vendredi 2 décembre 2016

Il était une fois... Le capitalisme. Genèse



Il était une fois dans des temps très anciens, des hommes. Ils passaient leur vie à chasser, à cueillir, à fabriquer des objets, pour eux et pour leurs familles...

Il fallait mériter sa pitance. Autant on tolérait le vieillard provisoirement, autant les autres devaient donner un coup de main...

L'un d'entre eux était chasseur. Il avait vraiment marre de manger toujours du bison. Sa famille en cœur proclama "on veut des œufs, on veut des œufs ". Il se rapprocha alors de celui qui volait des œufs dans les nids... Ils calculèrent chacun de leur coté le nombre de jours de travail que représentaient leurs productions. Ils comptaient en journées (Une journée de l'un = une journée de l'autre, disait-on à cette époque). Un bison c'était 2 jours de travail à 3 personnes dit le chasseur. Le cueilleur d’œufs estima qu'il lui fallait 1 journée pour ramener 6 mains d’œufs (30 œufs).

Après moult palabres ils se mirent d'accord sur le fait qu'un bison valait 36 mains d’œufs (N.D.L.R: Une main comportant 5 doigts, on disait en ce temps non pas 36 mains d’œufs mais "7 mains de mains et un doigt de main d’œufs". Mais nous simplifierons, parce que le lecteur d'aujourd'hui n'a plus les facultés de calcul mental pseudo-quinquadécimal de l'homme de Tautavel)...
Ainsi quand le cueilleur n'avait que 18 mains d’œufs, il les échangeait contre un demi-bison.

Le chasseur avait mal aux pieds, à parcourir des trajets harassants à la poursuite des bisons en pleine savane. Il alla voir "celui-qui-fait-des-gants-pour-les-pieds". C'était un artisan habile qui fabriquait des mocassins rudimentaires en peau de bison.
Celui-ci lui dit que, outre 4 coudées carrées de peau de bison pour fabriquer les gants-pour-les-pieds, il avait besoin pour rémunérer son travail de Huit poulets...

Bien embêté, notre chasseur, alla voir celui qui gardait des poulets dans un enclos. Celui-ci était d'accord pour lui fournir la volaille moyennant une rétribution de 6 mains d’œufs par poulet adulte...

Hélas, notre chasseur n'était pas mathématicien et la calculette n'était pas encore inventée...

Jusqu'au jour où un pique-assiette passa par là et fit cet étrange marché avec nos producteurs préhistoriques...
Il avait avec lui des coquillages. Personne ne connaissait cela à l'intérieur des terres...
Il dit : "Le bison vaut 36 mains de coquillage, l’œuf vaut un coquillage, le poulet vaut 6 mains de coquillages, la coudée carrée de peau de bison vaut 6 mains de coquillages et la paire de gants-pour-les-pieds vaut 14 mains de coquillages plus deux coquillages". Ainsi parla le pique-assiette au temps des âges farouches... Il leur fournit les coquillages moyennant rétribution à crédit garantie par une hypothèque sur leurs cavernes, un droit de préemption sur leurs productions, plus une commission en cash...

Ainsi la première bulle financière apparut-t-elle au milieu des travailleurs préhistoriques. Le nouveau venu était bien décidé à jouer de ces équivalents arbitraires entre du vrai travail et des coquilles sans valeur et de faire converger vers lui les vraies valeurs acquises à la sueur des autres sans aucune peine que de jouer de la crédulité des travailleurs...
La devise était née sur les cendres du troc qui disparaissait pour longtemps...
L'histoire retiendra que ce jour-là, le premier escroc était né. On l'appelait le capitaliste...

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