dimanche 30 septembre 2018

Le paon et le palais


Auteur inconnu

Un jeune paon, imbu de son plumage
> Fût pris dès son plus jeune âge
> En mains par une vieille pintade
> Qui laissa son vieux coq en rade.

Lors, notre jeune volatile
> Qui se trouvait fort volubile
> Ne fût plus satisfait de son habitat
> Et se rêva en costume d’apparat.

Pourquoi, se disait-il, se contenter
> D’un simple poulailler, fût-il doré,
> Alors que, sans travailler,
> Je puis demeurer au palais.

Il me suffit, si mes calculs sont bons,
> De prendre mes congénères pour des pigeons
> Et, pour les prochaines élections,
> De bien jouer les trublions.

Ainsi fût fait, et contre toute attente,
> Il prît la place laissée vacante
> Par tous les vieux coqs déplumés
> Dont tout le monde s’était lassé.

Pour constituer sa basse-cour
> Il fit appel à des vautours
> Aptes à tondre la laine,
> A amasser toutes les graines.
Ses anciens congénères
> Qu’Il jugeait fort vulgaires
> Virent enfin, mais un peu tard,
> Qu’on les prenait pour des bâtards.

Fort de son plébiscite aux élections,
> Nôtre dieu-paon, tel Pygmalion,
> Favorisa un jeune sardouk (1)
> Dont il se servait comme bouc.

Grisé par ses nouvelles prérogatives,
> Celui-ci, de manière fort hâtive,
> Se crût par son maître autorisé
> De jeunes oisons brutaliser.

Las, malgré la volonté manifeste
> De celer ces faits funestes,
> L’histoire vînt à transpirer
> Hors de murs du Palais.

Devant ce gros scandale,
> Notre apprenti Sardanapale
> Dût rétropédaler
> A son grand regret

Il envoya ses janissaires
> Désigner un bouc émissaire
> Mais la sauce ne prît pas
> Et l’oisillon resta sans voix.
Moralité :
> Même les rois de l’enfumage,
> Ceux mêmes qui se voulaient rois mages,
> Tombent un jour de leur piédestal
> Et devront quitter leur habit royal.

(1) Sardouk : Coq en Tunisien

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