mardi 10 mars 2015

La politesse, n’est-elle pas la noblesse du citoyen ?



« R’voir, m’sieurs-dames ! » Dis-je en quittant la caisse du supermarché. Mon épouse me reprend « Tu m’énerves de dire au revoir à des gens qui ne te répondent même pas ».

-Qu’est-ce que tu me reproches ? D’être l’homme le plus poli du monde ? Ou bien quoi ?

-Tu n’as pas à dire au revoir à des gens qui ne te répondent pas, qui se foutent de toi. Tu te mets à plat ventre devant eux ! Comme une carpette. Tu n’as pas honte de te conduire ainsi ?

- Non, pas du tout ! Ce n’est pas parce que les autres sont impolis que je doive l’être.
Mes parents m’ont appris la politesse et je garde fièrement cette noblesse d’esprit.
Je n’ai pas l’impression d’être une carpette. Je dois être poli, c’est un devoir de convivialité et de citoyenneté. Je ne dis pas bonjour à l’entrée, puisqu’il n’y a personne. Mais je dis au-revoir à la sortie, puisqu’il y a un petit nombre de gens que je quitte, dont la caissière.
Mais ne t’inquiète pas : Si j’avais affaire à des gens dont je savais qu’ils sont des enculés, je ne leur dirais pas au-revoir. Mais quand je ne connais pas les gens, je leur dis au-revoir.

-Et si tu tombais sur des cons qui t’ont nui ?

-Hé bien je dirais « au-revoir M’sieurs-dames, sauf à ceux-là ! » (en les désignant du doigt) !

-Je persiste à dire que tu t’abaisses devant des gens qui se foutent de ta gueule.

-Et moi je persiste à dire que la politesse, c’est ma noblesse, ma noblesse de citoyen, de celui qui refuse de préjuger de la non-valeur des gens. Et puis, dans ceux qui ne répondent rien, il y a des gens qui se rendent compte qu’ils sont malpolis ; et cela leur donne une leçon !
La plus grande politesse est celle que l’on dispense gratuitement. Ce qui n’est pas le cas de la plupart des caissières qui le font, contrainte et forcée par leur patron, pour des évidentes raisons commerciales et qui t’ignorent superbement si elles te croisent hors de leur service…

-Tu m’énerves. Je ne veux plus que tu dises au-revoir à tous ces cons !

-Et toi, tu m’emmerdes ! Je continuerais d’être poli. C’est ma seule fierté, c’est la seule capacité qui me reste, c’est le seul signe de respect et de bienveillance dans ce monde de brutes qui n’engendrera qu’irrespect, violence et terrorisme…
Et je continuerai à laisser ma place à une femme enceinte ou à un vieillard, etc...

Au revoir, M’sieurs-dames.

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