mardi 7 octobre 2014

Le vieux qui a peur de tout



Qui pourrait deviner en voyant ce vieux indécis, hésitant, qui ne sait pas faire, qui a du mal à comprendre, qui a peur de tout, qui pourrait deviner que cet homme était quelqu’un de courageux, entreprenant, qui comprenait vite, qui décidait vite, qui se donnait à fond et agissait en comprenant tous les tenants et aboutissants de ses actes ?

Il a du mal à comprendre et surtout à admettre qu’il ait pu changer à ce point.
Certes il admet avec lucidité que ses problèmes de dos, d’arthrose, de perte de force musculaire, et surtout de cognitivité, soient à la source de cette baisse d’activité…

Mais pour autant, je me demande (car ce vieux, c’est moi), si tous ces problèmes, certes bien réels ne seraient pas un alibi pour justifier cet esprit d’abandon, de résignation, cette envie de rien…
Comment peut-il se faire que la vieillesse ait aussi un effet sur le caractère de l’individu ?
Est-ce en soi un autre effet direct néfaste du vieillissement ou bien sont-ce les dégâts physiques et intellectuels néfastes, qui engendrent un mal de vivre touchant aussi le caractère ? Effet direct ou indirect ?

L’année dernière, j’ai entrepris de finir ma façade que j’avais abandonnée depuis un quart de siècle. Tâche devenue ardue, mais que j’ai menée à bien, bien plus lentement qu’avant, en me mettant au boulot tous les matins à sept heures pour faire l’enduit ciment et en cessant à treize heures complètement vanné… Même si mon rendement journalier était cinq fois moindre qu’avant, j’ai réussi et j’étais content de l’avoir fait…

Il y a une semaine, vu le prix que l’on me prenait pour changer les filtres à air (je ne l’avais jamais fait sur cette voiture-là et ne savais même pas où ils pouvaient bien se situer).
J’ai consulté des tutoriels sur internet. Au moins j’ai pu repérer grâce aux photos les emplacements des filtres… Mais pour le mode d’emploi, c’était pour moi d’un compliqué, je lisais et relisais et je ne comprenais rien à la chronologie des opérations…
Je me suis pourtant jeté à l’eau car les filtres étaient déjà achetés… J’ai fait ça en quelques minutes et c’était d’une simplicité désarmante…

Je me retrouve avec les plaquettes avant : Des tutoriels que je ne parviens pas à comprendre, une inquiétude même une angoisse… Si j’achète sur Oscaro, ça coûte entre 26 et 40 €. Et s’ils se trompent de modèle ? Si j’achète localement combien cela va me coûter ? Mais dans les deux cas saurais-je le faire ? Si je fais faire combien cela va coûter ?
Je vais demander les prix pour comparer. Je fouille dans mes archives. Du temps où je bossais, sur une autre voiture plus petite le prix était passé de 110 en 2005à 178 euros en 2012... Sur celle-ci bien plus grosse, on tourne peut-être à 210 euros… 170 euros de plus-value pour la pose, c’est notre budget ménager hebdomadaire, la ruine quoi !… Mais j’appréhende de faire moi-même, le mal de dos, la difficulté technique parce que je n’ai rien compris, je n’ai plus confiance en moi… J’en ai pourtant changé des plaquettes, dans ma vie, mais pas sur cette bagnole-là…

Je demande un devis par téléphone : 94,50 euros TTC ! Ouf ! Ça va, ce n’est pas trop onéreux. Je prends le rendez-vous.
Mais, mais, mais ? 94 euros pour de si grosses plaquettes alors que ceux tous simples pour la petite bagnole étaient à 178 il y a deux ans ??? Et si ces plaquettes peu chères étaient de la merde ? Les originales ont fait 87000 km quand-même !
Ou alors, putain ! Est-ce qu’avec ma surdité je n’aurais pas compris 94,50 au lieu de 194,50 ??? Ça y est l’inquiétude ! Je fonce leur demander le devis écrit noir sur blanc cet après-midi à l'ouverture.

Ça me fait chier, d’avoir des blocages, des peurs, des stress, comme ça dans ma tête…

Bon sang ! Qui pourrait me redonner mes vingt ans, ou même mes cinquante ans ???

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