jeudi 2 janvier 2020

Mémoires et radotages (254) – Nouvelles du front


Écrit le 30 décembre 2019

Mon front ?... 37,2°, ça va !

Mais sinon… Un jour ça va, un jour ça ne va pas ! Ainsi aujourd’hui, je marchais à grands pas et je me sentais (il me semblait du moins), plein d’énergie, de force et totalement indestructible… Comme si j’avais été encore jeune… Mais Samedi dernier, par exemple, j’étais fatigué, sans force, je me traînais avec en plus, des douleurs aux deux hanches qui m’empêchaient de faire de grandes enjambées et me faisaient claudiquer et cheminer lentement, dans une grande lassitude…

Chaque matin, à mon réveil… ma première pensée est : « Tiens, je suis encore vivant ! »…

Je sais qu’un jour je ne le serai plus et je me demande combien il me reste ?... Quinze ans, trois ans, un an, un mois ? Peut-être est-ce pour demain ? On ne sait pas…
Hélas, je ne peux me permettre de partir tout de suite ! J’ai des obligations… Deux de mes petits sont en contrats précaires, le troisième travaille chez un sous-traitant de sous-traitant de Peugeot disons en Français un sous-traitant de rang deux)… L’entreprise de rang un étant passée des mains Françaises aux mains Allemandes, puis depuis peu, aux mains Espagnoles (lesquelles on déjà des établissements sur le sol Ibérique)… C’est dire le peu de visibilité sur l’avenir des emplois de la boite ou travaille Toto… Sur le mode plaisanterie, quand on pense que le sous-traitant de Peugeot se nomme ‘Gestamp’… On a tôt fait de se dire qu’il va tous les « estamper » un jour ou l’autre… Extrême volatilité de nos emplois, dans lesquels deux de mes fistons travaillent comme des bœufs, et sûrement plus que des espingouins (Ils sont bien nés, ce sont des zalandeau !)… Mais nos salaires sont trop chers, parce que ‘notre’ euro est trop cher, parce que nos bons à rien de dirigeants successifs ont trop laissé filer les prix et les dépenses publiques et donc le coût de la vie… Toto se tape des 12 heures par jour à fond la caisse (heures supp non payées), mais sa place n’est pas assurée parce que des feignasses coûtent deux fois moins cher ailleurs…
Cela me dégoûte…

Et puis t’as l’aîné (chanson de J Brel), mon Kikson : Il bosse deux fois plus vite que les autres intérimaires et c’est pourquoi il est le seul intérimaire que l’on a gardé au-delà du couperet des 900 heures, sans toutefois le passer en CDI…

Et puis, t'as l' Nono, vu qu'est en CDD, dans l’environnement de travail d’un gang de petites salopes !
Quant aux salaires… N’en parlons même pas !
Ecoeurante société qui se veut libérale et qui esclavage ainsi nos enfants… et les miens en particulier…

Ai-je le droit de partir maintenant ?

Qui leur prêtera une voiture quand la leur est à réparer ? Qui aura une maison prête à les accueillir en cas de coup dur ? Qui les aidera à s’installer (il reste encore le benjamin à la maison) ?

Et puis, t'as ma meuf… Elle n’aura sa retraite qu’à 67 ans… encore 4 ans d’attente…
Et puis y’a mon ex… qu’est pas encore cannée…et qu’a droit à une part de la réversion… et faut qu’j’attende qu’elle calanche… si j’veux que ma meuf ait une réversion correck (sur la musique de « Ces gens-là de J Brel »)…

Alors chez ces gens là… (nous)… Je ne dois pas crever tout de suite… J’ suis utile… Il parait… Bien que les gens indispensables emplissent les cimetières, d’après ce qu’on dit… Faut que j’ me ménage, faut que j’ dure… malgré qu’ ça m’ pèse…

Alors chaque matin, ma première pensée est toujours la même « Tiens, je suis encore vivant ! »…
 

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