mardi 21 février 2023

Commission d’enquête souveraineté énergétique : des auditions accablantes pour les dirigeants politiques français (1)

Merci à jielleaime pour son envoi

La commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France a auditionné de nombreuses personnalités politiques dont Ségolène Royal, Lionel Jospin ou bien encore Manuel Valls.

Ludovic Dupin et Valérie Faudon sur Atlantico : Certains passages comme celui de Ségolène Royal devant la Commission d’enquête souveraineté énergétique ont fait beaucoup parler. Que retenir de sa prise de parole ?

Valérie Faudon : Ce qui est marquant dans les déclarations, et notamment dans celles de Manuel Valls et de Ségolène Royal, est que la décision de réduire à 50 % notre part du nucléaire est bien politique. Ségolène Royal explique ainsi que ni le parti socialiste, ni EELV n’avaient les moyens de faire une instruction sérieuse en 2011, et qu’elle n’a pas été faite non plus en 2015. Elle est d’ailleurs très honnête sur le sujet. Mais on dirait qu’elle ne se rend pas compte des conséquences que cela a pu avoir sur les employés de la filière ou la sécurité d’approvisionnement énergétique.

L’autre point marquant, c’est que le débat de ces dernières années a été centré sur l’opposition nucléaire/renouvelable alors que le vrai sujet était les 60% d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) qui a été un point aveugle de la politique française. Les efforts pour sortir des énergies fossiles sont passés sous le radar, alors qu’ils sont les grands responsables des émissions de gaz à effet de serre du pays. A noter aussi que, avec la crise actuelle, nos importations d’énergie ont plus que doublé en 2022 et dépassé les 100 milliards d’euros.

Et plus largement quels sont les faits marquants des différentes déclarations devant la Commission ?

Valérie Faudon : Que ce soit avec François Hollande (qui n’a pas été auditionné) ou Manuel Valls, il semble qu’il n’y avait pas de volonté délibérée de leur part de faire du mal à la filière nucléaire, mais qu’ils n’ont pas mesuré ce qu'ils en faisaient. Cédric Lewandowski, directeur du parc thermique chef EDF, l’a bien dit dans son audition, une enquête interne de 2015 montrait que le moral des troupes chez EDF était très bas, il y avait eu des difficultés de recrutement.

Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est aussi le manque de préparation de ces annonces. Les politiques n’ont pas du tout compris que nous nous mettions en situation de difficultés d’approvisionnement. L’un des vrais angles morts des politiques est aussi celui de la consommation d’électricité. La sobriété n’est pas suffisante, pour sortir du fossile il faudra aussi à long terme augmenter notre production d’électricité pour remplacer certains usages. Un bon exemple, dans les transports, est celui de la voiture électrique. Et nous sommes passés d’une situation de surcapacité au niveau européen à la situation inverse, sans le voir venir. La France a fermé ainsi 10 GW de capacités de production pilotable en 10 ans, incluant Fessenheim. On a vu la même tendance en Europe. Or, même si on développe les renouvelables, on a besoin de capacités pilotables, qui fonctionnent 24h/24 pour équilibrer l’offre et la demande d’électricité sur le réseau. Les auditions de Pierre Gadonneix ou d’Henri Proglio (anciens PDG d’Edf) montrent que ces derniers savaient qu’ils pourraient prolonger les réacteurs plus longtemps que prévu, mais qu’il faudrait maintenir la compétence de construction pour lancer un programme de renouvellement des réacteurs à partir de 2020. Cette idée s’est perdue en 2011-2012 avec l’abandon du projet d’EPR à Penly.

Pour Manuel Valls, la réduction de 50 % du nucléaire "n'était le résultat d'aucune étude d'impact" mais d’une optique « uniquement politique ». Comment l’expliquer ?

Valérie Faudon : La négociation sur le sujet au PS s’est faite entre les équipes de Martine Aubry et de Cécile Duflot, avant la primaire de la gauche. François Hollande est arrivé tardivement dans les négociations. La justification avancée par François Hollande à l’époque était, dans un entretien au Nouvel Observateur : « Je propose de réduire de 75% à 50% la production d'électricité d'origine nucléaire à l'horizon 2025. Exactement le même effort que les Allemands, qui vont passer de 22% à 0% en quinze ans. » Et évidemment on voit bien que l’Allemagne n’y arrive pas. Mais à l’époque il y avait une vraie admiration pour l’Allemagne en matière de politique énergétique.

Yves Bréchet avait taclé l’inculture politique en matière énergétique et un personnel politique qui ne lisait pas les rapports d’experts avant de prendre des décisions. Est-ce que les auditions laissent transparaître ?

Valérie Faudon : Ce qui est clair, c’est que la question scientifique est compliquée pour un politique, et on l’a bien vu lors de la crise Covid où des experts donnaient en public des avis divergents. La parole scientifique doit être avant tout une parole collégiale, et il est important que des instances scientifiques soient mises en place et donnent des avis publics et documentés. C’est sans doute ce qui a manqué durant toute la période sur la question du nucléaire. Il ne s’agit pas pour le politique d’être scientifique, mais que le scientifique puisse s’exprimer et être une ressource pour le politique. Et cette expression a été mal organisée pendant au moins 10 ans. Le rapport « Futurs Energétiques 2050 », publié par RTE fin 2021, fruit de deux ans de travail et de concertation entre experts de l’énergie, a permis, en créant un cadre commun, les avancées que nous connaissons aujourd’hui.

Ne faut-il pas rechercher les responsabilités aussi lors de la période Jospin/Voynet, eux aussi interrogés ?

Valérie Faudon : Ce qui est étonnant dans le discours de Jospin à l’audition, c’est son explication sur l’arrêt de Superphénix et notamment le très court délai pour prendre cette décision, il explique avoir pu faire l’instruction en 1997 entre son élection et son discours de politique général 15 jours plus tard. Il déclare qu’il s’agissait avant tout d’une décision industrielle. Mais l’instruction de ce dossier ne peut pas avoir été faite convenablement si rapidement. Superphénix était un projet important sur lequel des fonds étaient avancés, qui comptait pour l’industrie française, pour la recherche, etc.

Quel bilan tirer de ces auditions ?

Ludovic Dupin : C’est un très bel exercice qui remet en perspective les décisions de ces 20 dernières années. Les intervenants sont de bonne foi, on voit clairement que la parole scientifique n’a pas toujours été écoutée ou qu’elle n’était pas la priorité de l’agenda. C’est une source documentaire incroyable.

Valérie Faudon : Chaque acteur rappelle bien quelle était la situation et sa position au moment où il était aux manettes, c’est un effort de contextualisation qui est important et nécessaire. Mais le coeur de la problématique, c’est la parole des experts, comment elle est orchestrée et prise en compte par le politique.

Pour « changer le monde », devenez ingénieur !

La rédaction - 2 février 2023

Patrick Caine, Directeur général de Thales, se montre inquiet de « l’extraordinaire perte d’influence des experts techniques dans la prise de décision politique en matière d’énergie». Plus particulièrement dans un pays comme la France qui a subi une « profonde vague de désindustrialisation» qui l’a appauvri et a détruit une partie de son tissu économique et social.

Face au retour en force d’un millénarisme quasi-religieux et l’avalanche de nouveaux prophètes de l’apocalypse, sans cesse relayés par des médias complaisants, qui nous promettent la «disparition» de la planète, certains diplômés semblent perdus et rejettent la science et la technologie. Le Directeur général de Thales, Patrice Caine, a pris le contrepied du nihilisme ambiant en appelant les jeunes à devenir ingénieurs plus que jamais pour être capables de « changer le monde».

«Si vous voulez changer le monde, devenez ingénieurs: voilà ce que nous devrions dire à nos enfants. Ces formations et ces métiers constituent notre seul véritable levier pour faire advenir, à l’échelle pertinente, de nouvelles manières de produire, d’habiter, de consommer», a affirmé Patrick Caine dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche. Le texte est titré: «Remettons l’ingénieur au coeur de la cité».

« Extraordinaire perte d’influence des experts technique »

La remise en cause de la science, des progrès matériels et technologiques et des ingénieurs peut paraître saugrenue aujourd’hui. En ce début d’année 2023 marqué par une crise énergétique majeure, une pénurie massive de compétences scientifiques et techniques, la diffusion à grande échelle de théories complotistes facilitée par la baisse générale du niveau scolaire, les lendemains d’une pandémie planétaire et le retour au premier plan des enjeux de souveraineté industrielle. Mais elle est la conséquence bien réelle d’une guerre idéologique menée par les «défenseurs de la planète».

Patrick Caine s’inquiète ainsi de «l’extraordinaire perte d’influence des experts techniques dans la prise de décision politique en matière d’énergie» dans un pays qui a subi une «profonde vague de désindustrialisation» qui l’a appauvri et a détruit une partie de son tissu économique et social, notamment dans la France dite périphérique.

Une allusion au réquisitoire hallucinant à la fin de l’année dernière devant la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la Souveraineté et l’indépendance énergétique, d’Yves Bréchet, ancien Haut-commissaire à l’énergie atomique. Il avait notamment dénoncé «l’ignorance stupéfiante» des politiques sur l’énergie. L’inculture crasse scientifique et technique de la classe politique étant pour Yves Bréchet «au coeur du problème » de la politique énergétique française».

« Se condamner à l’inaction »

«A court terme, nous allons devoir rapidement développer les énergies renouvelables, les nouvelles générations de pompes à chaleur, des nouvelles technologies de batteries, concevoir des bâtiments à énergie passive, de nouvelles modalités de transport bas carbone, qui va s’en charger, si ce ne sont pas les ingénieurs?» s’interroge Patrick Caine.

Ingénieur de formation, M. Caine était déjà intervenu dans le débat public au début de l’année 2022 pour demander avec une trentaine d’autres patrons de «sauver les maths» et renforcer l’enseignement des sciences à l’école face à la vague de remise en cause de la compréhension même basique du fonctionnement du monde. Sa tribune fait notamment suite à la «remise en cause de la formation qu’ils venaient de recevoir» par un groupe de jeunes diplômés d’AgroParis Tech en mai dernier «au nom de l’écologie».

«Qu’on le veuille ou non, notre monde est modelé par la technique. Il en est ainsi depuis que l’espèce humaine s’est sédentarisée il y a quinze mille ans, et nous savons qu’il n’y aura pas de retour en arrière… Les ingénieurs ne sont pas ceux qui en savent le plus sur notre environnement, mais ce sont eux en revanche qui savent le mieux comment agir sur lui», explique M. Caine. «Et refuser d’admettre cette réalité en y voyant du techno-solutionnisme, c’est en pratique se condamner à l’inaction et à un avenir bien sombre», affirme le patron du groupe d’aérospatiale et d’électronique.

«Oui, nous allons devoir repenser certains aspects de nos modes de vie, de notre rapport à la nature, voire de notre organisation sociale… Chercher des réponses à des problèmes complexes en prenant les contraintes de l’environnement et en optimisant l’usage des ressources, ce pourrait être la définition même du métier d’ingénieur».

"Un poison", "une monstruosité", "absurde" : le réquisitoire de trois anciens PDG d'EDF contre l'Arenh

par Maxence Kagni, le Jeudi 15 décembre 2022 à 16:22, mis à jour le Vendredi 16 décembre 2022 à 12:11

Auditionnés à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête "visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France", trois anciens PDG d'EDF, Pierre Gadonneix (2004-2009), Henri Proglio (2009-2014) et Jean-Bernard Lévy (2014-2022), ont tiré à boulets rouges sur le mécanisme de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh) mis en place dans le cadre du marché européen de l'électricité. Ils n'ont pas de mots assez durs : une "pilule empoisonné" selon l'un, "surréaliste" pour l'autre, tandis que le troisième évoque un "mécanisme pernicieux". Tour à tour auditionnés, ces derniers jours, par les députés de la commission d'enquête "visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France", trois anciens PDG d'EDF ont vivement mis en cause le mécanisme de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh), qui régente le marché de l'électricité en France.

Devant les députés, Pierre Gadonneix (2004-2009), Henri Proglio (2009-2014) et Jean-Bernard Lévy (2014-2022) ont dénoncé ce dispositif introduit par la loi "portant nouvelle organisation du marché de l'électricité" (NOME) de 2010, en vigueur depuis juillet 2011. Cette loi a permis l'ouverture à la concurrence du marché de la production d'électricité, conformément à une directive européenne. L'Arenh impose à EDF de vendre à ses concurrents son électricité nucléaire, à un prix fixé par avance, à savoir 42 euros le mégawattheure.

Une loi qui a fait "la fortune de traders"

Auditionné le 8 décembre, Pierre Gadonneix a été le premier à remettre en cause un mécanisme qu'il juge "monstrueux" et "absurde" : "Quand j'en ai entendu parler, là j'ai hurlé", a déclaré l'ancien PDG d'EDF, en poste de 2004 à 2009. L'ancien patron de l'entreprise publique ne comprend pas pourquoi EDF doit "subventionner ses concurrents."

C'est quelque chose qu'on n'aurait jamais dû accepter. Pierre Gadonneix

Une position semblable à celle de son successeur, Henri Proglio, qui était auditionné le mardi 13 décembre. "Le principe même pour un industriel d'accepter de céder sa propre production à ses concurrents virtuels, qui n'ont aucune obligation de production eux-mêmes, c'est quand même surréaliste", a déclaré l'ancien PDG. Pour lui, l'Arenh a "fait la fortune de traders".

Un tarif "fixé par voie autoritaire"

Henri Proglio dénonce également le prix du mégawatt-heure, "fixé par voie autoritaire". L'ancien patron dit s'être "battu sans relâche pour obtenir 42 euros" alors que les pouvoirs publics envisageaient un prix plus bas.

Un chiffre qui n'a pas évolué depuis 2011, note Jean-Bernard Lévy, qui vient de quitter ses fonction de PDG d'EDF. Lors de son audition, mercredi 14 décembre, il a qualifié l'Arenh de "poison". Jean-Bernard Lévy regrette que le prix fixé soit "manifestement sous-évalué". Pire encore, quand le prix du mégawattheure sur le marché de gros européen est passé sous les 42 euros, "dans les derniers mois de l'année 2015", les concurrents d'EDF ont cessé de lui acheter de l'électricité, puisqu'ils pouvaient "acheter sur le marché à un prix inférieur". Résultat, en 2016 et 2017, EDF s'est retrouvée "avec des recettes très inférieures" : "EDF est en somme une deuxième fois victime de l'Arenh", explique Jean-Bernard Lévy.

"Ce manque à gagner [a] contraint EDF à un plan de restructuration sévère qui, de fait, [a été] imposé par les agences de notation qui [ont dégradé] à trois reprises la dette d'EDF", ajoute encore Jean-Bernard Lévy. C'est à ce moment-là que l’État a décidé de venir en aide à l'entreprise, en renonçant "pour la première fois aux dividendes d'EDF payés cash" et en souscrivant "à hauteur de 3 milliards d'euros à une augmentation de capital".

C'est la première fois que le contribuable vient sortir l'entreprise nationale d'une situation créée par une mauvaise loi. Jean-Bernard Lévy

Les problèmes financiers ont ensuite eu d'autres conséquences : "La situation [de l'entreprise] s'est dégradée parce que l'histoire de l'Arenh, cette pilule empoisonnée, a très sérieusement remis en cause le business model d'EDF, qui n'avait plus les moyens de faire des investissements non immédiatement rentables", a expliqué Pierre Gadonneix.

Jean-Bernard Lévy juge quant à lui que l'Arenh, "un mécanisme pernicieux", "va croissant sur l'endettement d'EDF au rythme d'environ 3 à 4 milliards d'euros chaque année". Un chiffre corroboré par un rapport parlementaire de 2021. Résultat, l'ancien PDG affirme qu'il n'a pas eu "les moyens financiers" nécessaires pour investir sur les énergies renouvelables "sur le rythme [qu'il] aurait voulu".

Selon Jean-Bernard Lévy, le mécanisme a une autre conséquence néfaste : "Des concurrents d'EDF, l'Arenh fait des rentiers", explique l'ancien patron de l'entreprise, qui ajoute que "tous les risques sont portés par EDF". Cela n'a pas incité les concurrents de l'entreprise publique française "à créer des capacités de production propres" : "L'Arenh a donc mis un frein au développement d'une capacité énergétique souveraine sur notre sol par les opérateurs alternatifs."

"L'obsession allemande"

Pierre Gadonneix et Henri Proglio rendent l'Union européenne et l'Allemagne responsable de la situation. "Le pouvoir politique allemand était très conscient que la France avait un avantage particulier avec les prix de l'électricité bas", a par exemple déclaré Pierre Gadonneix, qui a dénoncé une "collusion bruxelloise et allemande" visant à protéger l'industrie allemande. Pour lui, "Bruxelles a introduit des pilules empoisonnées pour empêcher EDF de s'imposer sur le marché". L'Arenh en serait une.

"Comment voulez-vous que ce pays qui a fondé sa richesse, son efficacité, sa crédibilité, sur son industrie accepte que la France dispose d'un outil compétitif aussi puissant qu'EDF à sa porte ?", a de son côté demandé Henri Proglio.

L'obsession allemande depuis 30 ans c'est la désintégration d'EDF. Ils ont réussi. Henri Proglio

La prédominance allemande a même eu d'autres conséquences négatives, selon Henri Proglio : "Le prix de marché a été indexé sur le gaz (...) parce que les Allemands utilisent le gaz." "Toute [réglementation] européenne est une réglementation allemande", a estimé l'ancien PDG d'EDF devant les députés de la commission d'enquête, qui poursuivront leurs auditions en début d'année prochaine.

Accélérer le développement des énergies renouvelables : les X impasses intellectuelles d’un projet de loi

Ce mardi, les députés doivent voter le projet de loi visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables.

Philippe Charlez

Atlantico : Limitation des recours, absence de « droit de veto » pour les maires, pas de distance minimale pour l’éolien en mer...dans quelle mesure le projet de loi visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables est-il à contretemps ?

Philippe Charlez : Limitation des recours, absence de droit de veto pour les maires, pas de distance minimale pour l’éolien en mer, ce projet de loi visant à accélérer le déploiement des énergies renouvelables s’inscrit dans la droite ligne du discours de Belfort (10 février 2022). Emmanuel Macron y avait présenté des objectifs plus qu’ambitieux en termes de renouvelables pour l’horizon 2050 : 100 GW de solaire photovoltaïque (x10), 37 GW d’éolien terrestre (x2) et 40 GW d’éolien off-shore (soit de 80 parcs équivalents à celui en cours de construction à Fécamp). Quand on sait que 80% des projets renouvelables font l’objet de recours (surtout pour l’éolien) et que le temps moyen pour qu’un projet aboutisse est de huit ans (soit deux fois plus qu’Outre Rhin), ces objectifs pratiquement inatteignables ne pouvaient s’encombrer…de la « mauvaise humeur de riverains égoïstes ».

La transition énergétique reposant sur le « grand remplacement » des équipements thermiques par des équipements électriques, la consommation d’électricité devrait croitre significativement au cours des prochaines décennies. Mais la question centrale est de savoir d’où viendra cette électricité ?

En filigrane de l’Energiewende allemand ayant stupidement décidé de diaboliser le nucléaire après la catastrophe de Fukushima, le Green Deal adoubé par les Verts et la Gauche européenne a imposé aux pays européens une politique électrique principalement articulée autour des énergies renouvelables solaire et éolien pour l’essentiel. Au cours des dernières années la plupart des investissements y ont été consacrés alors que la filière nucléaire était complètement oubliée. Les renouvelables étant intermittents et ne pouvant fonctionner sans le support d’une source pilotable, le gaz naturel a été implicitement choisi comme « meilleur ami des renouvelables ». Tant que les prix du gaz étaient bas les européens n’y ont vu que du feu. Mais, la crise d’offre du gaz apparue à l’été 2021 a fait exploser les prix du gaz et par ricochet ceux de l’électricité indexée sur le prix du gaz. La crise russo-ukrainienne a bien évidemment renforcé cette crise d’offre.

Mais comme souvent pour la Gauche quand le clou ne rentre pas c’est parce qu’on n’a pas frappé assez fort. Au lieu de changer de cap et de reconnaître que le Green Deal est une impasse, l’Europe a décidé de continuer d’enfoncer le clou et d’investir massivement dans les ENR intermittents. Le résultat est connu : il ne fera qu’augmenter notre dépendance gazière.

         

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