Écrit le 30 septembre 2009
Est-ce une chronique ?... Je crois finalement que
oui, puisque jamais le développement de ces notions n’a eu autant de pertinence
depuis des années…
L’homme n’a pas seulement besoin de son individualisme
pour s’individuer… En fait, il a dans la plupart des cas, besoin de ses rapports
à la société pour se construire et s’apprécier…
Comme Axel Honneth, je pense qu’il y a trois
dimensions à notre rapport à l’autre…
- La première est l’amour, réservée aux proches,
famille, amis, copains… Où l’on trouve une reconnaissance mutuelle sur le plan
du sentiment…
- La seconde est la dimension juridique et politique,
où contrairement à l’ancien régime, l’individu recherche une égalité de
traitement qui le hisse à la hauteur de tous et le mène au respect de soi.
- La troisième valeur est l’estime sociale. Nous avons
tous besoin, dans des proportions variables selon les individus d’une
considération qui nous assure de nos qualités particulières. Cette valeur qui a
toujours existé, était dans l’ancien temps basée sur la sagesse, le savoir, la
compétence… Quel savant, quel philosophe n’était-il pas estimé et respecté, (à
moins que ses déclarations ne portent préjudice à l'ordre établi, auquel
cas, il était un danger pour les pouvoirs religieux ou politiques)… Car
c’était là le ciment d’une société où le respect était mérité pour des qualités
bien précises, avérées ou non, mais diverses…
Bien entendu, l’équilibre de chaque individu, dépend
de la qualité de ces trois dimensions de reconnaissance… Un amoureux qui vit un
coup de foudre, a moins besoin d’égalité ni de reconnaissance sociale, étant
suffisamment comblé par cette reconnaissance amoureuse qui le satisfait…
A contrario, beaucoup de gens recherchent la
reconnaissance sociale. Celle-ci implique un mérite social. Or l’évolution
sociétale capitaliste et financière fait émerger une méritocratie basée sur
l’argent et le pouvoir nécessaire pour acquérir cet argent qui en est le signe
ostentatoire… Les compétences, le savoir, la sagesse, le savoir-faire ne sont
plus ni valeurs, ni mérites, ces notions n’ayant plus cours…
Alors, le mérite est institué par le haut… Le
libéralisme instille des notions financières du mérite de chacun, sur sa
performance de rentabilité uniquement financière. Cette mise en concurrence des
salariés, dévoie totalement la reconnaissance de chacun par ses pairs, chacun
étant uniquement occupé dans son égoïsme et son intérêt… Ceci amplifie chez
chacun ce besoin de reconnaissance insatisfait et ce besoin d’argent, dont
chacun sait qu’il devient le seul moyen de « paraitre » et ainsi
d’être « reconnu »…
Ainsi, ceux qui défendent ce type de mérite, sont ceux
qui sont en position de profiter de sa valorisation et donc, une manière de
revendiquer publiquement les rétributions que l’on voudrait attribuer à
soi-même… (Il n’est que de voir le discours de Sarkozy sur la récompense du
mérite et son augmentation de salaire personnelle décidée unilatéralement)…
Le corollaire de cette reconnaissance dévoyée et
dévolue avec contention au mérite unique de la richesse, est l’accaparation de
l’égalité citoyenne par l’élite du pouvoir et de la ploutocratie… Ainsi ces
gens se sentent égaux, mais « plus égaux que les autres »,
c'est-à-dire, qu’ils sont prêts à revenir sur les principes de la république
afin de préserver leur liberté de faire leurs petites affaires sans subir les
inconvénients d’une justice aveugle et d’une égalité politique et juridique
avec des « gueux », aux idées différentes et aux bourses vides…
Parallèlement, la république n’a jamais autant exclu
qu’actuellement (comme je l'ai dit par ailleurs), toujours dans cette pensée
unique du mérite dévoyé…
Il est assez facile d’expliquer, comment des
catégories sociales, exclues car n’ayant pas de mérite, n’ayant pas de
reconnaissance sociale, voyant que l’égalité n’est plus qu’un mot, comment
dis-je, pourraient-ils avoir envie de se comporter en citoyen ? Comment ne
se formerait-il pas des communautarismes, qui sont le seul moyen à ces gens
d’avoir une reconnaissance au moins communautaire ?
……….
Alors, il est nécessaire de rétablir le mérite à ses
valeurs traditionnelles et ancestrales, la reconnaissance de chacun sera plus
juste et ainsi on évitera l’exclusion et l’éclosion du mécontentement et de la
violence…
Mais peuvent-ils comprendre, ces gens d’en haut,
aveuglés par l’argent et par la lumière de leur propre vanité ?...
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