vouloir qu'exercer les premiers, sans tenir compte des seconds, nous rend insensibles, inhumains... Je plains sincèrement ceux qui n'ont que les droits d'Être, sans avoir les devoirs d'Être... 
  

Faut-il aimer le libéralisme ?

Écrit le 18 août 2013

Faut-il aimer le libéralisme ?

Il en est du libéralisme de ce qu'il est de toute vision du monde monomaniaque, par exemple le marxisme, le nazisme, le socialisme...

Tout médicament contient des poisons violents.
Mais les scientifiques pharmaciens ont la sagesse de doser ces poisons en quantité infinitésimale, car chacun de ces principes composants a, à petite dose, des effets bénéfiques...

Le libéralisme comporte des aspects positifs. Il demande la liberté d'entreprendre, il préconise la valorisation des talents et la possibilité de les réaliser.

Mais contrairement à la pharmacopée, il n'y a personne pour doser.

Normalement, à une époque aujourd’hui révolue, le libéralisme, qui ne s'appelait que capitalisme était équilibré par des contre pouvoirs.

- Il y avait un monde communiste, qui s'opposait au monde capitaliste.
Ce qui rendait le capitalisme plus prudent, par peur de la progression du communisme.

- Il y avait Le syndicalisme, qui contrebalançait les excès du capitalisme et arrachait de haute lutte des progrès sociaux, (parfois avec des moyens excessifs).

- Il y avait l'état qui était le régulateur entre riches et pauvres, entre patronat et salariat, entre actifs et retraités et qui gérait les mécanismes re-distributeurs.

Le communisme s'est effondré.
Le syndicalisme s'est beaucoup amoindri.
L'état se désengage.

Le problème est là : Liberté pour le libéralisme de se développer, sans aucune entrave, sans aucun contrôle.

Nous subissons et allons subir les pires effets pervers du libéralisme :

- Accaparation de tout par une minorité.
- Mise en concurrence du salariat de toute la planète.
- Monopoles et ententes des groupes internationaux.
- Paupérisation grandissante de la population occidentale.
- Asservissement généralisé des pauvres de la planète.
- Montée en puissance de l'intégrisme.

L'intégrisme n'est pas un contre pouvoir au libéralisme. Car plus le libéralisme s'étend, plus l'intégrisme s'étend aussi. C'est à dire, plus l'un fait des dégâts, plus l'autre en fait aussi. Alors que du temps du communisme et du capitalisme, l'un empêchait l'autre d'aller trop loin.

Il y a vingt ans, les deux idéologies étaient comme dans un bol, revenant sans cesse au milieu.
De nos jours, libéralisme et intégrisme sont comme au sommet d'un ballon, en équilibre instable...

Pour lutter contre l'intégrisme, il faut lutter contre les excès du libéralisme...

Comment ? En votant. Pour qui ? Pour personne pour le moment. Quand on aura compris qu'on nous ment, quand on aura pris la mesure du phénomène, quand un candidat sincère et incorruptible se présentera, mais pour le moment il n'y en a pas. Car tout le monde n'a pas forcément conscience de l'énormité du problème...
  

jeudi 15 août 2013

Fin de l'histoire du vieux fol


L’onirique vision qu’il eut cette nuit là, l’emmena en un siècle fort différent et lui fit vivre la vie d’un personnage qui avoit existé. Toute une vie, dont, à son réveil il se souvint encore. Il lui étoit permis de revivre durant la journée dans son esprit cette vie d’un autre, à seule fin de soulager sa peine. La seule condition à lui imposée étoit de ne point succomber aux appels du malin…

De fait il se mit à vivre et à ressentir l’existence de ce grand personnage en resve entrevu… Et pendant dix jours, ses tourments ne l’accablèrent plus, tant son existence à travers celle d’un autre lui rendoit une énergie pour affronter les mille tracas de sa courante vie.

Hélas, le malin savoit se cacher et prendre toute forme. Notre pauvre homme, n’y voyant nul mal, commerça avec le roi des ténèbres. Instantanément, toute cette vie par procuration qu’il étoit censé vivre, disparut en un instant de sa mémoire emportant en même temps l’énergie et le bonheur éphémère qui lui avoit été accordé.

Cette chute brutale fit replonger le vieil homme dans un état pire qu’avant. De plus les questions des nombreux « amis » qu’il se fit pendant ce court laps de temps furent nombreuses.
Il s’aperçut que ces questions étoient parfois fort inquisitrices, parfois entachées de curiosité malsaine.
Il compris qu’encor une fois, les amis, n’étoient pas de vrais amis. Amis seulement pour la joie qu’il leur avoit apporté, mais pas pour le soutenir dans le tourment où il étoit retourné et où l’on préféroit l’enfoncer davantage.

Le vieil homme, qui accusant le coup, sembloit (semblait) vieilli un peu plus, prit une décision, dans l’urgence où la situation le tenoit. Il s’en fut loger tel un troglodyte en une modeste grotte loin des lieux habités, afin de préserver ce qu’il lui restoit de vie.


Chaque jour il prioit le ciel de ne point revivre semblables évesnements.

De fait, il ne refusoit point la civilisation, car des promeneurs, il ne pouvoit éviter les venues éventuelles. Il tenoit simplement à se protéger. Cela n’empeschast (n’empêchât) point certaines anciennes connoissances de venir quérir de ses nouvelles, afin de colporter ragots et méchancetés.

Depuis lors, le vieil homme aigri essaya de réapprendre à parler tout seul, de faire ce qu’il vouloit, blanc le matin ou noir l’après-midi, sans avoir de compte à rendre à tel ou tel seigneur, à tel ou tel mécréant. Si quelques passants, manants ou gueux, venoient lui rendre visite, il les recevoit céans en son logis, se réservant le droit de les expulser, si leur comportement n’étoit pas conforme à la politesse des lieux.

Bien des tourments l’assailloient, surtout depuis que le haut mal s’étoit emparé de sa cervelle.

Sa seule devise dorénavant, fut « Il vaut mieux estre seul que mal accompagné ! »
 

L’histoire du vieux fol...



Il estoit (était en vieux François (vieux Français)) un vieux sage, qui à l’après-midi de sa vie, accumula les problèmes et soucis qu’il n’avoit (n'avait) point prévus.
Or, sa descendance étoit jeune et inexpérimentée. Ses problèmes d’argent qui vinrent se greffer étoient pour lui un dilemme sans fond, car pour sa filiation il craignoit le pire.

Or donc dans l’époque où il vivoit, la vie étoit rude et ne faisoit pas de cadeau. Il résolu de prier le ciel, afin que Dieu en sa clémence lui accorda la mort, à condition toutefois que la vie de ses enfants soit préservée et qu’ils puissent se développer dans l’harmonie.

Las pour le vieux sage, qui ne l’était pas suffisamment, on ne conclut point de pacte avec le ciel. Et de fait, c’est satan qui pris en compte sa requeste.

L’enfer lui envoya le haut mal. Cette maladie qui s’appeloit différemment, il fut obligé d’en changer le nom pour des raisons d’anonymat que l’on verra par la suite.

De fait cet homme de bon conseil et de bon esprit, qui auparavant avoit des amis, des compagnons, étoit estimé pour son savoir-faire et sa sagesse.

Mais l’ensemble des tourments qui accabloit ensuite ce vieil homme, sappa son entendement, sa confiance en lui-mesme, affecta sa mémoire et son caractère…

Il se tourna vers ses amis, pour tenter de quérir le réconfort, afin que la chaleur humaine d'yceux allégeast un tant soit peu le fardeau de ses souffrances.

C’est ainsi qu’il vit se détourner d’un seul bloc tous ses amis d’un jour. Le pire fut atteint, lorsque ses amis de longue date s’éloignèrent aussi et lui tournèrent définitivement le dos.

Il estoit dans la foule. Il lui sembloit crier, mais nul estre n’entendoit sa voix.
Il résolu de quitter la ville et se reclut un moment. Tout appliqué à réfléchir, sur l’humaine condition et sur sa propre situation, une nuit il fit un resve (rêve)…

Il y a une mort après la vie

Écrit le 15 août 2013

Plus ce qu'on dit est bête et plus ça plaît. Plus le monde est bête et plus ça plaît aux puissants de ce monde. Plus les puissants de ce monde disent des bêtises et plus ils ont d'électeurs. Plus le monde est individualiste et plus il court à sa perte.
Sauve qui peut, chacun pour soi, les fortunés, les puissants et les gens en bonne santé d'abord !
Comment ? Avant on disait "les femmes et les enfants d'abord" ?
Oui ! Mais avant, c'était avant ! Avant est une époque révolue !


Plus il y a de miséreux et plus il y a de riches.
Plus il y a de miséreux et moins il y a de gens pour enrichir les riches !
Donc on va appauvrir les moins miséreux et ainsi de suite...


Donc plus il y aura de miséreux et moins il y aura de riches.
Quand il n'y aura plus de miséreux à créer, il n'y aura plus de riche... Il n'y aura plus de société, il n'y aura plus à manger, il n'y aura plus de vie... Sur terre ne règnera que la mort...


L'espèce la plus dangereuse se sera éliminée d'elle-même...
La vie animale reprendra petit à petit son cours...
    

Défendre quoi ?



La démocratie, qu'ils avaient dit ! Qu'est-ce qu'on en a à foutre ! C'est comme le Marxisme et le Capitalisme, c'est l'asservissement de l'homme par l'homme...
Vous voyez une démocratie ? Je vois une monarchie...
La civilisation... Pfff ! Il serait temps qu'ils s'en préoccupent !
Je dirais plutôt le libéralisme, qu'ils veulent défendre !
La Patrie ? J'ai mal aux côtes, ne me faites pas rire ! Ils l'ont pourchassée et ils l'ont détruite la Patrie !!!
Moi, c'est ma famille que je défends ! Les hordes vont nous submerger !

La planète est à feu et à sang ! Je dois sauver quoi ? L’Europe ? Mon pays ? Mon département ? Mon village ?
Non ! Ma maison, parce qu'il y a ma famille, c'est tout !
Égoïste ? Moi ?... Mais, ils ont tout fait pour que je le devienne.
"Tout pour moi, rien pour les autres", c'était leur devise... Et maintenant ils voudraient qu'on les sauve ? Ça les ferait vraiment chier de ne pas profiter de ce qu'ils ont amassé !

Et bien qu’ils se sauvent eux-mêmes… Ils n’en sont pas capables. Tant pis pour leur gueule…
Ils me paient, pour que je sauve les miens, ceux que j’aime. S’ils savaient !!!

En attendant… Tiens voilà un de ces envahisseurs enturbannés et barbus… plus bas, vers la gauche. Là, c'est bon… Feu ! Ça l’a scié… coupé en deux !
Dans le fond, c’est peut-être à ceux qui me payent que je devrais faire subir ce sort ??? Nos envahisseurs ou nos tyrans ???
 
Écrit le 21 octobre 2007 
       

Le Théatre, Arme de Guerre !



Le théâtre est l'art de jouer avec le danger.
Ecrire une pièce de théâtre, c'est redonner un sens aux mots.
Le théâtre met en scène le seul animal qui remet en cause la branche où il est assis, le monde dans lequel il vit.

Il fait entrevoir tous les possibles, que la société ne permet pas.
En cela il est révolutionnaire, car il tire sur l'ordre établi. Il peut redonner du sens à la vie, de l'espoir aux désespérés...

vendredi 9 août 2013

1465 Cliquetis d’armures à Montlhéry



Charles, Comte de Charolais, suspectoit de plus le Roy Louis XI, davoir hourdi deux tentatives dassassinat à son égard en 1462 et 1464 Les relations étoient alors fort explosives et larmée Bourguignonne, fort puissante
Par ailleurs, le Duc de Bretagne, François II étoit grandement humilié par les nouvelles procédures dhommage, mises en place par le Roy. Il décidoit alors de sauver son honneur en sopposant.
Les ligueurs sous prétexte de défense des biens du peuple étoient en fait guidés par leurs interests personnels. Ils mirent à leur teste le jeune frère du Roy, Charles, Duc de Berry, avec le dessein de renverser Louis XI, ou pire encore
Louis XI qui avoit affaibli son armée, mit un an à faire remonter les effectifs à 1765 lances.

La ligue tenta de semparer de Lyon Le Roy assiègeoit alors Partenay qui se rendit sans résistance, puis faisoit campagne en Bourbonnais.
Charles, Comte de Charolais à la tête dune puissant armée marchoit sur la Picardie, puis se diriga sur Paris. Les Parisiens résistèrent. Il attendit le renfort du Duc de Bretagne, dont la troupe restoit larme aux pieds faute de paiement
Le 13 Juillet 1465, les Bretons remis en marche, étoient à Chateaudun  pendant que Charles avoit traversé la Seine à Saint-Cloud.

Le 15 juillet, le Comte de Charolais se dirigeoit sur Montlhéry, espérant y faire jonction avec les Bretons. Il faisoit installer ses chariots à Longjumeau et envoya une troupe davant-garde dans le bourg de Montlhéry, commandée par le Comte de Saint Pol.
Le Castel étoit tenu par de fidesles gardes de larmée Royale
Des éclaireurs de Saint Pol repèrèrent à la nuit tombée, larmée Royale à Châtres (Arpajon)

2040, Le début de la fin

Écrit en 2007

Les sacrifiés.

Il n’est plus de bonheur, il n’est plus d’espoir. La vie les effaçait en même temps que la vie s’effaçait elle-même, dans un élan morbide d'autodestruction.
Et le bout du tunnel était toujours devant.
On les voyait arriver harassés, hirsutes, couverts de boue, sales…
Ils passaient devant nous. Les plus jeunes, trop tôt arrachés à l’enfance, avaient le regard terrifié, de ceux qui ont vu la mort en face.

A les regarder, nous éprouvions un sentiment d’angoisse grandissant.
Au loin le fracas des canons se rapprochait sournoisement, mais sûrement.

L’horizon rougeoyait et nous envoyait d’âcres fumées, teintées de l’odeur de cette mort qui venait vers nous.

Un instant nous crûmes que la guerre s’éloignait alors que le fracas s’apaisait. Mais tout n’était que répit fallacieux. Les longues cohortes des soldats étaient derrière nous. Maintenant il n’y avait qu’un espace de temps et de distance entre l’ennemi et nous.

Certains grillaient, en la savourant, leur dernière cigarette. D’autres, fébriles, remontaient le mécanisme de leur arme après l’avoir soigneusement nettoyé.

Je me penchais en arrière pour laisser couler sur ma langue, la dernière goutte de ce flacon de Cognac. Trop vite fini.

Probablement comme notre destin qui allait s’achever. Nous savions que les forces de la coalition étaient colossales. Chacun de nous comprenait que ses heures étaient comptées.

Derrière le mur, j’entends passer les hordes sauvages.
Il fait jour, il fait nuit, je ne sais pas. Une odeur âcre flotte sur la ville en flamme. Une odeur de chair calcinée et de toutes matières enflammées qui prend à la gorge et se répand sur les campagnes où les moissons brûlent, elles aussi. La fumée est si dense qu’elle obscurcit le ciel.

Combien reste-t-il d’entre nous ?
Je pense un instant à ces nuées ardentes qui effacèrent Pompéi et Saint Pierre. J’envie cette mort si rapide que des milliers d’humains avaient eu.
Nous, cela fait des mois que nous battons en retraite. Cela fait des mois que nous perdons, bataille après corps-à-corps, escarmouche après embuscade, tous les combats que nous livrons. Certes nous avons infligés de lourdes pertes aux forces de la coalition. Mais ils sont si nombreux que le rapport de force est de plus en plus en leur faveur.

Ils ont constamment des troupes fraiches, nombreuses, bien équipées, pour assurer la relève. Nos troupes sont décimées, fatiguées, démoralisées. Nous commençons à manquer de munitions. Les manufactures d’armes ont été prises par l’ennemi. Il ne reste que quelques dépôts cachés. Si un de nos hommes tombe entre leurs mains, nous tâchons de l’abattre afin qu’il ne révèle le secret de nos maigres réserves.

Ma gélule de cyanure à la main, j’attends fébrilement, alors que passent à quelques mètres de moi, des ennemis pressés d’en finir avec nous. Si je suis découvert, je sais ce qu’il me reste à faire. J’ai peur. J’ai très peur. Je regarde tout autour de moi. Il ne s’agirait pas que l’on m’attrape vivant. Je sais que je ne résisterai pas à la torture et j’ai très peur de la souffrance qu’ils pourraient m’infliger. J’ai peur de mourir aussi, mais le cyanure sera le moindre mal

Je crois que je tremble de tous mes membres, que j’ai froid, que je grelotte… En même temps, je suis trempé de sueur.
Ce mois d’Août sera mon dernier été, sera le dernier été pour moi, pour mes camarades, pour tous ceux que j’aime. Je n’aurai pas été capable de protéger ma famille…
       

jeudi 8 août 2013

La main de Valparaiso



La femme marchait le long du quai… Je ne savais pas quel quai ni où j’étais…
Les brumes du petit matin se dissipaient plus vite que celles de mon cerveau imbibé de l’alcool que j’avais bu toute la nuit…
 
Elle était vraiment bien foutue, et ce discernement me rassura sur l’état général de mes méninges encore endolories…

Les jambes s’arrêtèrent près de moi et je distinguais leur galbe parfait disparaitre tout en haut dans une jupe fourreau où mon regard essaya de s’immiscer mais sans résultat dans la pénombre de cette aurore très matinale… Je regrettais sur le coup, de ne pas pouvoir me rincer l’œil, quand la belle blonde, oui, car elle était blonde et magnifique, se pencha vers moi et s’enquit de mon état de santé…

Cette vision enchanteresse contribua à me dégriser et j’entrepris de me relever, non sans apprécier le défilé affolant de ses cuisses gainées de polyamide… La manœuvre était pour le moins difficile et la belle inconnue devait en juger ainsi puisqu’elle m’aida en me tirant du plus fort qu’elle put… J’aurais bien inversé les rôles en cet instant pour la tirer moi-même, mais ce jeu de mots grivois qui chatouillait ma cervelle s’effaça pour tenter de tenir un propos plus galant…

La bouche pâteuse je bredouillais « Je vous remercie mademoiselle, sans vous je dormirais encore »…
Elle me fit remarquer que j’avais une drôle de façon d’appeler les choses et que d’après elle, mon repos avait une origine alcoolique certaine…
Il est vrai qu’elle avait du remarquer l’odeur très forte de la téquila que j’avais distillé cette nuit…
Oui c’est ça, la téquila, le port… Je suis à Valparaiso… Et en compagnie d’une blonde canon à qui je voudrais bien faire la cour si j’étais en état de le faire…
Une affaire comme ça aurait valu un peu d’abstinence alcoolique… Il fallait à tout prix que je la revoie… J’entrepris alors de lui dire de m’excuser pour cet état piteux et inhabituel dans lequel elle m’avait trouvé…

Nous marchions côte à côte. Elle avait bien deviné à mes vêtements coupés dans le tweed anglais le plus chic, mon appartenance à un milieu différend de celui habituel du port…

Après avoir trempé la tête dans la fontaine de San Carlos, je m’essuyais avec un mouchoir, tandis qu’elle me détaillait d’un air amusé… Décidément, cette fille commençait à me plaire, plus qu’un peu…
Plus j’étais lucide et plus  je ressentais son calme et comme une forme d’humour sur les traits de son visage…
    

mercredi 7 août 2013

Extrait de mon journal du 2007-04-28 - 13:06:02



Je perds la mémoire...

Je viens de me rendre compte depuis une semaine, que j'oublie tout. Dans ma nouvelle mission, la personne que je dois remplacer me dit à tout propos, "je vous l'ai déjà dit". Je pensais qu'elle bluffait depuis 3 semaines.

Or cette semaine, j'ai eu la preuve par deux fois que cette personne dit bien la vérité : Je l'avais écrit sur mon cahier.
J'ai toujours écrit les choses, mais le fait de les écrire me faisait retenir.
Mais depuis le début de la mission, pour chaque chose dont cette personne me dit : "je vous l'ai déjà dit", je ne me souviens ni des réponses, ni d'avoir même abordé le sujet. Et quand elle tente de me remémorer ce qu'elle m'a dit, je n'en ai pas le moindre souvenir...
Pareil pour l'exécution de tâches simples : J'ai mis une après midi pour remplir 15 cases sur excel.
C'est donc depuis ma reprise de travail, après mon A.T. (Arrêt de travail), que j'ai ces pertes de mémoires. Mais je ne m'en suis pas rendu compte, parce que justement j'oublie tout.
Et donc, je ne peux pas me souvenir de ce que j'ai oublié.
Il m'a fallu un effort d'intelligence et des preuves, pour réaliser cet état de fait.
Ma belle-nièce, qui est médecin en Neurologie à la Pitié salpêtrière m'a envoyé une ordonnance. Je suis allé à Paris faire une EEG. Le résultat est un fonctionnement anormal et très lent de la partie du lobe temporal gauche, où siègent les fonctions cognitives... 
Je suis allé voir ma belle-nièce et on a commencé les nouveaux examens : sang, Rendez-vous IRM, etc...
Pistes recherchées :
-    La forte tension pendant 2 semaines a t-elle endommagé mon cerveau ?
-    Les effets secondaires du Nisis (contre l'hypertension) sont mal connus, y a t-il des dégâts collatéraux ?

Ce qui me gênerait, serait que le client dise à mon patron "vous nous avez envoyé un débile mental, un idiot, un abruti qui ne comprend rien..."
Alors j'en ai parlé à mon supérieur, qui m'a rassuré "ce n'est rien ça va passer". Qu'est-ce qu'il en sait le bougre ?

Depuis,  il n'y a eu aucune amélioration. La thèse de l'AVC (Accident Vasculaire Cérébral) est la présomption la plus plausible... Puis je cesserai mon boulot, longue maladie, invalidité, retraite anticipée et cette retraite de merde, amère, dévalorisante, qui me laisse dévalorisé, inabouti, diminué...

lundi 5 août 2013

10 mai 1940 (ou peut-être 11 mai ?)



Une estafette vient nous réveiller et nous dit d'aller à nos postes.

Je saute hors de ma couverture.
Voila mes camarades en train d'enrouler leurs bandes molletières, alors que moi je n'ai que ma capote à enfiler. Je crie à mes hommes de se dépêcher.
Je cours vers le poste de mitrailleuse en pestant contre les servants qui se permettent de ne pas être là.
J'engage une bande et arme la culasse. Mais bon sang, qu'est-ce qu'ils foutent ?
Je pourrais tirer, mais sans personne pour guider la bande de munitions, je risque l'enrayement.
Putain de matériel démodé ! Putain de bandes molletières qui retardent les gars !

Je vois le lieutenant faire signe en direction de l’Est. C’est le petit jour.
Je scrute et j’aperçois des mouvements. J’ouvre l’étui, j’extirpe les jumelles… Pleines de buée…
Quel est le con qui les a laissées là cette nuit ? J’essuie comme je peux les optiques.
Appuyé sur les sacs de sable, je règle la focale. Stupeur ! Des boches, plein de boches, qui progressent par bonds successifs…
« Qu’est-ce qui se passe ? », me demande Émile, le soldat qui vient d’arriver. « Prépare des bandes et mets toi là ! ». « J’suis le tireur pas l’approvisionneur ! ». « M’en fous ! Fais c’que j’te dis ! D’abord tu tires comme une patate ! ». J’entends les gars arriver….

«Sortez des grenades d’avance ! Armez vos flingues et prêts à faire feu ! ». J’entends le cliquetis des lebels…

Déjà des coups de feu partent de notre camp, loin sur notre droite. Quel est le con qui les a laissé tirer. Maintenant les boches savent qu’on les attend. Bande d’abrutis !

Je vois au loin, plein de types en uniforme foncé, se relever et courir vers nous.
Ça y est ils attaquent ! Je lache les jumelles. Ils sont tout petits encore, mais ils arrivent !

Je me tourne vers mes hommes. « Ne tirez pas. Attendez que je vous donne l’ordre ! Mettez en joue ! Vous ne tirerez qu’à coup sûr. Chaque balle doit porter !

Je me mets à la mitrailleuse et Mimile tient la bande. Nos gorges se serrent.
Des petits éclairs sortent des armes adverses. Le ricochet des balles nous fait rentrer la tête dans les épaules. Un cri de douleur jaillit ! Déjà un homme est touché.
« Ne tirez pas. Ajustez-les ! »

La première vague est maintenant proche. Il faut que je donne l’ordre. Ma gorge se serre. Jamais je n’aurais cru un jour devoir tirer et faire tirer sur des hommes…

« Feu ! »

Un déluge de feu part de notre position, tandis que j’ajuste un type à gauche et j’ouvre le feu, en tournant le tir vers la droite. J’arrête. J’abaisse la visée et je recommence, par petites rafales. Je repositionne sur la gauche. Putain, ils sont encore plus près ! Je recommence de la gauche vers la droite, encore une fois.

Il y en a plein qui approchent en courant vers nous.

Je crie « Grenades ! ».

Moi et mon servant nous nous baissons.
Des détonations multiples nous vrillent les tympans.

Je relève la tête. Des fuyards Boches essaient de s’échapper ! « Les laissez pas s'barrer ! Feu ! Feu ! Feu ! »

Le terrain qui s’étend entre nous et le bois, est jonché de corps.
On entend des gémissements « chez eux », mais aussi « chez nous ».

Bon sang qu’est-ce qu’on a comme pertes !

Mes copains, mes camarades, mes amis, mes hommes, les hommes des autres unités…

Mon serveur ! « Mimile ! ». Il saigne comme une vache ! Putain ! Il a un trou dans la joue et peut-être aussi dans le cou… Il me fait signe en essayant de parler… Il n’a plus de langue, arrachée par une balle…

« Oh putain Mimile, Mimile.... mon Mimile ! »
 
Le lieutenant nous fait dire que nous allons recevoir des renforts de la deuxième ligne.

Pendant ce temps je compte mes pertes. J'ai 8 hommes hors de combat, dont trois morts. Le sang est partout et nous impressionne tous. Je donne de l'eau à Mimile qui me fait signe qu'il a soif. Sa mâchoire brisée, ses joues transpercées, donnent un spectacle horrible. Son sang se répand en un filet ininterrompu. Les infirmiers sont bien trop occupés pour venir ici.
C'était ça la guerre...
On nous avait annoncé une victoire rapide sur des Allemands que le traité de Versailles avait laissés désarmés.
Ce n'est pas l'impression que j'ai de nos adversaires...

Je réorganise mes hommes avec le renfort de huit hommes venus de la deuxième ligne.
Je leur fais approfondir notre retranchement afin d'être mieux protégés.
Ils mettent beaucoup de cœur à l'ouvrage, car ils savent que leur vie en dépend.

Deux infirmiers arrivent enfin pour soigner nos cinq blessés.
D'autres s'aventurent hors de nos lignes et prodiguent des soins aux allemands qui gémissent à quelques dizaines de mètres de notre position.

Le sang, les hurlements, les gémissements, nous impressionnent tous autant que nous sommes.

Je reviens voir mon copain Émile.

Il ne bouge pas, sa tête est penchée sur son buste.
Je m'approche en tremblant... Il ne respire plus... Il est mort vidé de son sang, comme un cochon qu'on saigne...
 
Mon Mimile, mon ami. Tu ne tirais pas très bien à la mitrailleuse, mais tu me manques...

Je tourne le dos à mes hommes en me relevant, pour cacher mon émotion...

Un sifflement caractéristique... "Tous à couvert !". Une explosion sur nos arrières.
Bientôt suivie de beaucoup d'autres de plus en plus précises. L'artillerie Allemande nous pilonne. Nous rentrons nos têtes dans nos épaules et nous faisons tout petits dans notre tranchée. Des hommes tremblent de tous leurs membres. Chaque explosion plus proche fait sursauter et monter la peur d'un cran supplémentaire. Je baigne dans ma transpiration qui me glace jusqu'aux os.

Des hommes hurlent de terreur. Certains appellent leur mère...
Chaque explosion réduit notre espérance de vie et a raison des caractères les mieux trempés.
Un déluge de feu, d'éclats, de pierres, de chair humaine s'abat sur nous.

Je reçois sur la main... on dirait de la cervelle d'agneau... Je suis horrifié... Je m'essuie frénétiquement la main sur ma capote en criant...

Je m'applique à me dire "reste en vie, pour tes hommes, reste en vie pour tes hommes"...
Je me calme un peu, en me persuadant que si les obus ne m'avaient pas encore touchés, il y avait des chances de rester en vie...

Pourquoi avons-nous été envoyés en avant poste à l'est de la Meuse ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?