mercredi 11 juin 2014

Conscience tranquille



Ce titre était conjugué au passé à la première personne du singulier. C’était l’histoire de celui qui pouvait se regarder dans une glace sans éprouver de répulsion. C’était la folie d’un individu plus préoccupé de bien dormir, sans remord, satisfait du travail quotidien accompli, juste pour obéir à une conscience qu’il pensait immuable et universelle, alors qu’elle n’était qu’un ensemble de concepts désuets. Il ne savait pas que d’autres consciences étaient possibles et qu’il aurait bien du s’en inspirer avant de se rigidifier dans ses idées d’un autre temps.

Pourquoi fallait-il qu’il conquière sa liberté quand elle était menacée et qu’il la limite lorsqu’elle empiétait sur autrui ? Certains ont fait l’inverse et cela a très bien fonctionné pour eux. Pourquoi ne s’en est-il pas inspiré, alors même qu’il avait leur exemple sous les yeux, qu’il en comprenait même parfaitement le mécanisme ?

Il avait décidé, dans une attitude plutôt rigide que « sa » morale était immuable et universelle. Toute une vie dans l’erreur. Oui dans l’erreur, parce que concernant ceux dont il pensait qu’ils avaient des poids sur la conscience, en fait il s’est aperçu très tardivement qu’ils n’en ont jamais eu et que se regarder dans leur miroir était même pour eux, une sorte d’auto-gratification ! Il a cru bêtement que ces gens étaient anormaux et pour cela il les avait affublés de qualificatifs comme « pervers, amoraux, dépravés, corrompus… ».

C’était une erreur en fait. Ces gens avaient très bien réussi, très bien et très longuement vécu avec leur « éthique » très opportuniste, égoïste, intéressée, malhonnête, corrompue…

En fait qu’était la malhonnêteté pour ces gens ? C’était de rater un acte susceptible de leur rapporter quelque chose à eux-mêmes. Alors que lui, il pensait que la malhonnêteté était de commettre un acte qui nuisait à autrui ou aux règles de la société.
Honnête avec soi-même ou honnête avec les autres ; toute la différence était là, sous ses yeux. Et pourtant il s’est accroché à ses chimères…

Certes, il a dormi tranquillement durant toute sa vie de labeur, en dépensant des trésors d’énergie, de courage, de témérité, de ténacité, de sacrifice, alors qu’il aurait pu obtenir des résultats bien supérieurs en utilisant ruse, fourberie, trahison, cupidité et ceci bien plus facilement physiquement comme matériellement…

Conscience tranquille, mais à quel prix… L'enfermement durant toute une vie dans le moule psychologique destiné au tiers-état, à ceux à qui l'on dit : "Fais ce que je dis, ne fais pas ce que je fais"...

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