samedi 23 novembre 2013

2040, Adieu l’honneur, bonjour l’instinct



Le soir venu, alors que je bivouaque près d’un ruisseau, j’écris mon vécu de ce jour. Quelle connerie cette guerre. Les forces de l’Axe massacrent nos civils, nos alliés violent nos femmes et moi je tue les nôtres… Il n’y a plus de règle. Je l’ai fait car je savais que le poteau d’exécution aurait été mon destin si je ne l’avais pas fait. L’autodéfense, liée à l’instinct de survie : Je suis devenu un animal…
                 
Au front c’est moi, ou celui qui est en face. A l’arrière aussi maintenant. Mes principes, je les ai piétinés, moi aussi, comme les autres. Je fais passer l’amour de ma famille avant mes devoirs envers l’union Européenne, avant les lois édictées par mon Pays. C’est moche… J’ai tué des gens qui ont peut-être encore une famille… Je ne vaux pas mieux qu’eux. Je sais bien qu’eux n’auraient pas eu de scrupule à m’exécuter pour l’exemple, mais cela m’excuse-t-il ?

Machinalement, j’ai mis le canon de mon arme sous mon menton et déverrouillé le cran de sûreté…
Je suis seul, comme jamais j’ai été. Seul contre tous, rebelle contre l’autorité, je suis devenu un paria. Tout ce qui a fait mon idéal, s’est écroulé. J’ai tué ceux de mon camp ! Qui aurait dit qu’un jour j’en viendrais là ? Je n’ai plus qu’un avenir limité, puisque je serai attrapé un jour ou l’autre au moment où mon attention sera mise en défaut, comme cela a bien failli être le cas ce matin…

J’éclate en sanglots… Je pose mon MiniMI et je sors de mon portefeuille la photo de mes enfants et de ma femme… Je ne les ai pas revu depuis un an…Le les ai mis à l’abri dans la Vallée Française…

Je ne vais pas abandonner maintenant… Je suis à la hauteur de Saint Chely d’Apcher… Plus que 100 km à tenir, plus que trois jours…
D’une façon ou d’une autre, la mort est au bout du chemin, car les forces de l’Axe sont en train de gagner cette guerre et nous extermineront jusqu’au dernier…

Alors à quoi bon ces remords ? Épuisé, je serais incapable de ne dormir que d’un œil, cette nuit.
Je m’endors, conscient que je suis à la merci du destin. A la grâce de Dieu…

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