vendredi 3 juillet 2020

Le cancer de la thyroïde : qu’est-ce que c’est?





Sommaire


Le cancer de la thyroïde est un cancer plutôt rare. On en recense en France 4000 nouveaux cas par an (pour 40 000 cancers du sein). Il concerne les femmes à 75%. Son incidence est en augmentation dans tous les pays.

Au Canada, en 2010, le cancer de la thyroïde a été diagnostiqué chez environ 1 000 hommes et 4 100 femmes. Ce cancer vient au 5e rang des cancers féminins (4,9 % des cas), mais représente seulement 0,3 % de la mortalité par cancer chez les femmes. Le diagnostic survient habituellement chez des personnes âgées de 25 ans à 65 ans.

Ce cancer est souvent détecté à un stade précoce. Le traitement est alors très efficace avec une guérison dans 90% des cas. L'amélioration des techniques de dépistage pourrait aussi explique que le diagnostic soit plus fréquent. En effet, on peut maintenant détecter de petites tumeurs autrefois invisibles.

Facteurs de risque

Le cancer de la thyroïde est favorisé par l’exposition de la thyroïde à des radiations, soit en raison de traitements de radiothérapie au niveau de la tête, du cou ou de la partie supérieure du thorax, en particulier pendant l'enfance, soit en raison de retombées radioactives dans des zones où ont été réalisés des essais nucléaires soit après un accident nucléaire comme celui de Tchernobyl. Le cancer peut apparaître plusieurs années après l’exposition.

L'augmentation des cancers de la thyroïde.
On retrouve parfois des antécédents familiaux de cancer de la thyroïde ou d’un syndrome génétique (comme la polypose familiale adénomateuse). On a identifié une mutation génique favorisant le cancer médullaire de la thyroïde.
Un cancer thyroïdien peut se développer sur un goitre ou un nodule thyroïdien (environ 5 % des nodules sont cancéreux).

Plusieurs types de cancer

La thyroïde comprend trois types de cellules : folliculaires (qui sécrètent les hormones thyroidiennes), parafolliculaires situées autour de ces dernières et sécrétant la calcitonine (impliquée dans le métabolisme du calcium), ainsi que des cellules non spécialisées (tissus de soutien ou vaisseaux sanguins).

Les cancers se développent à partir des cellules folliculaires dans plus de 90 % des cas; selon l'aspect des cellules cancéreuses, on parle soit de cancers papillaires (dans 8 cas sur 10), soit de cancers vésiculaires. Ces cancers évoluent lentement et sont sensibles aux traitements par l'iode radioactif.

Plus rarement (10% des cas), le cancer médullaire- se développe à partir des cellules parafolliculaires ou à partir de cellules non matures, ces tumeurs étant dites indifférenciées ou anaplasiques. Cancers médullaires et anaplasiques évoluent plus rapidement et sont plus difficiles à traiter.

Quand consulter ?


Au début de la maladie, le cancer de la thyroïde ne provoque habituellement aucun signe ou symptôme. Il peut être découvert alors "par hasard" au cours de la palpation du cou ou d'une échographie cervicale réalisée pour une autre cause.

Il peut aussi être découvert lors de la surveillance d'un goitre ou d'un nodule bénin.

Avec son évolution, l’un ou l’autre des symptômes suivants peuvent apparaître, mais ils sont dans la grande majorité des cas liés à des anomalies bénignes de la thyroïde (95% des masses thyroïdiennes sont des nodules bénins) ou à d'autres pathologies plus banale :

  • Gêne plus ou moins douloureuse au niveau du cou ou de la gorge ;
  • Masse palpable ou visible à l'avant du cou ou sur les côtés et correspondant alors à des adénopathies (hypertrophie des ganglions lymphatiques ;
  • Changement de la voix, qui devient plus rauque ;
  • Difficulté à avaler ou à respirer ;
  • Gêne plus ou moins douloureuse au niveau du cou ou de la gorge ;
  • Modification d'un nodule ou d'un goitre connu.

Comment faire le diagnostic ?


Dans la plupart des cas, la situation est celle de la découverte d'un nodule thyroidien dont il faut savoir s'il entraine ou non un dysfonctionnement de la thyroide et sa nature bénigne ou maligne.

L'échographie confirme ou non la présence d'un nodule, en précise le nombre, la taille et la localisation. Elle vérifie la présence ou l'absence d'adénopathies

La cytoponction (ponction à l'aiguille non douloureuse) prélève des cellules pour examen et peut donner des arguments orientant ou non vers une tumeur maligne

Ces examens peuvent être complétés par une scintigraphie thyroïdienne, un scanner ou une IRM.

Lorsqu'un cancer de la thyroide est suspecté, c'est bien souvent l'intervention chirurgicale avec examen histologique de la tumeur qui permet ou non de la confirmer.

Peut-on prévenir le cancer de la thyroïde ?


Il n'y a pas vraiment de prévention à proprement parler, mais les personnes ayant été traitées par irradiation au niveau de la tête et du cou ou celles vivant dans des régions où ont été menés des essais nucléaires doivent bénéficier d'une surveillance régulière simple (palpation de la région thyroidienne).

Les rares personnes qui sont à très haut risque de cancer de la thyroïde du fait d'une mutation génétique peuvent discuter avec leur médecin de l’intérêt d'une éventuelle thyroidectomie préventive, afin de retirer la glande thyroïde. Il faut alors bien peser les avantages et inconvénients de cette option.

Pour les personnes vivant à proximité d’une centrale nucléaire, des mesures d’urgence pour protéger la glande thyroïde sont prévues en cas d’accident qui s’accompagnerait de rejets de déchets nucléaires. L’iodure de potassium, aussi appelé « iode stable », est un médicament qui bloque les effets de l’iode radioactif sur la thyroïde. La glande thyroïde fixe l’iode, qu’il soit radioactif ou non. En saturant la glande d’un iode non radioactif, on peut ainsi réduire le risque de dommages.

Les méthodes de distribution de ce médicament varient d’une municipalité à l’autre et d’un pays à l’autre. Les personnes qui vivent à proximité d’une centrale peuvent s’informer auprès de leur municipalité.

Les traitements du cancer de la thyroïde


Le traitement dépend du type de cancer, de son degré d’évolution, mais aussi de l'âge de la personne et de son état de santé.

Il associe souvent plusieurs approches thérapeutiques, la chirurgie, l’iode radioactif et les hormones thyroïdiennes mais d'autres traitements comme la radiothérapie externe ou un traitement médical sont possibles.

Le choix du traitement est discuté lors d'une consultation pluridisciplinaire -chirurgien, endocrinologue, anesthésiste, radiothérapeute, oncologue- et la décision prise après information et discussion avec le malade.

Le traitement quel qu'il soit s'accompagne avant et après de "soins de support", prise en charge de la douleur, soutien psychologique, rééducation de la voix parfois, aides aux démarches administratives, accompagnement social...etc.

Traitement par iode radioactif


Ce traitement utilise de fortes doses d’une forme radioactive d’iode. Il est souvent utilisé après la chirurgie, pour détruire des reliquats de glande thyroïde ainsi que les éventuelles métastases afin de réduire le risque de récidives.. L’iode radioactif est administré sous forme de capsule ou de liquide à avaler. Ce traitement peut causer des nausées, une sécheresse de la bouche et des yeux, ainsi qu’un sens altéré du goût et de l’odorat. L’iode radioactif est éliminé à travers l’urine en l’espace de quelques jours.

L'iode radioactif émet un rayonnement qui peut être détecté par la scintigraphie réalisée les jours suivant et qui permet de détecter la persistance de cellules cancéreuses au niveau de tout l'organisme. Pendant quelques jours, il impose des précautions vis à vis de l'entourage en évitant le contact avec des femmes enceintes ou des jeunes de moins de quinze ans.

Radiothérapie externe


La radiothérapie est utilisée soit pour les tumeurs qui ne peuvent être enlevée par chirurgie, soit après chirurgie si celle-ci n'a pu enlever la totalité de la tumeur, soit en cas de récidive. . La radiothérapie peut entraîner une fatigue modérée, une irritation temporaire de la peau du cou ou des muqueuses de la bouche et du pharynx.

Chimiothérapie


La chimiothérapie ou les thérapies ciblées sont rarement utilisées. Elles sont proposées en cas de métastases ou lorsque la tumeur n'a pas ou pas totalement répondu au traitement.

Ce traitement touche aussi des cellules saines et provoque souvent des effets secondaires, comme des nausées.

Les formes rares de cancers de la thyroïde

Les cancers médullaires sont généralement traités par chirurgie associée éventuellement à une radiothérapie externe et/ou une chimiothérapie. Ils ne sont pas sensibles à l'iode radioactif.

Le cancer anaplasique, très rare, survient le plus souvent chez les gens âgés. Il n'est pas non plus sensible à l'iode radioactif.

Les formes rares ou les formes réfractaires de cancers de la thyroïde sont adressées dans des centres experts comme le réseau TUTHYREF (TUmeurs de la THYroïde REFractaires) ou le réseau RENATEN.

Suivi de la maladie


Quel que soit le traitement, la personne bénéficiera d'une surveillance des taux sanguins d'hormones thyroïdiennes, des effets secondaires de la radiothérapie ou de la chimiothérapie et par le repérage d'éventuelles récidives ou apparitions de métastases.

Cancer de la thyroïde - L’opinion de notre médecin


Dans le cadre de sa démarche de qualité, Passeportsanté.net vous propose de découvrir l’opinion d’un professionnel de la santé. Le Dr Jacques Allard, médecin généraliste, vous donne son avis sur le cancer de la thyroïde :

Dans la mesure où l’on peut dire qu’il existe de « bons cancers », le cancer de la thyroïde en est un. En effet, il s’agit d’un cancer plutôt rare, détecté très souvent à un stade précoce. Le traitement du cancer papillaire, le type le plus fréquent (80 % des cas), est relativement simple et très efficace. Le pronostic est donc excellent.
Il ne faut pas hésiter à consulter votre médecin si vous présentez une masse palpable ou visible à l’avant du cou, ou d’autres symptômes, comme une voix rauque et une difficulté à avaler, d’autant plus qu’il faut d’abord établir un bon diagnostic, ces symptômes pouvant être causés par une autre maladie.

Dr Jacques Allard, M.D., FCMFC
 
Révision médicale (janvier 2016) : Dr Catherine Solano

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