Je suis éveillé en sursaut par le passage des avions de
l’axe.
Je range mes affaires à la hâte et j’enfile mon harnais avec
tout son équipement.
Je nettoie mon MiniMI, j’enclenche un chargeur et je me mets
en route.
Je dévale les pentes abruptes et je gravis des sentiers
escarpés. La respiration haletante, mon cœur se met à battre plus fort lorsque
j’entends les bruits sourds des bombardements au loin. Avec l’écho, il est
impossible de distinguer la direction d’où proviennent ces explosions…
Je suppose que c’est devant moi, dans le sens où se
dirigeaient les aéronefs ennemis…
J’espère seulement et égoïstement que Moissac n’est pas leur
objectif…
La journée se passe en une marche forcée avec en tête un
seul but : Moissac !
Je contourne des batteries de missiles et des campements de
la force Européenne.
Je guette à la lunette, chaque massif avant d’en
entreprendre la montée par des chemins abandonnés.
A chaque détour, je me plaque, dos à la paroi et je guette
le moindre mouvement suspect.
Le chant régulier des oiseaux m’indique souvent qu’il n’y a
pas d’activité humaine alentour.
Le plus dangereux, ce sont les descentes. Bien souvent,
emporté par l’élan et préoccupé à ne pas chuter, je fais moins attention à
l’environnement et donc au danger.
C’est pourquoi, je m’assieds à mi-pente et scrute le
paysage, attentif à la moindre anomalie, puis, je repars…
Le soleil continuant sa trajectoire, je marche, treillis
collé au corps par la sueur…
Puis la transpiration cesse peu à peu. J’ai soif, il me faut
boire…
Au bout d’une demi-heure, un petit ruisseau traverse ma
route. Je cours, me jette à plat ventre dans l’eau et je bois comme un fou…
Je m’extrais péniblement du cours d’eau, lorsque tout près
de moi, le ricochet d’une balle, suivi d’une détonation, me fait comprendre que
je suis repéré.
Par qui ? Peu importe ! Le tireur est sur le
coteau qui me surplombe ! J’attrape mon arme et bondit en direction du
tir, pour me mettre à l’abri du relief qui nous sépare.
J’entends des éclats de voix, mais ne parviens pas à comprendre.
Amis ou ennemis ? En tant que déserteur, cela ne fait pas de
différence !
Sortant la tête de ma cachette, je vois des silhouettes
dévaler le sentier à flanc de coteau au dessus de moi. Ils me tournent le dos. Je prends la direction inverse tout en longeant les
anfractuosités du schiste de cette montagne Lozérienne…
Je cours à perdre haleine. Au bout d’une heure, je m’arrête
net, au bord d’une falaise.
J’aperçois à plusieurs mètres en dessous de moi un rebord.
J’entreprends d’y descendre en m’agrippant comme je le peux…
Le lieu présente la particularité d’avoir une niche
invisible du sommet. Quelle chance !
Je me serre au fond du trou et je vais enfin manger. Je n’ai
même plus faim. Mais je sais que c’est indispensable si je préfère poursuivre
ma route plutôt que de mourir épuisé…
Je crois que je les ai semés…
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