Écrit le 12 octobre 2014
Le
silence n’est même pas interrompu par le tic-tac de l’horloge. Il est vrai
qu’elle n’a pas été remontée depuis des années. Je lui dis que les imprimantes
matricielles existent encore. Elle répond bien plus tard que je lui ai dit
trois choses depuis ce matin : qu’il pleut, que j’ai pu récupérer les
fiches de payes et que les imprimantes matricielles existent encore. Elle s’en
fout et ironiquement me le fait savoir.
Je
me lève, je mets mon peignoir et je vais au sous-sol. J’allume les ordis et je
vais voir le niveau d’eau dans le seau. Ça va encore pour aujourd’hui. Le
groupe de sécurité me fait chier. Le précédent n’avait jamais craché une goutte
d’eau. J’allume la radio dans le garage. C’est encore ce Julien Courbet, alerte
et tonitruant.
C’est
bien qu’hier j’ai pu télécharger l’exécutable de multiplan junior sur le site
d’un expert comptable. J’ai réussi à ouvrir des fichiers payes des années 90…
Il a donné le mode d’emploi pour les transformer en Excel. J’en ai fait un et
puis j’en ai eu marre. Donc c’est possible au cas où un ancien salarié aspirant
à la retraite demanderait un duplicata.
Oui,
bien sur j’ai ça sur papier, mais où ?
Pour
tout ce j’avais écrit en GWBASIC, le problème c’est l’imprimante compatible,
qu’on branchait en parallèle. Pour le moment compta, traitement de texte,
factures, devis, bons de commandes, émissions de chèques et traites sont dans
le coaltar. J’ai bien une dernière imprimante citizen à aiguilles, mais je
verrais une autre fois, peut-être.
Et
si j’adaptais tous ces programmes en un seul progiciel intégré sur excel ?
Pas évident. Trop de concentration.
Depuis
le soupirail, le ciel est gris, comme un ciel de mort. Comme le 21 février
2005.
Il
respirait la bouche ouverte. On entendait un graillonnement à chaque
respiration. Le docteur avait dit que c’était l’eau dans les poumons. Et puis
le mouvement de la poitrine s’était amoindri. Je ne regrette pas d’avoir été
là. Un rayon de soleil chaud et lumineux nous a fait arrêter nos querelles. Que
se passait-il ? Bien sur que l’on savait ce qui s’était passé. C’était
fini, du moins dans ce monde.
Et
depuis, on survit.
Il
faut que je répare l’encadrement de la fenêtre de la salle de bains. Il faut
qu’ils arrêtent de prendre des douches, ils pourrissent tout le bois. Ils n’ont
qu’à se laver avec un gant. Il faut que j’en profite pour lessiver les murs et
le plafond. Et puis il y a les calfeutrements de l’ancienne porte à la colle à
carreaux de plâtre. Elle va encore me faire chier quand je vais déplacer tout
son bordel. Est-ce que ça vaut la peine pour tant de haine qu’elle va
déverser ?
C’est
comme le couloir. Je l’avais commencé il y a… les enfants étaient petits… Je
dirais une petite vingtaine d’années. J’ai tenu trois jours, sous les reproches
incessants. Juste le temps de poser les moulures et les cimaises. Enfin, c’est
comme ça.
Si
elle était morte, je pourrais enfin faire une bonbonnière. Vieux rose camaïeux
et gris…
Ça
serait bien…
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