samedi 23 octobre 2021

Dépressions : Weeding blues - Post coïtum animalis tristis

 Weeding blues

Il est une dépression qu’on vient de remarquer : celle qui suit le mariage pour l’épousée, le weeding blues, dont parle le site Internet du Figaro en date du 1e juin 2012. On connaissait déjà le baby blues de la femme qui vient d’accoucher : en latin, la dépression post partum.

Chez l’homme elle viendrait après le rapport sexuel, selon l’adage latin qui dit que tout être vivant en ressort triste : omne animalis post coïtum tristis. Comme s’il comprenait avoir été dupé par ce que Schopenhauer, en sa Métaphysique de l’amour, appelle le « génie de l’espèce », se servant de lui comme d’une marionnette pour perpétuer la vie. La femme, elle, semble dans ce cas plutôt dopée que dupée. À chacun sa déprime, donc…

 

Il semblerait que 34% des femmes connaîtraient le weeding blues, soit en latin la dépression post conubium. Quelles pourraient en être les raisons ? Peut-être la chute soudaine de l’excitation des préparatifs, qui souvent durent des mois, et où la future épousée se sent l’objet de toutes les attentions. D’un coup, après la cérémonie, elle retombe au néant de la quotidienneté : le carrosse se retransforme en citrouille. Mais peut-être la cause de sa dépression tient-elle au retrait inévitable des projections qu’elle a pu faire sur son partenaire : le Prince charmant toujours caressant dont elle a rêvé n’est plus qu’un homme ordinaire, et du fait du temps, qui tel Chronos dévore tout, un amoureux de plus en plus intermittent. Ce serait l’inverse du mythe de Psyché : au lieu d’un bel amant lui apparaissant dans sa gloire, son mari enfin connu ne lui offrirait que déceptions et finalement laideur. Pensons à la dépression post-mariage d’Emma que décrit Flaubert dans Madame Bovary. Évoquant la mélancolie des jeunes filles en attente d’époux, elle dit : « Moi, c’est après que cela m’est venu ».

 

La leçon à tirer de cela est sans doute qu’il ne faut pas confondre attente chimérique et création volontaire. On n’épouse pas quelqu’un parce qu’on l’aime, mais pour l’aimer. C’est ce que marque l’accusatif, cas de la destination, dans la formule liturgique du mariage chez nous : Ego conjungo vos in matrimonium – « Je vous unis pour le mariage ». La perspective n’y est pas de causalité, mais de finalité. De l’oublier, on peut effectivement être déçu, donc déprimé.

Dysphorie post-coïtale

La dysphorie post-coïtale, également appelée tristesse post-coïtale ou blues post-sexe désigne les sentiments de tristesse ou d'anxiété, les comportements de pleurs, ou d'agitation, d'irritabilité voire d'agressivité qui peuvent atteindre une personne pendant une durée comprise entre cinq minutes et deux heures après un rapport sexuel consenti.

Il s'agit d'un phénomène distinct de la période réfractaire suivant un orgasme, où il est généralement impossible pour une personne d'avoir un autre orgasme, en particulier après l'éjaculation. La dysphorie post-coïtale ne se produit qu'après un rapport sexuel et ne nécessite pas forcément la survenue d'un orgasme, et ses effets sont davantage émotionnels que physiologiques.

Le phénomène est déjà relaté par Galien, qui écrit « Chaque animal est triste après le coït, à l'exception de la femme et du coq. ». Le poète Lawrence Ferlinghetti mentionne également ce phénomène dans son livre Pictures of the Gone World.

Épidémiologie

La prévalence de ce trouble « Post coïtum animalis tristis. » est peu connue, car cette dysphorie est peu étudiée. La dysphorie post-coïtale touche cependant les femmes comme les hommes.

Une étude portant sur des femmes jumelles a rapporté que 3,7 % des femmes interrogées avaient récemment éprouvé une dysphorie post-coïtale et que 7,7 % rapportaient un trouble persistant. Une autre étude focalisée sur les femmes a montré que près de 32,9 % des participantes interrogées avaient déjà éprouvé des symptômes de dysphorie post-coïtale au moins une fois dans leur vie, et 10 % des femmes dans les quatre semaines précédentes. Aucune corrélation entre ce trouble et le degré d'intimité dans les relations n'a été démontrée.

Une autre étude se basant sur un groupe de 1208 hommes rapporte que 40% de ces hommes avaient déjà éprouvé une dysphorie post-coïtale, et que 20% d'entre eux l'ont éprouvé durant les 4 semaines précédant l'étude. Cette même étude rapporte aussi qu'entre 3% et 4% de l'échantillon éprouve de manière régulière les symptômes de dysphorie post-coïtale.

     

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