Macron, le coronavirus et
l’inconséquence du progressisme
(Titre sur Valeurs actuelles du 19 mars 2020)
Macron à l'épreuve du COVID-19: le retour de la nation ?
(Titre sur l’article en ligne le 23 mars 2020)
Père Danziec
*
Publié
le 23/03/2020 à 10:00
Depuis les débuts de la crise, les mots choisis par le
président de la République sonnent à la fois fort et faux. Le chef de l'État a
prévenu qu'il nous faudrait changer de modèle. Mais peine à faire tomber ses a
priori, constate le Père Danziec.
Les frontières n'arrêtent pas les virus, raconte-t-on.
Certes. Mais tousser dans son coude non plus. En revanche, la vérité oblige à
dire que le contrôle des frontières comme l'orientation de sa toux peut en
diminuer les effets. Et tout le paradoxe macronien se manifeste en ces limites
extérieures si moquées et “en même temps” déjà remplacées en certains endroits
par des frontières intérieures liées aux fameux clusters et autres politiques
de confinement.
Le retour opportun d'une rhétorique nationale
Depuis le début de la pandémie, on ne peut que
s'étonner des mesures à géométrie variable entre des pays pourtant voisins. L'Union européenne, qui n'hésite pas auprès
de ses États membres à imposer ses vues en matière sociétale, a manifesté
toutes ses limites pour gérer d'une façon solidaire et concertée un défi
sanitaire de premier ordre. Si Emmanuel Macron, lors de son intervention
télévisée, n'hésita pas à parler d'union sacrée quant à « la plus grave
crise sanitaire qu'ait connue la France depuis un siècle », jamais pour
autant le discours présidentiel n'évoqua l'Union européenne.
Il semble que certains mots face au péril du
coronavirus pèsent davantage pour fédérer un peuple… Ainsi, l'expression
totémique des “valeurs de la République” n'a pas été une seule fois prononcée.
Et le mot “République” lui-même ne fut cité qu'une fois : dans la formule
incantatoire finale, « Vive la République, vive la France ». À
l'inverse, les mots “France” et “nation” ont été invoqués par le chef de l'État
respectivement à neuf et huit reprises. Intéressant.
Et si, de manière inattendue, le coronavirus s'avérait
un antidote, contraint et radical, contre la matrice progressiste qui sous-tend
la conduite de la France depuis Mai 68 ?
Comme souvent cependant dans un discours, c'est la
conclusion qui tient lieu d'essentiel. « Les prochaines semaines et les
prochains mois nécessiteront des décisions de rupture », avertit le
président. Et d'ajouter, en ce qui pourrait s'apparenter à l'ébauche d'un
examen de conscience, « le modèle de développement dans lequel s'est engagé
notre monde depuis des décennies […] dévoile ses failles au grand jour »
. N'est-ce pas justement ceux qui critiquent depuis longtemps les failles
du mondialisme qui sont traités régulièrement de prophètes de malheur ou de
méchants conservateurs ? La nature même de la philosophie progressiste cherche
à coller au sens de l'histoire, et qu'importe si elle va à l'encontre de la
paix des âmes dans la dénaturation de la famille, de l'identité des peuples
dans l'irrespect de ses racines et de la concorde civile à travers le
multiculturalisme.
La fin du progressisme, mais à quel prix ?
Pour le chef de l'État, ce serait folie de «
déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre
cadre de vie à d'autres. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus
encore que nous ne le faisons déjà une nation souveraine ». Du Marine Le
Pen ou du Donald Trump dans le texte. Et si, de manière inattendue, le
coronavirus s'avérait un antidote, contraint et radical, contre la matrice progressiste
qui sous-tend la conduite de la France depuis Mai 68 ? Un virus antidote ? Mais
qui risque hélas d'être terriblement cher payé.
* Ecrivant sous pseudonyme, le père Danziec
est un jeune prêtre chroniquant chaque semaine sur le club VA.
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