jeudi 3 septembre 2020

Le syndrome du canal carpien





Les symptômes résultent de la compression du nerf médian au poignet (voir schéma). Dans le poignet, le nerf médian et les tendons fléchisseurs des doigts traversent un « tunnel » nommé canal carpien. Ce canal est relativement restreint. Toute condition qui réduit cet espace, par exemple de l’inflammation, entraîne une compression du nerf médian. Certains mouvements des doigts, surtout du pouce, se contrôlent alors moins bien ou plus du tout. Les sensations dans la main peuvent aussi être modifiées.

Le syndrome du canal carpien touche environ 11 % des femmes et 3,5 % des hommes15. Il tend à apparaître soit au début de la cinquantaine, soit passé l’âge de 75 ans. Les symptômes sont d’abord légers et passagers, puis s’intensifient avec le temps.

Causes

L’origine du syndrome du canal carpien est souvent multifactorielle. Le risque est plus élevé chez les travailleurs exposés aux situations suivantes.

    La répétition de mouvements du poignet et de l’avant-bras durant des périodes prolongées.
    Les mouvements qui demandent une force importante dans la main.
    Les postures contraignantes pour la main.
    La manipulation d’outils qui vibrent.

Pour le moment, on ne sait pas si le travail à l’ordinateur peut contribuer au problème. En effet, les études menées jusqu’à présent n’ont pas établi de lien évident entre l’utilisation régulière du clavier et le syndrome du canal carpien18,19. Cependant, l’usage fréquent de la souris (plus de 20 heures par semaine) augmenterait le risque, selon une étude17.

Parmi les autres causes possibles figurent les blessures au poignet, l’arthrite au poignet et les atteintes neurologiques en conséquence d’un diabète.

Les fluctuations hormonales vécues durant la ménopause, la grossesse ou un état d’hypothyroïdie créent un environnement propice au syndrome du canal carpien. Durant la grossesse, par exemple, la rétention des fluides ajoute de la pression sur le nerf médian.

Évolution

La durée des symptômes varie selon la cause. On peut généralement traiter le syndrome du canal carpien efficacement sans qu’il en résulte une diminution permanente du volume des muscles de la main (atrophie).

Des chercheurs ont observé, dans le cadre d’une étude, que dans le tiers des cas, le syndrome du canal carpien disparaissait spontanément, sans traitement16.

Si les symptômes ne sont pas soulagés par les traitements usuels, une chirurgie peut être envisagée.

Symptômes


  • Des engourdissements ou des picotements à la main et aux doigts (surtout au pouce, à l’index et au majeur).
  • Une douleur au poignet et à la paume, qui irradie vers les doigts ou vers l'avant-bras (parfois jusqu’à l’épaule).
  • Une difficulté à saisir les objets, même légers.
 
Souvent, les symptômes s’accentuent :

  • durant la nuit;
  • à l’activité, par exemple durant la conduite d’un véhicule ou lorsqu’on tient le téléphone;
  • chez les femmes, avant les menstruations, durant les derniers mois de la grossesse et peu après l’accouchement.

Personnes à risque


  • Les personnes qui, dans le cadre de leur travail, opèrent de la machinerie qui produit de la vibration, les préposés à l’entretien ménager, les travailleurs de l’industrie alimentaire, les travailleurs sur les chaînes de fabrication, les préposés au service (aliments et boissons), les chauffeurs de camions et d’autobus et possiblement les personnes qui travaillent à l'ordinateur en utilisant beaucoup la souris (plus de 20 heures par semaine).
  • Les personnes dont un membre de la famille proche a déjà souffert de cette affection. Certaines caractéristiques physionomiques, comme la forme du poignet, peuvent accroître le risque.
  • Les personnes qui s’adonnent à certains loisirs, comme le jardinage, les travaux d'aiguille, les jeux vidéo, le golf, le canotage et les sports en fauteuil roulant.
  • Les femmes enceintes et celles qui sont en ménopause.


Facteurs de risque


  • Certaines maladies telles que le diabète, l’arthrite rhumatoïde ou l’hypothyroïdie, si elles ne sont pas traitées ou contrôlées.
  • La prise de contraceptifs oraux.
  • Les blessures au poignet.


La prévention du syndrome du canal carpien


Mesures préventives de base
  • Reposer régulièrement les mains et les poignets durant l’exécution de tâches répétitives. En profiter pour étirer doucement le poignet.
  • Changer fréquemment de position et, si possible, alterner les mouvements d’une main à l’autre.
  • Éviter de forcer avec les mains lorsqu’elles sont trop rapprochées ou trop éloignées du corps. Éviter aussi d’employer une force exagérée (il faut, par exemple, appuyer sur les touches d’une caisse enregistreuse ou d’un clavier d’ordinateur avec légèreté).
  • Ne pas appuyer les poignets sur des surfaces trop dures durant de longues périodes.
  • Tenir les objets à pleine main plutôt que du bout des doigts.
  • S’assurer que les poignées des outils ne sont pas trop grosses ou trop petites pour la main.
  • Éviter d’utiliser longtemps des outils qui vibrent fortement.
  • Porter des gants pour les travaux manuels qui se font dans un endroit où la température est froide. La douleur et la raideur risquent davantage d’apparaître au froid.
  • Éviter d'avoir les poignets « cassés » (pliés vers le haut) lorsque l’on manipule la souris d’un ordinateur. On trouve, sur le marché, différents modèles de repose-poignets et de coussins ergonomiques. Ajuster aussi la hauteur de la chaise.
  • Si on utilise une souris munie de deux boutons principaux, configurer la souris afin que le bouton le plus utilisé soit celui de droite et utiliser l'index pour cliquer. La main est ainsi dans une position plus naturelle.
  • Obtenir les services d’un ergonome au besoin.
  • Faire traiter sans tarder les maladies qui peuvent causer le syndrome du canal carpien.

Les traitements médicaux du syndrome du canal carpien


L’électromyogramme (EMG) est parfois utilisé pour confirmer le diagnostic lorsque les symptômes ne sont pas typiques ou avant de procéder à une chirurgie. Il s’agit d’un examen fait par un neurologue qui permet de mesurer la vitesse de conduction nerveuse dans le poignet. Cet examen permet de savoir si c’est bien le nerf médian qui est touché, et à quel degré.

Il faut d’abord traiter toute maladie ou blessure qui pourrait être la cause du syndrome. Les douleurs au poignet et à la main disparaissent généralement dès qu’on traite, par exemple, l’hypothyroïdie qui les avait engendrées.

Repos


En l’absence d’une blessure ou d’une autre maladie associée, le traitement consiste d’abord à reposer le poignet atteint en interrompant l’activité répétitive qui en est la cause ou en en modifiant le rythme et l’intensité.
Le médecin propose parfois le port d’une attelle durant la nuit. L’attelle empêche de plier le poignet et ainsi de comprimer le nerf médian en dormant.

Soulagement de la douleur


Appliquer de la glace là où la douleur est ressentie, durant 10 à 12 minutes, quelques fois durant la journée. L’application de chaleur peut aussi aider à calmer la douleur dans l’immédiat. Il est également conseillé de procéder à une hydrothérapie de contraste une fois par jour : immerger la main et le poignet durant 3 minutes dans un bol d’eau chaude, puis durant 30 secondes dans l’eau froide. Répéter l’exercice 3 fois de suite.

Si nécessaire, les médicaments analgésiques (acétaminophène) ou les anti-inflammatoires (aspirine, Advil®, Motrin®, etc.) peuvent parfois soulager la douleur, mais sont globalement peu efficaces pour ce type d’affection. Notez que les anti-inflammatoires n’accélèrent pas la guérison.

Dans les cas plus graves, il peut arriver que le médecin suggère une injection de cortisone à l’entrée du canal carpien. Ce traitement procure un soulagement durant 3 mois, en moyenne.

Quelques conseils

- Utiliser davantage la main non douloureuse.
- Modifier la position de travail.
- Trouver une nouvelle manière d’utiliser la main atteinte, avec un outil différent.
- Réduire la consommation de tabac. Le tabagisme accentue les symptômes et ralentit la récupération.
- Voir les autres mesures décrites dans la section Prévention.


Réadaptation


Si les moyens précédents ne suffisent pas à faire disparaître les symptômes, un programme de physiothérapie pourrait être bénéfique, bien que son efficacité n’ait pas été démontrée de façon évidente. Le but du traitement est de diminuer la réaction inflammatoire dans les tissus avoisinant le nerf médian et de renforcer les muscles des articulations du poignet et de la main.

Chirurgie


Si les douleurs persistent au bout de plusieurs mois de traitement et que le travail rend à risque de récidive, on pourra envisager une intervention chirurgicale suivie de séances de physiothérapie. La chirurgie consiste à entailler le ligament qui fait pression sur le nerf médian (voir schéma).
La chirurgie peut se pratiquer par une incision d’environ 5 cm (2 po) au poignet ou par endoscopie, avec 2 petites incisions (une sert à introduire un tube muni d’une minuscule caméra et l’autre, l’instrument chirurgical).
Un soulagement durable de la douleur, des engourdissements et des fourmillements se produit chez la grande majorité des personnes ainsi traitées. L’intervention comporte toutefois certains risques, comme celui d’endommager un nerf de façon temporaire (1 cas sur 100) ou permanente (1 cas sur 1 000).

Le syndrome du canal carpien est certainement le premier diagnostic à envisager en cas d’engourdissement des mains. Mais voyez votre médecin, car il y a d’autres causes possibles.
Le port d’une attelle et parfois l’injection de cortisone sont recommandables pendant que l’on révise la posture au travail et que l’on tente d’éliminer tout facteur aggravant. N’oubliez pas que 1 personne sur 3 en guérit spontanément!
Il n’en reste pas moins que certains patients auront besoin d’une chirurgie. Celle-ci produit de bons résultats. Elle évite que le nerf perde toute sa fonction, dans les cas où il est resté comprimé trop longtemps, et que les muscles de la main s’atrophient.

Dr Dominic Larose, M.D.
  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire