@ 2010-01-21 – 15:16:09
Profitant d’une rémission passagère, il recommençait
depuis quelque temps, à mordre la vie à pleines dents, comme il l’avait fait
toute sa vie, avec ardeur et pugnacité. Mais ces jours-ci, sa vie le
rattrapait, avec son cortège de maux aux futurs funèbres du quatrième signe du
zodiaque !
Au départ, il n’en avait cure, mais physiquement, il
était très atteint et comprenait qu’il n’avait plus le pouvoir d’agir selon son
éthique et selon ce qu’il croyait être. Suivant le dicton, « il ne pouvait
plus être et avoir été », ce qui l’agaçait prodigieusement et lui pesait
davantage sur le moral, que la perspective de sa finitude annoncée…
Renoncer à l’application de ses principes, à son
caractère, au courage, à l’honneur, était autant de honte qui le rongeait
insidieusement.
Il en vint à appeler cette fin qui tardait à venir et
qui mettrait un point final à tous ses renoncements, à toutes ses défaites,
d’un présent haïssable.
Vivre sans être, n’est plus vivre. Il ne pouvait s’y
résigner. Il était un autre, un individu dans lequel il ne se reconnaissait
pas. Pourquoi le destin l’avait-il privé de sa raison d’être ? Pourquoi ne
pouvait-il plus être lui-même, avec le cortège de petites fiertés qui
emplissaient sa vie ?
Il aurait souhaité à cet instant perdre toute
lucidité, afin de ne pas percevoir « des ans l’irréparable outrage ».
Mais hélas, il ne pouvait que constater les méfaits du temps sans pouvoir
porter un quelconque remède aux volontés du destin.
Il faut savoir admettre les effets de la vieillesse,
mais il ne savait pas et comme son père, il ne parvenait pas à s’y résoudre.
Son père avait caché sa honte en vivant jusqu'à sa
mort à l’écart de la société dont il ne voulait plus affronter le regard.
Il résolu de pratiquer de même, tant sa décrépitude
lui semblait méprisable et tant sa fierté était restée la même, seul trait de
caractère qu’il pouvait encore exercer, même si ce n’était plus à bon escient…
Il adjura le ciel d’en finir promptement, il ne
voulait pas vivre la suite d’une histoire sans saveur, d’un futur sans avenir…
Il faut savoir vivre, mais lui, il ne savait plus…
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