mercredi 31 juillet 2019

Le «vrai» déficit commercial de la France (1)


J’avais écrit en 2012 sur blog.fr, des comparatifs suggérant que la balance commerciale de la France était bien plus grave que ce que l’on nous le suggérait à longueur de médias.

Il n’en reste rien depuis que blog.fr a disparu.

Un  seul texte est demeuré (écrit sur Word) que j’ai republié en 2016 et qui aborde très brièvement la parité de pouvoir d’achat dans le calcul du déficit de notre balance commerciale.

Sur Blogger :

La balance commerciale (Modèle Allemand de Nikola 1er)


Ainsi que sur canalblog :

La balance commerciale (Modèle Allemand de Nikola 1er)




Un auteur « Samuel », explique fort bien le mécanisme qui conduit notre pays à minorer notre déficit commercial afin de faire penser aux Français que la situation n’est pas si grave. Or elle est très grave. Et simplement par le calcul raisonnable et non faussé, on comprendra aisément que notre politique libérale va droit dans le mur.

Je vais donc publier ci après le texte de cet auteur paru sur Mediapart en 2011…



Le «vrai» déficit commercial de la France (1)









Dans le domaine du commerce international, comme dans celui de la production et des échanges au sein d'un même pays, et contrairement à ce que suggère la belle image de Jean-Baptiste Say, la monnaie n'est pas qu'un «voile» posé sur l'économie réelle, sans influence sur elle, et à travers lequel on pourrait en voir une image non déformée.



Comme le soulignent notamment les économistes postkeynésiens, et contrairement à ce que suppose la théorie néoclassique des « avantages comparatifs », les taux de change, c'est à dire les valeurs des monnaies les unes par rapport aux autres, ne sont pas de simples conséquences des échanges commerciaux internationaux. Ils peuvent aussi être influencés par les interventions des banques centrales, et aussi par les mouvements de capitaux, surtout quand ceux-ci sont libéralisés. Les taux de change peuvent alors influencer à leur tour les échanges commerciaux internationaux. C'est ainsi que, dans leur état actuel où par exemple l'euro est surévalué et le yuan est sous-évalué, ils maintiennent des déséquilibres commerciaux, bien reflétés se dit-on, par les déséquilibres des balances commerciales des pays.



Mais c'est ici justement qu'on oublie que la monnaie, en plus d'agir sur l'économie réelle, n'en laisse voir à travers elle qu'une image déformée. La balance commerciale, que l'on considère le plus souvent comme une image fidèle des flux commerciaux entrants et sortants d'un pays, recense les valeurs marchandes, exprimées en unités monétaires, des biens importés et exportés par le pays. Derrière cette balance commerciale, qu'on pourrait appeler plus précisément la balance commerciale en valeur, se cache une autre balance commerciale, qu'on pourrait appeler la balance commerciale en volume, qui recense les volumes réels des biens échangés par le pays, exprimés en unités réelles de biens et services. De même, derrière la valeur des biens et services produits dans un pays, c'est à dire derrière son PIB en valeur, se cache le PIB en volume de ce pays, volume des biens et services qui y sont produits, dont l'évolution est considérée comme le plus fidèle indicateur de la croissance de ce pays.

On donne le nom de niveau des prix dans un pays et à un moment, à la valeur dans ce pays et à ce moment, d'un volume de biens et services, qui sert d'étalon. Ce volume étalon peut être un panier type de biens et services, qui ne doit pas changer quand on change de pays ou de moment. Le niveau des prix peut être exprimé dans une unité monétaire internationale, comme le dollar. Pour évaluer le niveau des prix dans un pays et à un moment, on regarde quelle est la valeur dans le pays et à ce moment, du volume étalon de biens et services, qu'on exprime en unités monétaires du pays, puis on convertit cette valeur en unités monétaires internationales, selon les taux de change du moment.

Dès lors que le niveau des prix change d'un pays à un autre, ou autrement dit, dès lors que les taux de change ne sont pas dans un état de parité des pouvoirs d'achat, les balances commerciales en valeur et en volume ne sont plus identiques. De même, dès lors que dans un pays, le niveau des prix change au cours du temps, c'est à dire dès lors qu'il y a de l'inflation ou de la déflation, les évolutions des PIBs en valeur et en volume ne sont plus identiques.



Dans ce texte, je donnerai la balance commerciale en valeur de la France en 2008, ainsi qu'une approximation que j'ai faite à partir de chiffres donnés par le FMI, de sa balance commerciale en volume cette même année. On verra que le déficit commercial en volume de la France est bien plus accentué que son déficit commercial en valeur.

Cela n'a rien d'étonnant, puisque par rapport à un état de parité des pouvoirs d'achat, l'euro est fortement surévalué par rapport à la plupart des autres monnaies. La valeur des biens que nous exportons est globalement surévaluée par rapport à celle qu'ils auraient s'il y avait parité des pouvoirs d'achat. Et la valeur des biens que nous importons est globalement sous-évaluée. En effaçant ces surévaluations et sous-évaluations, on obtient de plus petits volumes de biens exportés, et de plus grands volumes de biens importés.


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