L’onirique vision qu’il eut cette nuit là, l’emmena en un
siècle fort différent et lui fit vivre la vie d’un personnage qui avoit existé.
Toute une vie, dont, à son réveil il se souvint encore. Il lui étoit permis de
revivre durant la journée dans son esprit cette vie d’un autre, à seule fin de
soulager sa peine. La seule condition à lui imposée étoit de ne point succomber
aux appels du malin…
De fait il se mit à vivre et à ressentir l’existence de ce
grand personnage en resve entrevu… Et pendant dix jours, ses tourments ne
l’accablèrent plus, tant son existence à travers celle d’un autre lui rendoit
une énergie pour affronter les mille tracas de sa courante vie.
Hélas, le malin savoit se cacher et prendre toute forme.
Notre pauvre homme, n’y voyant nul mal, commerça avec le roi des ténèbres.
Instantanément, toute cette vie par procuration qu’il étoit censé vivre,
disparut en un instant de sa mémoire emportant en même temps l’énergie et le
bonheur éphémère qui lui avoit été accordé.
Cette chute brutale fit replonger le vieil homme dans un
état pire qu’avant. De plus les questions des nombreux « amis » qu’il se fit
pendant ce court laps de temps furent nombreuses.
Il s’aperçut que ces questions étoient parfois fort inquisitrices, parfois entachées de curiosité malsaine.
Il compris qu’encor une fois, les amis, n’étoient pas de vrais amis. Amis seulement pour la joie qu’il leur avoit apporté, mais pas pour le soutenir dans le tourment où il étoit retourné et où l’on préféroit l’enfoncer davantage.
Il s’aperçut que ces questions étoient parfois fort inquisitrices, parfois entachées de curiosité malsaine.
Il compris qu’encor une fois, les amis, n’étoient pas de vrais amis. Amis seulement pour la joie qu’il leur avoit apporté, mais pas pour le soutenir dans le tourment où il étoit retourné et où l’on préféroit l’enfoncer davantage.
Le vieil homme, qui accusant le coup, sembloit (semblait) vieilli un
peu plus, prit une décision, dans l’urgence où la situation le tenoit. Il s’en
fut loger tel un troglodyte en une modeste grotte loin des lieux habités, afin
de préserver ce qu’il lui restoit de vie.
Chaque jour il prioit le ciel de ne point revivre
semblables évesnements.
De fait, il ne refusoit point la civilisation, car des
promeneurs, il ne pouvoit éviter les venues éventuelles. Il tenoit simplement à
se protéger. Cela n’empeschast (n’empêchât) point certaines anciennes connoissances de venir
quérir de ses nouvelles, afin de colporter ragots et méchancetés.
Depuis lors, le vieil homme aigri essaya de réapprendre à
parler tout seul, de faire ce qu’il vouloit, blanc le matin ou noir
l’après-midi, sans avoir de compte à rendre à tel ou tel seigneur, à tel ou tel
mécréant. Si quelques passants, manants ou gueux, venoient lui rendre visite,
il les recevoit céans en son logis, se réservant le droit de les expulser, si leur
comportement n’étoit pas conforme à la politesse des lieux.
Bien des tourments l’assailloient, surtout depuis que le
haut mal s’étoit emparé de sa cervelle.
Sa seule devise dorénavant, fut « Il vaut mieux estre seul
que mal accompagné ! »
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