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Flatulences excessives : causes, traitements, comment les éviter ?
Mis à jour le 05/08/2025 à 16:24 par Amélie Pelletier Journaliste
En l’absence de symptômes associés, l’excès de flatulences
ne traduit aucune maladie et n’a pas le moindre caractère de gravité. Évacuer
beaucoup de gaz n’a donc aucune conséquence si ce n’est la gêne sociale que
l’émission de pets peut entraîner. Pour y remédier, certaines règles d’hygiène
de vie s’imposent. Le point avec le Dr Philippe Godeberge,
gastro-entérologue et hépatologue à Paris.
Flatulences, gaz, pets, éructations (aérophagie), ballonnements : la
définition
Il s'agit tout simplement d'une accumulation excessive de gaz dans
l'estomac et/ou l'intestin, ce qui provoque des ballonnements et une
évacuation de ces gaz par la bouche (éructation) ou l'anus (pet).
Il existe un certains nombre de mots associés à ce phénomène : les bruits
intestinaux que l’on entend chez les personnes ballonnées sont des
"borborygmes" ou "gargouillements" ; l’éructation (le fait
de roter) est souvent appelée "aérophagie" et l’émission de gaz par
l’anus est caractérisée par le terme "pets" ou "gaz intestinaux".
Quand les gaz intestinaux deviennent gênants (malodorants, excessifs...)
Les flatulences présentent généralement une odeur désagréable quand le corps
l’évacue sciemment ou non.
Pets, gaz, flatulences… Quel que soit le nom qu’on leur donne, ces émissions
de gaz parfois malodorant sont un processus parfaitement physiologique.
Constituées d’un mélange d’hydrogène, de méthane et dioxyde de carbone, elles
résultent de la fermentation, par les bactéries présentes dans
le côlon, des résidus alimentaires non absorbés.
Leur production peut être jugée excessive par certains, mais il s’agit là
d’une "impression purement subjective, qui dépend de l’idée que ces
personnes se font de la production "normale" de gaz
intestinaux", souligne le Dr Godeberge.
D'ailleurs, une personne en bonne santé émet en moyenne entre
13 et 21 flatulences par jour, ce qui représente 0,5 à 1,5 litre d’air.
"La plupart du temps, les gens ne s’en rendent pas compte, car
l’évacuation de ces gaz a lieu dans des circonstances appropriées : ils sont
seuls, aux toilettes, en pleine nature… Ce n’est que lorsque l’envie de péter
survient à des moments inopportuns et que l’on est obligé de se retenir ou, au
contraire, dans l’incapacité de se retenir, qu’elle est mal vécue".
Plus que l’excès de gaz / flatulences, ce serait donc leur évacuation qui
poserait problème. D’ailleurs, les plaintes pour flatulences excessives
émanent davantage des femmes que des hommes, traduisant une gêne
sociale typiquement féminine, souligne le gastro-entérologue.
Les causes des gaz intestinaux
Présence d'une bactérie : ventre gonflé et gaz
Le volume des flatulences dépend essentiellement de deux choses,
interdépendantes : la composition du microbiote intestinal et
l’alimentation.
"Certains profils de microbiote intestinal ont une propension à
produire davantage de gaz que d’autres. Or, on sait que la nature des
microorganismes qui composent cet écosystème (notamment les bactéries), est
modulée par divers facteurs : l’alimentation, les antibiotiques, les
antécédents de maladie
intestinale (en particulier la diarrhée du voyageur), le stress... ",
explique le gastro-entérologue.
La production excessive de flatulences peut s’accompagner d’une sensation de
ballonnement au niveau de l'intestin. Elle n’en est pourtant pas nécessairement
la cause, même si l’évacuation des gaz intestinaux soulage temporairement le
ventre en diminuant la tension abdominale. Une étude* a en effet révélé que les
personnes souffrant de ballonnements
ne produisent pas davantage de gaz que les autres, mais les expulsent plus
souvent. En cause, la présence d’une bactérie, Bilophila wadsworthia,
productrice d’un gaz irritant qui augmente la sensibilité intestinale. Ce n’est
donc pas la quantité de flatulences qui est à l’origine de l’inconfort, mais
leur nature.
A contrario, "on peut aggraver la sensation de ballonnement à force
de s’empêcher d’évacuer les gaz", souligne le Dr Godeberge.
Incontinence aux gaz intestinaux
Dans d'autres situations, ce qui est en cause n'est pas la quantité de gaz
intestinaux, mais l'impossibilité de contrôler leur évacuation.
La perte involontaire des flatulences, appelée incontinence au gaz,
est loin d'être exceptionnelle. Cette baisse ou perte du contrôle s'observe
notamment quand la région anale ou périnéale est altérée ; soit de façon
transitoire, comme après un accouchement ou une intervention chirurgicale ;
soit de façon permanente à cause de l'âge ou d'une maladie neurologique.
La constipation
Autre cause possible de flatulences : la constipation. En effet,
l’accumulation des selles dans le gros intestin prolonge et accentue le
processus de fermentation à l’origine de la production de gaz intestinaux.
Pourquoi a-t-on plus de gaz en vieillissant ?
L'âge rime parfois avec une augmentation des flatulences, car l'organisme
produit moins d'enzymes digestives, ce qui favorise la production de gaz
intestinaux. En effet, les aliments fermentent plus lentement, puisque le
système digestif tourne au ralenti. La prise de médicaments ainsi que la
sédentarité peuvent être des facteurs aggravants.
Quelles maladies peuvent provoquer beaucoup de gaz intestinaux ?
Plus rarement, les flatulences excessives peuvent être le signe d’une
mauvaise absorption intestinale des aliments (le passage des substances que
nous ingérons à travers les parois de l'intestin), liée à certaines maladies :
Sibo (une maladie intestinale méconnue caractérisée par une pullulation
bactérienne de l'intestin grêle), intolérance
au lactose (le sucre du lait) ou maladie
cœliaque notamment. Une consultation chez un médecin, associant un
interrogatoire minutieux et un examen clinique, permettra d’orienter le
diagnostic de ces flatulences excessives. Un régime alimentaire spécifique
pourra être proposé.
Quand faut-il s'inquiéter des flatulences (douleurs au ventre, gaz,
rectorragies...) ?
Il n’y a aucune raison de s’alarmer en cas de flatulences jugées excessives.
Quand elles sont associées à d'autres symptômes comme des douleurs
abdominales, une sensation de ballonnement ou des modifications du transit,
on fait probablement face à une colopathie fonctionnelle ou à un syndrome
de l'intestin ou du côlon irritable (un trouble du tube digestif qui
provoque des douleurs abdominales, une constipation ou une diarrhée).
Il est bon de vérifier cette hypothèse lors d'une consultation ; celle-ci
devient en revanche impérative en cas de symptômes de gravité :
S'en débarrasser : comment arrêter d'avoir des gaz intestinaux rapidement ?
Quelle alimentation en cas de gaz dans les intestins ?
Certains aliments sont bien connus pour leur pouvoir fermentescible
:
- les légumes crucifères :
chou, brocoli, choux de Bruxelles,
- les oignons,
- l’ail,
- l’échalote,
- les artichauts,
- les légumineuses (haricots
blancs, rouges, flageolets, pois chiches...).
Sans oublier les féculents (pommes de terre, pâtes, blé, maïs, céréales du
petit-déjeuner - à l’exception du riz), riches en glucides, et tous les aliments
riches en protéines. Limiter la production de gaz intestinaux passe donc
avant tout par une mastication lente, une révision de son alimentation et de
ses repas (sur conseil de son médecin traitant).
"Pas question d’interdire ces aliments, mais d’en limiter la
quantité ingérée. On peut aussi revoir la façon de les consommer, en
privilégiant les légumes cuits aux crudités, de les cuisiner, en les
blanchissant, etc. La façon de les manger est tout aussi importante : la
mastication est la première étape de la digestion, il est donc important de
manger et de boire lentement, de façon à améliorer l’absorption intestinale et
diminuer la production de gaz", recommande le Dr Godeberge.
Comment éviter ou limiter les flatulences ?
Il est également vivement conseillé de réduire sa consommation de
boissons gazeuses, surtout celles qui sont riches en fructose, et de
chewing-gums sans sucres, pourvoyeurs de sorbitol. Le microbiote intestinal
étant très résilient (autrement dit il a naturellement tendance à retrouver sa
composition d’origine), ces modifications alimentaires doivent être entreprises
sur le long terme.
Le Dr Godeberge met en garde contre les analyses du microbiote ou la
recherche des "intolérances alimentaires" par une analyse
de sang. Ces examens coûteux et non remboursés ne débouchent sur aucune
stratégie thérapeutique.
Les tisanes à base de plantes peuvent aider à réduire les ballonnements et à
limiter la production de gaz intestinaux, comme le romarin, la menthe poivrée
et le fenouil. Des cures de probiotiques sont parfois efficaces afin
d'équilibrer la flore intestinale.
Traitements des ballonnements : quels médicaments anti-ballonnements sont
efficaces ?
Il rappelle que la greffe fécale (ou transplantation de microbiote fécal)
n’est pas un traitement reconnu contre les flatulences excessives. La prise
d’antibiotiques, en diminuant la concentration bactérienne du tube digestif,
peut certes s’avérer efficace, mais pose des problèmes de santé sur le long
terme.
En revanche, de manière ponctuelle et pour une durée qui n’excède pas une
semaine, les médicaments à base de charbon végétal permettent de "passer
un cap, même s’ils ne traitent pas la cause des flatulences excessives".
Si une pathologie sous-jacente est en cause, il faudra adapter les mesures
d'hygiène de vie. Des médicaments antispasmodiques peuvent être recommandés
afin de réduire les douleurs abdominales éventuelles.
Face à une médecine quelque peu démunie, seule une bonne
hygiène de vie associant une alimentation adaptée et la pratique régulière
d’une activité physique doit donc être privilégiée pour venir à bout des pets
intempestifs !