On a eu bien
de l'honneur, de celui que l'on a en soi, que l'on exerce, sans exhibition. Pas
celui de ceux qui sont censés vous rendre honneur. Non ! On ne pourrait pas
dire que notre honneur a servi à attirer les honneurs.
Il nous a
servi à n'avoir pas à rougir de nous, enfin, le moins souvent possible.
Être fier de
soi, quoi qu'il nous en coûtât, fut le principe directeur d'une partie notre
vie. On savait qu'à chaque occasion, nous nous attirerions la haine des jaloux,
la haine des couards et que globalement si on nous a parfois admiré, on nous a
plus souvent haï d'être différents.
C'est
pourquoi, à chaque fois que nous mettions notre courage en action, nous savions
d'avance que nous en paierions le prix au centuple. Nous savions donc que nous
sacrifierions notre carrière, notre avenir, notre place dans la société.
Certes, nous
avons eu de la "chance", (mais est-ce une chance ?), de ne
pas perdre la vie...
Il n'y a
pourtant de bon héros, que les héros morts. Alors pourquoi être vivant ?
N'est-il pas
plus intolérable, d'être mis d'une certaine manière au ban de la société, parce
qu'on est différent, comme un voyou, comme un criminel ? Avec en plus la
jalousie des gens, ce qui n'est pas le cas pour un criminel...
Le courage et
l'honneur, c'est de savoir qu'il n'y aura que nous-mêmes pour les apprécier et
que survivre sera le prix immense à payer ; c'est aussi de savoir qu'il faut de
plus en plus de courage au fil du temps, pour en porter le fardeau cumulatif.
Il fallait donc que nous soyons sacrément fous ou imbus de nos personnes, pour
recommencer...
Amères
victoires éphémères sur soi-même mais défaite définitive. L'usure de ce poids à
porter nous fait effondrer, là, où le commun des mortels continue allègrement
sa route.
Une sorte de
mort avant la mort...
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