Ecrit le 16 novembre 2008
La terre tremble sous le bombardement. Je ne sais même plus si je tremble aussi... A chaque explosion tout mon corps se crispe, mon visage n'est que rictus, ma peur n'est que sueur et effroi...
Je suis seul avec ce Français... Hier, il a sauté dans mon trou d'obus. J'ai sorti ma baïonnette et je lui ai transpercé le ventre, deux fois... C'est de sa faute, il m'a fait peur... Il arrive avec son fusil, ses grenades... Je ne lui avais rien demandé. Je ne lui voulais pas de mal. Mais j'ai eu peur, alors je l'ai frappé le premier...
Il a agonisé toute la nuit... J'ai pleuré... Il aurait pu vivre... Il aurait pu se faire tuer cent mètres plus loin... Toute la nuit, je n'avais plus un ennemi près de moi, mais un humain qui souffrait terriblement... A cause de moi... A cause de cette foutue guerre...
Au petit matin, j'ai essayé de panser ses plaies avec de la charpie... Au moment où je m'approchais, il a cessé de respirer et s'est immobilisé, les yeux et la bouche grands ouverts... Je n'ai plus osé le toucher...
J'ai ramassé son portefeuille qu'il avait perdu dans la boue...
J'ai trouvé des photos... J'ai tué un père de famille... J'ai ouvert une lettre où j'ai lu le mot « chérie »... Je regrette ma curiosité morbide, car je ne parviens pas à chasser ces images...
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