Rubriques du bulletin
1 Travail
2 Moral
Travail
NDLA : En fait, le précédent employeur était en dépôt de bilan. Je n'ai pas été payé (ni embauché d'ailleurs). J'ai travaillé gratos pendant une semaine et demie. J'ai refusé à deux constructeurs nationaux, deux embauches en CDD pour remplacer des conducteurs de travaux en vacances (j'aurais dépensé ma paye en déplacement). J'ai profité de ce temps pour faire rentrer du pognon dans ma boite (créances de retenues de garantie), pour fermer ma boite (comme un con j'ai trop attendu, il a fallu que je paye un Impôt forfaitaire annuel de 5000 F) et pour continuer à chercher du taf...
Au
soir d’un long voyage, harassé et fourbu, Je réalise enfin mes illusions
perdues.
Je ferraille tel un duelliste sans concrétiser, A quoi sert
de se battre si l’on ne sait gagner.
Cent fois avec ma ligne j’ai cru pouvoir ferrer, Aucun
poisson ne mord mais l’appât est mangé.
A courir à tous les rendez-vous je m’ échine, Avec pour tout
résultat d’user la machine.
D’entretien en entretien ma valeur augmente, Offrez moins,
embauchez, pour que je m’alimente!
A-t-on vu qu’un produit prenne de la valeur, Quand il ne se
vend point c’est une grave erreur.
J’investis, je dépense pour trouver un emploi, Ca ne sert
vraiment à rien ou alors à quoi ?
Du travail ai-je eu beaucoup plus que ma part,
Pour que je doive maintenant ne plus en avoir ?
Moral
Les
voix du destin sont-elles impénétrable, Pour moi l’avenir me semble bien
minable.
Précipiter ma perte, dois-je continuer, Ou prolonger l’agonie
et me replier?
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, Boileau avait
raison pour les intelligents.
Mais de cette catégorie je semble
m’extraire, Et de l’irrationnel j’ai fait mon ordinaire.
Vraiment qu’il est difficile d’avoir cinquante ans,
Cinquante ans de bêtise, cinquante ans de tourment.
Rêvant d’une corde, liane
salvatrice, La fin de mon enfer, à ce dernier supplice.
Ma dignité avec le travail est partie, Je ne soutiens plus
de mes enfants le regard.
A quoi sert la vie si l’on ne peut la donner, Devant mes
chers petits je reste là, hagard.
J’ai honte de moi même et j’en ai du mépris, Inutile je suis
et sans virilité.
Aurais-je l’énergie pour continuer un peu, La
semaine prochaine ces rendez-vous piteux ?
Du monde du réel je dois me retirer, Cinquante
ans de connerie, peut-on avoir pitié ?
A mes enfants je n’ose demander pardon, D’être
si incapable de les élever.
A mes pauvres parents je demande pardon, Pour un
bon à rien de vous être sacrifiés.
La vie ne vaut pas la peine d’être vécue, Si de
notre devoir la nature nous exclut.