« R’voir,
m’sieurs-dames ! » Dis-je en quittant la caisse du supermarché. Mon
épouse me reprend « Tu m’énerves de dire au revoir à des gens qui ne te
répondent même pas ».
-Qu’est-ce
que tu me reproches ? D’être l’homme le plus poli du monde ? Ou bien
quoi ?
-Tu
n’as pas à dire au revoir à des gens qui ne te répondent pas, qui se foutent de
toi. Tu te mets à plat ventre devant eux ! Comme une carpette. Tu n’as pas
honte de te conduire ainsi ?
-
Non, pas du tout ! Ce n’est pas parce que les autres sont impolis que je
doive l’être.
Mes
parents m’ont appris la politesse et je garde fièrement cette noblesse
d’esprit.
Je
n’ai pas l’impression d’être une carpette. Je dois être poli, c’est un devoir
de convivialité et de citoyenneté. Je ne dis pas bonjour à l’entrée, puisqu’il
n’y a personne. Mais je dis au-revoir à la sortie, puisqu’il y a un petit
nombre de gens que je quitte, dont la caissière.
Mais
ne t’inquiète pas : Si j’avais affaire à des gens dont je savais qu’ils
sont des enculés, je ne leur dirais pas au-revoir. Mais quand je ne connais pas
les gens, je leur dis au-revoir.
-Et
si tu tombais sur des cons qui t’ont nui ?
-Hé
bien je dirais « au-revoir M’sieurs-dames, sauf à ceux-là ! »
(en les désignant du doigt) !
-Je
persiste à dire que tu t’abaisses devant des gens qui se foutent de ta gueule.
-Et
moi je persiste à dire que la politesse, c’est ma noblesse, ma noblesse de
citoyen, de celui qui refuse de préjuger de la non-valeur des gens. Et puis,
dans ceux qui ne répondent rien, il y a des gens qui se rendent compte qu’ils
sont malpolis ; et cela leur donne une leçon !
La
plus grande politesse est celle que l’on dispense gratuitement. Ce qui n’est
pas le cas de la plupart des caissières qui le font, contrainte et forcée par leur
patron, pour des évidentes raisons commerciales et qui t’ignorent superbement
si elles te croisent hors de leur service…
-Tu
m’énerves. Je ne veux plus que tu dises au-revoir à tous ces cons !
-Et
toi, tu m’emmerdes ! Je continuerais d’être poli. C’est ma seule fierté,
c’est la seule capacité qui me reste, c’est le seul signe de respect et de
bienveillance dans ce monde de brutes qui n’engendrera qu’irrespect, violence
et terrorisme…
Et
je continuerai à laisser ma place à une femme enceinte ou à un vieillard,
etc...
Au
revoir, M’sieurs-dames.
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