mardi 24 décembre 2019

Mémoires et radotages (249) – J’ai travaillé avec mon père


Écrit le 19 décembre 2019



Quand j’étais jeune, les journées du jeudi et les samedis après-midi, Papa m’emmenait sur son chantier pour travailler… J’ai commencé à 7 ans et j’ai arrêté à 18… Ensuite ma sœur puis mon frère ont pris le relais… Mais beaucoup moins longtemps que moi, parce que finalement j’avais monopolisé ce travail pendant onze années…

Mon père était artisan peintre et ses chantiers étaient en rénovation intérieure, c'est-à-dire sans risque… Sauf quand j’étais plus grand, où là, il a commencé à me faire bosser à l’extérieur…



J’ai commencé à 4 centimes d’anciens francs de l’heure… Je repeignais les radiateurs en fonte avec une brosse à réchampir. Puis après il me confia les fenêtres à réchampir et enfin, j’eus la responsabilité des plinthes avec une brosse de pouce… Ce n’est que plus grand, que j’ai eu droit aux portes avec une brosse plate à laquer… Pas de manque de touche, pas de bavure… Il a toujours gardé les plafonds et les papiers peints pour lui (C’est dur pour un môme, surtout les "plaftards" en laque glycéro brillante). Papa faisait cela avec une facilité déconcertante…



J’aurais bien fait pareil avec mes gamins quand j’étais gérant de ma boite, mais la dangerosité de travailler sur des terrasses avec des grues tournoyant au-dessus des têtes et les failles de sécurité (trémies non sécurisées, pointes non retirées des planches de coffrages, etc…), m’en ont dissuadé… Ils n’ont ainsi pas pu prendre goût au travail et sont plutôt gourds sur le bricolage quel qu’il soit…



Je me souviens d’un chantier à coté du port de Nice… Nous repeignions une grille de clôture… Le midi, on mangeait à l’extérieur assis sur des « camions » * de peinture renversé (et vides)… C’était l’été… A midi, Papa allait acheter du gros pain, du pâté, du jambon, chez les petits commerçants de l’autre coté de la rue et on se faisait de ces casse-dalles de première… Qu’il était bon le pain à cette époque… Un pain fabriqué par le boulanger lui-même… Quand je pense au pain de merde que l’on a actuellement !.. J’étais heureux finalement, même si j’aurais préféré aller jouer aux cow boys et aux indiens avec mes copains et courir dans les champs en friches et les ronces et aussi grimper dans les figuiers pour manger des figues ou du raisin sur les ceps abandonnés…



Mais c’était l’été ce jour-là… Et l’été, quand j’étais avec mon père, on terminait à seize heures et on allait piquer une tête à « la tour rouge », une des deux digues du port de Nice…

Ensuite il s’en allait finir sa journée à la pétanque… J’y allais parfois… Il était le roi du « carreau »… Quand il tirait, il faisait pratiquement du 100% de réussite… Il avait des surnoms : « Bras d’or », « le japonais », « le chinois »… Combien de concours a-t-il remporté ? Je ne saurais dire, ils étaient innombrables…

Il gagnait ainsi son argent de poche. Parce qu’il faut dire que toutes les recettes de son chiffre d’affaire allaient à Maman qui était la comptable et la trésorière ! Alors déjà que ce n’était pas beaucoup, il n’allait pas taper dedans…

Il ne gardait que ce qu’il gagnait à la pétanque… En tête à tête, il gagnait à chaque fois ! Et si la partie était intéressée…

Une fois, il a même offert une petite montre en plaqué or à Maman. C’est qu’elle était fière comme Artaban, ce jour là, la « Moumouse » à l’arrière de la moto, pour aller chez le bijoutier…



* Un camion, c’est un seau en fer destiné à y verser de la peinture et qu’on peut suspendre par son anse quand on travaille à l’échelle… A ne pas confondre avec une « tine » qui contient 25 ou 30 kg de peinture achetée chez le fournisseur…
  

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