J'avais
un tablier bleu et je fredonnais les chansons de l'époque qui étaient et qui
sont les chansons d'autrefois...
C'était
une douceur après ces années noires. Insouciant, je suivais le bouchon de liège
emporté par la pluie dans le caniveau jusqu'au bas de la rue...
Je
collais mon nez à la vitrine du droguiste. Je salivais devant ce révolver de
cow-boy en plastique que je n'ai jamais eu...
Je
revenais les genoux écorchés pleins de gravillons et de bitume avec des rêves
de vengeance ou bien des lauriers de la victoire...
Derrière
les palissades du terrain vague, j'étais le gendarme ou l'indien et nous
courions à en déchirer nos tabliers aux épines des ronces...
J'écoutais
une voix, l'oreille collée au poste à diodes, qui disait "Je vous ai
compris", qui parlait d'avenir et de France...
Je
me jetais sur un bonbon acidulé en forme de quartier d'orange que me tendait ma
Maman à la sortie de l'école, avec un grand sourire de Madone...
Toutes
les sonnettes de ma rue n'avaient jamais autant servi que depuis que j'habitais
dans le quartier ? Elles m'ont appris à courir plus vite que l'invective, plus
vite que les tirages d'oreilles...
Et
ce grand, un "blouson noir", que mon père avait soulevé par le col et
accroché à la grille des voisins, parce qu'il m'avait à moitié étranglé ? Il
avait changé de quartier pour éviter mes pieds-de-nez ? Ou bien ?...
Ces
temps-là, ne reviendront plus : Ils sont effacés, disparus, cachés dans un coin
de ma mémoire...
Mais
j'y pense parfois et mon regard se trouble et mon cœur se gonfle...
Quelle
était douce la France, qu'elle était douce !...
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