Le silence règne en maitre absolu.
Les oiseaux apeurés ont fui les combats. Le ciel est bleu azur comme un ciel de
vacances.
Que faut-il faire ? Que peut-on faire ? Les
enterrer, mais ils sont si nombreux ? Non. Nous, on doit poursuivre notre
progression. Cela ne nous regarde pas et cela nous arrange. Et pourtant…
La brise légère apporte les relents putrides des corps en décomposition. Nous avons arraché nos chemises ou extirpé des mouchoirs que nous pressons sur nos nez. La
pestilence est telle que nous vomissons.
Le spectacle, lui, nous le connaissons. Les corps sont
gonflés, mutilés. Le sang est noir. Viscères, os à nus, cervelles, membres
arrachés, chacun de nous connait cela.
Mais l’odeur, cette odeur qui vous colle à la peau, cette
odeur que l’on fuit, cette odeur qui nous fera brûler nos treillis et nous
laver frénétiquement dès que nous le pourrons, nous ne parviendrons jamais à
nous en défaire. Elle nous poursuivra dans nos cauchemars et nous nous
réveillerons en sueur pendant longtemps encore.
Les chiens sauvages reculent au loin en nous voyant. Ils viendront continuer leur macabre repas dès que nous aurons traversé,
dès que nous leur tournerons le dos.
Nous pressons le pas. Certains courent, le bras sur le nez,
pour être plus vite loin, très loin de cette odeur qui nous rend fous.
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