vendredi 17 octobre 2014

Le ciel est gris, comme un ciel de mort (6)



Je me souviens même que mon fils ainé s’était tapé un tube de mayonnaise en un repas… Mes parents n’étaient pas contents. La mayonnaise il ne fallait en mettre que pour donner du goût. C’était bien trop cher.
Moi, je les ai laissé faire parce que j’avais les moyens et que s’il ne restait pas d’argent à la fin du mois, ce n’était pas grave… Alors comment leur expliquer que pour certains, Papy-Mamie avant et moi maintenant, la fin de mois, elle est bien avant le dernier jour du mois ?
Et pourtant Dieu sait que mes parents nous recevaient bien. Il y avait à manger en abondance. Bien sur, il n’y avait pas de caviar, d’ortolan, de foie gras ni de champagne.
Les cadeaux qu’ils offraient à mes gamins à Noël étaient vraiment des cadeaux de pauvres, mais heureusement les mômes n’ont jamais fait de réflexion.

Du coup, plus mes travaux dureront autour de la douche plus je vais économiser d’eau ! Hé, hé, hé… Bande de petits branleurs, je me lave au gant depuis des années et je ne dis rien, merde !
Mes morpions se prennent pour des fils à Papa, ou bien ils croient que je suis Américain, je ne sais pas !
Ils doivent juger à l’apparence. C’est vrai que j’ai des belles fringues, même s’ils ne savent pas qu’elles sont d’occase, alors que les parents de leurs copains sont fringués au mieux comme des bouseux, au pire, comme… des bouseux…

Alors évidemment j’ai la couleur du riche, j’ai l’air d’un riche. Enfin, ils commencent à comprendre au fil des années quand je dis à l’un ou à l’autre que dorénavant, je ne pourrais plus offrir ou payer ceci ou cela… Mais pour l’eau, ils devaient croire que c’était gratuit, probablement…

Je reviens sur les fringues : Il y en surtout un qui a honte d’être vu avec moi, donc il faut que je les dépose en ville à l’abri des regards de leurs potes…
Evidemment un type en pantalon à pli et veste à quatre boutons métalliques, ça leur fout la honte, surtout quand les gens voient que c’est un uniforme. Certes je transforme ces tenues : Je peins les boutons brillants avec de la peinture mate de la couleur de la veste. Tout signe distinctif militaire est soigneusement enlevé… Mais aucun des jeunes de maintenant n’ayant vu de vrais militaires dans de vrais uniformes, ils font l’amalgame dans leur imaginaire…

Comme pour ma voiture : « Ton père a une BM ? Pfffff ! »… Ben oui, une occase aussi, au prix de l’argus… Mais tellement brillante que… Enfin, ce que les gens sont cons ! Tout ce qui brille n’est pas or ! Bande de sales ploucs ! Ce sont les mêmes imbéciles envieux dont les parents offrent à chacun de leurs futurs héritiers une maison. Ils ont raison, si je pouvais le faire, je le ferais… Aisés, ils le sont, mais de plus envieux, bouseux et cons !
Qu’est-ce que je suis venu faire dans cette galère ? Je ne savais pas que j’étais dans une région d’UMP quand je me suis installé… Et pourtant j’en ai fréquenté des régions UMP ! Paris, Neuilly, Chantilly, Auteuil… Jamais aucun ostracisme, jamais de problème ; des gens courtois, riches, mais polis et respectueux !

Il faut croire que dans cette région qui est microscopique (bien qu’il doive y en avoir d’autres en France), être UMP se conjugue d’une autre façon qu’ailleurs. Il y a un concentré d’orgueilleux, vaniteux, égotiques, méprisants, qui ont tous les droits et aucun devoir (tout cela à la fois), qui ne respectent rien qu’eux-mêmes…
On se croirait au 19ème siècle dans les colonies… Le riche, c’est le missié Toubab et le pauvre, c’est l’esclave méprisable que l’on éduque à la cravache…

Putain, mais qu’est-ce que je suis venu foutre chez ces arriérés ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire