dimanche 11 avril 2021

Mémoires et radotages (344) – Covid – Journal, mon beau journal

 

Écrit le 10 avril 2021

Je n’étais déjà pas aidé par ma diminution cognitive depuis 2007… En plus, je vivais très mal mon départ à la retraite anticipée ainsi que, comme feu mon paternel, ma retraite tout court… Je crois de surcroît, que cet épisode à rebondissements du (ou de la) covid, cela en rajoute pas mal à mon mal être…

Journal, mon beau journal, que vois-tu devant toi ? Un vieux couillon, même plus bon à faire des opérations complexes, un type uniquement soucieux de futilités plutôt que de choses essentielles… Le fond des choses n’est plus de mon domaine de compétence…

Mais alors, je crois que ce confinement à répétition, ces obligations auxquelles j’obéis parce que je sais qu’elles sont pour le bien collectif des autres, c'est-à-dire de tous, m’a marqué encore plus profondément…

Non seulement je suis devenu une grosse feignasse… Tu sais, mon beau journal, ce genre de feignasses que j’ai toujours détesté quand je les commandais où que je les avais comme collègues ou comme chefs… Qui portaient préjudice aux intérêts de l’entreprise ou des autres… J’en sais quelque chose, de ces feignasses qui me chiaient dans les bottes et qui se faisaient bien voir à mon détriment ou au détriment des autres… Ces feignasses, qui, quand elles étaient sous mes ordres, étaient remises au pas, ou bien écartées impitoyablement par moi, puisqu’il n’y avait que celles-là que je pouvais driver et dont je pouvais neutraliser la nuisance…

Journal, mon beau journal, tu as raison : La différence, c’est que moi, devenu une grosse feignasse, je ne porte aucun préjudice à qui que ce soit ni à quelque organisme nécessitant une rentabilité quelconque…

Or donc, cette brimade quotidienne "consentie" de gestes barrières me pèse lourdement… Les relations sociales en sont très lourdement impactées… Et par-dessus tout, je ne fais plus de bisous à mes fistons, ni n’en reçois plus de leur part, depuis des mois et des mois… Je n’ai pas vu mon Kikson depuis Août, avec son masque…

Je me souviens : C’est Toto qui le premier n’a plus voulu embrasser ses parents pour nous protéger et il avait tout de suite incité ses frères à en faire de même… Alors quand nous croisons Nono tous les jours, dans la maison, ou Toto, le week-end, nous laissons de la distance…

C’est très dur de ne plus avoir ces marques d’affection, petits bisous du matin, petits bisous du soir, ou petits bisous du départ… C’est peut-être ce manque de preuves d’amour qui me démotive et qui me rend si feignant…

Je ne cuisine plus, mais j’achète le plus souvent des plats tous prêts… Je reporte les travaux de jour en jour… Seules les poubelles, les courses partielles et incomplètes, les siestes viennent compléter mes nombreux voyages vers les hypermarchés, où je n’achète que des bricoles, parce que je ne pense à rien, parce que je ne fais pas de liste, parce que ça me fait chier… Mais ces minuscules voyages en voiture sont ce qui me reste de mes longues chevauchées automobiles vers l’aventure que constituaient ma vie professionnelle d’avant… Alors je n’hésite pas à aller acheter un article le matin, et éventuellement un autre l’après-midi…

Je sais, cela ne va pas dans le sens de raréfier la circulation humaine, mais comme je respecte toutes les autres mesures, mes chevauchées automobiles et voir des gens, même de loin, même si ce sont des cons, sont ce qui me reste pour ne pas avoir envie de péter la gueule d’un flic qui m’en empêcherait... Grrrrrrrr !!! Fort heureusement aucun cogne en vue et ils ont bien raison…

Alors, mercredi dernier, j’ai eu ma dernière injection à 65 km de chez moi : C’était le pied, « l’aventure c’est l’aventure » Arrivé en avance, je suis reparti en avance… Une organisation simple et efficace. Bravo le CHU !…

Journal, mon beau journal, je continue les gestes barrières, même si c’est dur, comme je viens de te le dire, parce qu’il ne faut pas inciter les gens à faire bas les masques, alors que eux ne sont pas vaccinés, et parce que on ne sait toujours pas si on ne risque pas de servir de vecteur à la transmission en soufflant sur les autres…

Vendredi, j’ai emmené ma femme pour sa première injection (je lui avais trouvé ses rendez-vous sur Doctolib)… J’ai eu une petite satisfaction qui était aussi une grande frustration… J’ai observé le processus de vaccination : Oh, le bordel !!! A six personnes, l’équipe vaccinale de ce ‘vaccinodrome’ allait trois fois moins vite que l’équipe de 4 personnes du CHU où j’étais allé deux jours auparavant… Une organisation de merde ! L’armée Française en déroute au vaccinodrome alors que nous avions une panzerdivision au CHU  du département voisin…

A cette occasion, journal, mon beau journal, j’ai recouvré un peu de ma lucidité organisationnelle : Je savais quoi faire pour faire cesser cette queue interminable, due à un engorgement à l’accueil, puis à deux postes d’entretiens, dont l’un parfaitement inutile, alors qu’en vaccination, les infirmières se tournaient les pouces en attendant les ‘clients’…

Mais je n’avais aucune autorité confiée légalement, aucune légitimité… Alors je n’ai rien dit… J’ai seulement pesté intérieurement… Le monde est mal fait : Ils avaient dans leurs murs un des anciens meilleurs coordinateurs à la retraite, mais le bordel continuera… C’était ça mon moment de jubilation et puis de frustration…

Sinon, mon beau journal, je suis retourné à mon apathie, à mes désillusions, à mon envie de rien foutre…

   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire