samedi 8 octobre 2016

Un héritage en déshérence



Ecrit par Laurent Herblay

Revenons sur ce que nous a légué le plus grand homme de notre histoire. 

C’est un des points qui ressort le plus facilement, surtout par comparaison avec ses successeurs. Le Général de Gaulle appliquait une rigueur toute militaire dans son rapport à l’argent. Lorsqu’il était Président de la République française, le Général de Gaulle mettait un point d’honneur à ne pas trop profiter de ses avantages. Il tenait à payer lui-même les factures d’électricité de ses appartements de l’Elysée, ainsi que ses frais de téléphone, ou les repas donnés à titre privé. En fait, il payait de sa poche, l’ensemble de ses dépenses personnelles.
Ce sont ces mêmes principes qui lui ont fait renoncer à sa retraite de Président de la République pour ne vivre que de sa retraite militaire et de ses droits d’auteur. 

Le Général de Gaulle était également un homme de principes du point de vue des idées. C’est ainsi que son respect profond du vote des Français excluait toute possibilité de rester au pouvoir en cas de référendum perdu. Il n’a fait aucun compromis avec la défense de la France, fût-ce au risque de sa vie ou de celle de ses proches pendant la guerre, et fut un ardent défenseur de sa souveraineté. Fruit de son héritage de chrétien social, il faisait de l’homme « la seule querelle qui vaille ».

Enfin, et c’est un aspect qui a été un peu oublié du fait des caricatures, le Général de Gaulle était tout sauf un nationaliste recroquevillé sur son pré carré. Il était profondément ouvert aux autres pays, et respectueux de leurs cultures, au point de faire l’effort de toujours prononcer des discours dans la langue du pays d’accueil. Il a porté au monde un message finalement très universaliste de tolérance, d’ouverture et de respect de l’identité et de la souveraineté des pays.

En ces temps où l’on répète trop souvent que rien n’est possible, il est fascinant de se pencher sur le parcours du Général de Gaulle, qui démontre que la volonté d’un homme, quand elle est inflexible et juste, peut littéralement déplacer des montagnes. Voici un sous-secrétaire d’Etat inconnu qui a réussi en quelques mois à incarner la France et à construire un gouvernement à partir de sa seule volonté. C’est lui qui a mis la France à la table des vainqueurs en 1945 malgré la déroute de 1940.

Et s’il a eu des échecs, quel parcours ! Voici un homme qui est parvenu à faire partager aux Français sa propre vision des Institutions, cas assez unique dans l’humanité, quitte à passer outre l’opposition de tous les autres partis, comme en 1962. Il a réussi à terminer la guerre d’Algérie dans un sens contraire à ce que certains l’imaginaient à son arrivée au pouvoir. Il a imposé à nos partenaires européens le compromis de Luxembourg. Bref, il a démontré tout ce que peut accomplir un homme politique.

Enfin, le Général de Gaulle nous a légué de grands principes qui peuvent encore guider l’action politique aujourd’hui. La première d’entre elle est sans doute sa conception de la démocratie qu’il a su graver dans le marbre de notre Cinquième République. Bien loin des accusations mesquines de coup d’Etat (quel dictateur a remporté deux suffrages populaires et deux votes des grands élus en huit mois ?), il a créé des institutions qui permettent à la volonté des Français de s’exprimer pleinement.

Le deuxième grand principe est l’aspect fondamental de la souveraineté nationale. Lui avait bien compris que la nation est le moyen pour l’homme d’agir sur son destin et qu’il ne faut faire aucun compromis avec la souveraineté nationale, surtout quand on est faible, ce qui le poussa à une attitude intransigeante à la tête de la France Libre. Cette partie de son message prend une actualité brûlante avec les coups de canif régulier portés à la souveraineté des nations en Europe.

Enfin, le Général de Gaulle était un progressiste, dans le sens où il croyait au progrès économique, produit de l’effort de la collectivité nationale. Mais si ce progrès devait reposer sur l’économie de marché, il était trop conscient des faiblesses du capitalisme (instabilité, injustices), pour ne pas comprendre que l’Etat devait jouer un rôle fort pour en éviter les excès. Pour lui, le progrès devait être partagé par tous, d’où son attachement à la participation, même s’il ne fut pas pleinement couronné de succès.

On peut ne pas être d’accord avec ses idées ou sa vision des choses, mais le Général de Gaulle aura au moins démontré que la politique peut être faite avec une éthique et de la volonté au service de grandes idées, des qualités qui semblent trop souvent disparues aujourd’hui. 

NDLR : Le Général de Gaulle est-il un exemple à suivre ? Peut être bien !
En tous cas, aucun de ses successeurs n’a suivi son exemple. Et nous, peuple Français, sommes en déshérence, blasés et écœurés par le cynisme et la suffisance de ces pantins qui nous volent notre avenir…

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