Les
symptômes résultent de la compression du nerf médian au poignet (voir schéma).
Dans le poignet, le nerf médian et les tendons fléchisseurs des doigts
traversent un « tunnel » nommé canal carpien. Ce canal est relativement
restreint. Toute condition qui réduit cet espace, par exemple de
l’inflammation, entraîne une compression du nerf médian. Certains mouvements
des doigts, surtout du pouce, se contrôlent alors moins bien ou plus du tout.
Les sensations dans la main peuvent aussi être modifiées.
Le
syndrome du canal carpien touche environ 11 % des femmes et 3,5 % des hommes15.
Il tend à apparaître soit au début de la cinquantaine, soit passé l’âge de 75
ans. Les symptômes sont d’abord légers et passagers, puis s’intensifient avec
le temps.
Causes
L’origine
du syndrome du canal carpien est souvent multifactorielle. Le risque est plus
élevé chez les travailleurs exposés aux situations suivantes.
La répétition de mouvements du poignet et
de l’avant-bras durant des périodes prolongées.
Les mouvements qui demandent une force
importante dans la main.
Les postures contraignantes pour la main.
La manipulation d’outils qui vibrent.
Pour
le moment, on ne sait pas si le travail à l’ordinateur peut contribuer au
problème. En effet, les études menées jusqu’à présent n’ont pas établi de lien
évident entre l’utilisation régulière du clavier et le syndrome du canal
carpien18,19. Cependant, l’usage fréquent de la souris (plus de 20 heures par
semaine) augmenterait le risque, selon une étude17.
Parmi
les autres causes possibles figurent les blessures au poignet, l’arthrite au
poignet et les atteintes neurologiques en conséquence d’un diabète.
Les
fluctuations hormonales vécues durant la ménopause, la grossesse ou un état
d’hypothyroïdie créent un environnement propice au syndrome du canal carpien.
Durant la grossesse, par exemple, la rétention des fluides ajoute de la
pression sur le nerf médian.
Évolution
La
durée des symptômes varie selon la cause. On peut généralement traiter le
syndrome du canal carpien efficacement sans qu’il en résulte une diminution
permanente du volume des muscles de la main (atrophie).
Des
chercheurs ont observé, dans le cadre d’une étude, que dans le tiers des cas,
le syndrome du canal carpien disparaissait spontanément, sans traitement16.
Si
les symptômes ne sont pas soulagés par les traitements usuels, une chirurgie
peut être envisagée.
Symptômes
- Des engourdissements ou des picotements à la main et aux doigts (surtout au pouce, à l’index et au majeur).
- Une douleur au poignet et à la paume, qui irradie vers les doigts ou vers l'avant-bras (parfois jusqu’à l’épaule).
- Une difficulté à saisir les objets, même légers.
Souvent, les symptômes s’accentuent :
- durant la nuit;
- à l’activité, par exemple durant la conduite d’un véhicule ou lorsqu’on tient le téléphone;
- chez les femmes, avant les menstruations, durant les derniers mois de la grossesse et peu après l’accouchement.
Personnes à risque
- Les personnes qui, dans le cadre de leur travail, opèrent de la machinerie qui produit de la vibration, les préposés à l’entretien ménager, les travailleurs de l’industrie alimentaire, les travailleurs sur les chaînes de fabrication, les préposés au service (aliments et boissons), les chauffeurs de camions et d’autobus et possiblement les personnes qui travaillent à l'ordinateur en utilisant beaucoup la souris (plus de 20 heures par semaine).
- Les personnes dont un membre de la famille proche a déjà souffert de cette affection. Certaines caractéristiques physionomiques, comme la forme du poignet, peuvent accroître le risque.
- Les personnes qui s’adonnent à certains loisirs, comme le jardinage, les travaux d'aiguille, les jeux vidéo, le golf, le canotage et les sports en fauteuil roulant.
- Les femmes enceintes et celles qui sont en ménopause.
Facteurs de risque
- Certaines maladies telles que le diabète, l’arthrite rhumatoïde ou l’hypothyroïdie, si elles ne sont pas traitées ou contrôlées.
- La prise de contraceptifs oraux.
- Les blessures au poignet.
La prévention du syndrome du canal carpien
Mesures préventives de base
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Les traitements médicaux du syndrome du canal carpien
L’électromyogramme
(EMG) est parfois utilisé pour confirmer le diagnostic lorsque les symptômes ne
sont pas typiques ou avant de procéder à une chirurgie. Il s’agit d’un examen
fait par un neurologue qui permet de mesurer la vitesse de conduction nerveuse
dans le poignet. Cet examen permet de savoir si c’est bien le nerf médian qui
est touché, et à quel degré.
Il faut d’abord traiter toute maladie ou
blessure qui pourrait être la cause du syndrome. Les douleurs au poignet
et à la main disparaissent généralement dès qu’on traite, par exemple,
l’hypothyroïdie qui les avait engendrées.
Repos
En l’absence d’une blessure ou d’une autre maladie
associée, le traitement consiste d’abord à reposer le poignet atteint en
interrompant l’activité répétitive qui en est la cause ou en en modifiant le
rythme et l’intensité.
Le médecin propose parfois le port d’une attelle
durant la nuit. L’attelle empêche de plier le poignet et ainsi de comprimer le
nerf médian en dormant.
Soulagement de la douleur
Appliquer de la glace là où la douleur est
ressentie, durant 10 à 12 minutes, quelques fois durant la journée.
L’application de chaleur peut aussi aider à calmer la douleur dans
l’immédiat. Il est également conseillé de procéder à une hydrothérapie de
contraste une fois par jour : immerger la main et le poignet durant
3 minutes dans un bol d’eau chaude, puis durant 30 secondes dans
l’eau froide. Répéter l’exercice 3 fois de suite.
Si nécessaire, les médicaments analgésiques
(acétaminophène) ou les anti-inflammatoires (aspirine, Advil®, Motrin®, etc.)
peuvent parfois soulager la douleur, mais sont globalement peu efficaces pour
ce type d’affection. Notez que les anti-inflammatoires n’accélèrent pas la
guérison.
Dans les cas plus graves, il peut arriver que le
médecin suggère une injection de cortisone à l’entrée du canal carpien.
Ce traitement procure un soulagement durant 3 mois, en moyenne.
Quelques conseils
-
Utiliser davantage la main non douloureuse.
- Modifier la position de travail. - Trouver une nouvelle manière d’utiliser la main atteinte, avec un outil différent. - Réduire la consommation de tabac. Le tabagisme accentue les symptômes et ralentit la récupération.
-
Voir les autres mesures décrites dans la section Prévention.
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Réadaptation
Si les moyens précédents ne suffisent pas à faire
disparaître les symptômes, un programme de physiothérapie pourrait être
bénéfique, bien que son efficacité n’ait pas été démontrée de façon évidente.
Le but du traitement est de diminuer la réaction inflammatoire dans les tissus
avoisinant le nerf médian et de renforcer les muscles des articulations du
poignet et de la main.
Chirurgie
Si les douleurs persistent au bout de plusieurs mois
de traitement et que le travail rend à risque de récidive, on pourra
envisager une intervention chirurgicale suivie de séances de physiothérapie. La
chirurgie consiste à entailler le ligament qui fait pression sur
le nerf médian (voir schéma).
La chirurgie peut se pratiquer par une incision
d’environ 5 cm
(2 po)
au poignet ou par endoscopie, avec 2 petites
incisions (une sert à introduire un tube muni d’une minuscule caméra et
l’autre, l’instrument chirurgical).
Un soulagement durable de la douleur, des
engourdissements et des fourmillements se produit chez la grande majorité des
personnes ainsi traitées. L’intervention comporte toutefois certains risques,
comme celui d’endommager un nerf de façon temporaire (1 cas sur 100)
ou permanente (1 cas sur 1 000).
Le syndrome du canal carpien est certainement le
premier diagnostic à envisager en cas d’engourdissement des mains. Mais voyez
votre médecin, car il y a d’autres causes possibles.
Le port d’une attelle et parfois l’injection de
cortisone sont recommandables pendant que l’on révise la posture au travail et
que l’on tente d’éliminer tout facteur aggravant. N’oubliez pas que
1 personne sur 3 en guérit spontanément!
Il n’en reste pas moins que certains patients auront
besoin d’une chirurgie. Celle-ci produit de bons résultats. Elle évite que le
nerf perde toute sa fonction, dans les cas où il est resté comprimé trop
longtemps, et que les muscles de la main s’atrophient.
Dr Dominic Larose, M.D.
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