samedi 7 mai 2022

Mémoires et radotages (418) – Le rêve éveillé

 

Écrit le 05 mai 2022

Il y a des fois, où on rêve tout éveillé… c’est plus propice aux retraités, qui ont le temps de rêvasser… Il suffit d’un élément déclencheur pour aller dans ce monde parallèle pendant quelques instants…

Je regardais cet après-midi, le film « Lion » qui raconte l’histoire émouvante d’un petit Indien de cinq ans (de l’Inde, pas du far west), qui avait été séparé de sa mère, ne la retrouvait pas, puis, qui a été mis en adoption chez des Australiens… J’y allais de plus en plus de ma petite larme… à vrai dire, à flot ininterrompu…

Et là, un déclic qui m’a fait passer dans le rêve éveillé : ça m’a fait penser à mon Papa, orphelin très jeune, puis ramené en France, il pleurait, éprouvait exactement les sentiments de ce petit Indien… J’ai repensé à son histoire chez des familles d’accueil pas toujours sympa, un curé et un maître d’école qui, profitant de son manque de protection familiale, le frappaient et lui faisaient faire des corvées… Je pensais au désarroi de mon Papa, je pensais ensuite à ce très bon père qu’il avait été pour nous, ses trois enfants ! Il ne voulait pas que ses enfants vivent ce qu’il avait vécu. Il n’a pas été comme certains qui se vengent sur leurs enfants de ce qu’ils ont vécu eux-mêmes… Non ! Il a été si juste, si aimant, si exemplaire…

Et puis le rêve éveillé se prolongeant, j’ai pensé à nos trois enfants… Et si on avait eu un accident mortel, nous, les parents ! Que seraient devenus nos petits garçonnets ? Qui s’en seraient occupés… J’ai fait le tour mentalement… Leurs parrains ? Très peu probables ! Leurs tantes ? Pas sûr, et certainement avec si peu de motivation qu’ils auraient été malheureux… Mes parents, certainement, l’auraient-ils fait avec bon cœur parce que c’était leurs petits enfants, mais pendant un temps insuffisant pour qu’ils sortent du cocon… Je sais qu’ils auraient eu de la peine, nos petits et auraient eu un traumatisme, comme mon père…

Et puis j’ai repris conscience : Nous ne sommes pas morts, nous avons réussi à nous occuper d’eux, à les aimer… Et j’ai réalisé que finalement, quand chaque jour je me disais que j’avais eu tort de les mettre au monde dans cet enfer sans avoir pu les pistonner, les privilégier, les caser dans la société… et bien j’avais eu tort de penser cela, étant donné tout ce qu’on a fait pour eux, tout le boulot super crevant pour faire bouillir la marmite, tout le bonheur qu’ils ont eu (et nous aussi), cela valait bien la peine de nous être donné cette peine, même si nous n’avons pas pu les faire monter dans l’ascenseur social… Et donc pour la première fois, j’ai éprouvé de la joie et de la satisfaction : nous leur avons évité le scénario du petit Indien et c’est largement bien !

Et c’est à ce moment que je reprenais pied dans le film : Le gamin devenu homme retrouve sa mère en Inde 25 ans après ! Youpi !... Il parait que ce film est une histoire vraie !

Il y a chaque seconde dans le monde des millions d’enfants abandonnés, malheureux traumatisés, pas aimés… Heureusement qu’on y pense pas en permanence… On ne pourrait plus vivre…

     

 

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