Publié
le 31/01/2019 à 11:30 par Natacha Polony Directrice de la rédaction de Marianne
Nous
avions eu la première alerte au soir du 31 décembre. Le président de la
République, le regard grave et le ton solennel, nous avait lancé : « Le
capitalisme ultralibéral et financier, trop souvent guidé par le court terme et
l'avidité de quelques-uns, va vers sa fin. » Fichtre ! Et l'on ne nous avait
même pas prévenus ! Du coup, Bruno Le Maire, en bon soldat, s'aventure un pont
plus loin. Il faut, nous dit-il, « refonder le capitalisme » car « le
capitalisme des inégalités est mort, il ne nous mènera nulle part ». Refichtre
! Les mêmes qui faisaient campagne sur l'adaptation de la France à la
mondialisation par la flexibilisation du droit du travail et la course à la compétitivité
nous proposent, tout seuls, avec leurs petits bras musclés, de renverser la
table et de dynamiter Davos.
Dans l'Opinion, quotidien qui se dit «
libéral » mais feint d'ignorer la différence entre Tocqueville et Thatcher, Nicolas Beytout s'insurge : « On a vu dans
l'histoire des pays soviétiques ce que donnait le culte du nivellement par le
milieu et la vitesse à laquelle ce système se transforme en nivellement par le
bas et la pauvreté. » Sur la description du système soviétique, il a parfaitement
raison. Mais devons-nous en conclure qu'il n'y aurait de choix qu'entre le
capitalisme dérégulé qui sévit depuis quarante ans, dont la paupérisation de
nos classes moyennes et populaires est une des conséquences, et la
collectivisation des moyens de production ? Le tort de Bruno Le Maire ne serait pas d'être parfaitement hypocrite,
mais de concéder un peu à ceux qui pensent que le bilan du néolibéralisme
développé par Reagan et amplifié sous Bill Clinton est calamiteux, notamment
pour notre industrie et notre agriculture.
On se doute pourtant qu'Emmanuel Macron
et Bruno Le Maire n'ont pas soudainement décidé de sortir la France de ses
alliances et traités. Tout au plus ont-ils compris que quelques mots sur la
taxation des multinationales et la répartition des richesses pourraient
retarder la prochaine explosion. Dommage, car l’enjeu mérite davantage que des
poncifs simplistes si l’on veut éviter que la colère, un jour, n’emporte tout.
Faut-il donc expliquer, comme Marianne s’y emploie depuis des années,
la différence entre libéralisme et néolibéralisme, le second se caractérisant par la suppression
systématique, au nom de l’idéologie du libre-échange total, de toutes les
régulations mises en place après la seconde guerre mondiale pour limiter la
constitution de monopoles et la prédation par les forces économiques les plus
puissantes. Le néolibéralisme, c’est le règne de la concurrence faussée, qui
aboutit à l’alignement par le bas des modèles sociaux et de la qualité des
produits. Le néolibéralisme, c’est le libre cours laissé au déséquilibre entre
les territoires, au recul des états concurrencés par les paradis fiscaux, c’est
la mise en coupe réglée de tous les domaines de l’activité humaine, soumis à la
financiarisation, c’est à dire l’obsession non de produire et de créer, mais de
faire de l’argent avec de l’argent. Bref, c’est le contraire absolu du
libéralisme.
Il
y aurait bien une réponse à cela, autre que les déclarations démagogiques, et
nous serions tentés de la suggérer au Président de la République. Cela
s’appelle la Politique. Cela consisterait, par exemple, à pénaliser non pas
ceux qui investissent et ceux qui créent, mais ceux qui abusent de leur
position dominante, et pour cela imposer à nos partenaires un rapport de force
qui irait au-delà des annonces mirobolantes et creuses sur la taxation des
GAFA. Cela consisterait à récompenser l’effort, celui des artisans, des
employés, des commerçants, des petits patrons, plutôt que de leur faire payer
par des sommes délirantes et des impôts supplémentaires le fait qu’ils n’aient
pas des armées d’avocats fiscalistes pour « optimiser » leur
déclaration.
Allons plus loin. Faire de la politique,
ce serait soutenir le tour de table qui se constitue pour racheter à General
Electric la branche nucléaire d’Alstom
(Note de Zaladeau : Responsable : Macron), et
dont Marianne se faisait l’écho la
semaine dernière, d’abord parce qu’elle est florissante, ensuite parce que
c’est un outil de souveraineté dont nous n’aurions jamais du nous séparer. Ce
serait d’entendre les sénateurs qui ont eu la lucidité de s’élever contre la
privatisation d’Aéroports de Paris (N.D.Z : Encore
Macron). Ce serait prendre conscience que la vente de l’Aéroport de
Toulouse à un consortium chinois (N.D.Z : Toujours
Macron) au nom du laissez-faire était une ânerie dont nous voyons
aujourd’hui les conséquences. Ce serait comprendre enfin qu’une guerre
commerciale est en cours, que les Etats-Unis, en lançant l’offensive contre
Huawei, ont décidé de faire payer à la Chine son avance sur la 5G, et ue les
européens, une fois de plus, sont aux abonnés absents.
L’économie
n’est pas une loi naturelle qui nous tomberait du ciel, elle est une des
branches de la politique pour combattre l’injustice et le désespoir, qui virent
à la haine, qu’elle soit celle (N.D.Z : La haine)
des riches ou d’autres boucs émissaires.
N.D.Z : Recopié manuellement. Excusez les fautes de frappes
éventuelles.
Ainsi Polony est revenue à ses anciennes amours mais pas en qualité d'éditorialiste mais carrément directrice de la rédaction de Marianne, depuis septembre 2018. Je peux donc dire, pour cette femme de gauche : " chasse le naturel et il reviendra au galop ". Je doute que chez Marianne, ses réactions ressemblent aux éditoriaux qu'elle présentait dans le Figaro. J'aimais la femme de gauche repentie que je découvre maintenant opportuniste.
RépondreSupprimerBonne soirée !