jeudi 23 octobre 2014

Douce France



J'avais un tablier bleu et je fredonnais les chansons de l'époque qui étaient et qui sont les chansons d'autrefois...

C'était une douceur après ces années noires. Insouciant, je suivais le bouchon de liège emporté par la pluie dans le caniveau jusqu'au bas de la rue...

Je collais mon nez à la vitrine du droguiste. Je salivais devant ce révolver de cow-boy en plastique que je n'ai jamais eu...

Je revenais les genoux écorchés pleins de gravillons et de bitume avec des rêves de vengeance ou bien des lauriers de la victoire...

Derrière les palissades du terrain vague, j'étais le gendarme ou l'indien et nous courions à en déchirer nos tabliers aux épines des ronces...

J'écoutais une voix, l'oreille collée au poste à diodes, qui disait "Je vous ai compris", qui parlait d'avenir et de France...

Je me jetais sur un bonbon acidulé en forme de quartier d'orange que me tendait ma Maman à la sortie de l'école, avec un grand sourire de Madone...

Toutes les sonnettes de ma rue n'avaient jamais autant servi que depuis que j'habitais dans le quartier ? Elles m'ont appris à courir plus vite que l'invective, plus vite que les tirages d'oreilles...

Et ce grand, un "blouson noir", que mon père avait soulevé par le col et accroché à la grille des voisins, parce qu'il m'avait à moitié étranglé ? Il avait changé de quartier pour éviter mes pieds-de-nez ? Ou bien ?...

Ces temps-là, ne reviendront plus : Ils sont effacés, disparus, cachés dans un coin de ma mémoire...
Mais j'y pense parfois et mon regard se trouble et mon cœur se gonfle...

Quelle était douce la France, qu'elle était douce !...

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