dimanche 20 octobre 2013

2040, les bas instincts



Comment parvenir à rejoindre ma famille ?

Je rassemble mes forces et mes affaires, je me lève… Je regarde longuement de chaque coté des ruines où je suis en m’aidant de la lunette infra rouge de mon arme. Rien, du moins apparemment.

Je ne pourrai bientôt plus me servir de la fonction infrarouge faute de pile. Nous allons tous perdre l’avantage que la technologie nous procurait. La suite de la guerre sera une suite de duel à un contre vingt. Autant dire que notre fin est proche…

Je trottine courbé, avec mon arme à deux mains. Il me faut éviter tout contact avec les soldats de l’Axe.

Je passe la nuit à éviter toute zone éclairée, que ce soit des incendies ou des campements. Le contournement de ces zones me fait faire beaucoup de chemin pour ne guère avancer. Je suis obligé de ramper très souvent.
Je ne connais plus l’heure depuis que j’ai cassé ma montre, il y a un mois.

Je marche en progressant d’obstacle en obstacle. Je n’en peux plus…
Cela doit bien faire deux heures que je ne rencontre que des villages en feu. Je les contourne avec moins de précaution. Je pense avoir passé les lignes ennemies.

Je fais la jonction avec nos lignes au petit matin, non sans avoir échangé quelques rafales par méprise réciproque.

Triste spectacle que ces soldats dépenaillés, hirsutes et hagards. Je pense que mon aspect doit être semblable. La troupe qui est là, est composée des restes d’unités décimées de différentes nationalités.

Je demande des munitions à la cantonade « Do you have ammunitions five fifty six ? ».

Un Oberleutnant Allemand me désigne un petit bâtiment. Je me dirige vers la porte dont je tourne la poignée…

Le temps que mes yeux s’accommodent à la pénombre et je vois des soldats à l’uniforme russe violer à plusieurs une femme bâillonnée qu’ils maintiennent. Je crie d’arrêter et je m’approche de celui qui a son pantalon sur les pieds. Je l’assomme d'un coup de crosse…

Je reçois ensuite la trempe de ma vie…

Plusieurs heures après je reprends connaissance dans l’hôpital de campagne. Mes cocards m’empêchent de voir clair et j’ai des pansements…

J’apprends que j’ai eu tort d’intervenir et qu’il faut laisser nos alliés s’amuser un peu…

Ainsi, ils ne valent pas mieux que les autres…
Après avoir mangé avec difficulté, récupéré mon arme et des munitions, je m’en vais en catimini et surtout sans prendre congé, en profitant d’une alerte aérienne. Je suis affaibli et dégoûté …

Qu’ils aillent tous se faire foutre !

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