Il
est, parmi les moyens de décrire les étapes de ma vie, un autre énoncé qui
apporte bien sûr un éclairage complémentaire.
- Quand
je leur parlais d’eux, ils aimaient ou détestaient cela.
- Quand
je leur ai parlé de moi, ils n’écoutaient pas.
- Enfin
quand je me suis parlé à moi-même de moi-même à haute voix, ils écoutaient
tous, intrigués… Mais en tournant leur index contre leur tempe…
Faut-il
que l’intérêt ne soit que curiosité ? Pourquoi n’aimons-nous pas ceux qui
parlent tout seuls, ne les supportant que pour le coté insolite du
spectacle ? Pourquoi aimons-nous nous parler à nous-mêmes ?
C’est
l’autre coté de l’évolution d’une vie. Ouvert sur l’autre dans la force de
l’âge, puis progressivement renfermé sur soi-même, quand l’amoindrissement nous
pousse à l’enfermement dans ce qui fut et qui n’est plus ainsi que dans
l’immédiat que l’on veut maîtriser, faute de s’en souvenir. Lorsque faire et
penser se disjoignent, répéter sa pensée sert à l’accomplir…
On
parle tout seul. Les autres se retournent, ou sourient, ou font semblant de ne
pas s’en apercevoir alors qu’ils essayent de ne pas en perdre une miette.
Un
homme s’est comporté ainsi près de moi, soliloquant dans un rayon de
l’hypermarché : « Ah, mais putain, c’est pas ce produit… Ah si, ils
l’ont changé de place… Bon est-ce que j’en prends ?... Mais ce n’est plus
le même… ».
Bien
loin de m’étonner, je me suis interrogé : « C’est donc ainsi que je
fais moi-même, c’est donc ainsi que je suis perçu, c’est donc ainsi que je
suis, pauvre chose pitoyable, victime de ce naufrage inéluctable dans les
profondeurs de la sénilité »…
Puis,
il y a immanquablement le retour de la référence au passé, parce que ce présent
si honteusement diminué, nous pousse à tâcher de nous souvenir de ce que nous
étions, pour nous rassurer, pour être certains que nous étions beaucoup mieux
que cela avant, que nous étions normaux, voire même performants…
Et
le soliloque reprend éternellement, écartelé entre présent et passé.
Ci-gît
celui qui n’est plus et qui ne sera plus jamais ce qu’il fut…
Et le soliloque se fait... dans la solitude... C'était bien évident... J'en ai la confirmation...
RépondreSupprimerça peut aussi engager quelqu'un à répondre, mais en général, on parle plus des gens une fois qu'ils ne sont plus là, comme Michel Blanc par ex
RépondreSupprimerBen quand je crèverai... Mes petits auront de la peine, je le sais... Mais j'espère qu'ils resteront une fratrie unie contre l'adversité dont je ne serai plus en mesure de les protéger...
SupprimerTrès bonne journée à toi