2010
Après l'affiche "Non à l'islamisme", Le Pen relaxé d'incitation à la haine
LEMONDE.FR
avec AFP et Reuters | 02.12.10 | 15h14 • Mis à jour le
02.12.10 | 15h59
Le président du
Front national, Jean-Marie Le Pen, a été relaxé jeudi 2 décembre par le
tribunal correctionnel de Paris, devant lequel il était accusé d'avoir, par des
affichettes de campagne "Non à l'islamisme" diffusées sur
Internet, incité à la haine envers la population musulmane.
Le parquet avait
requis contre lui deux mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité
ainsi qu'une amende de 20 000 euros. L'affiche litigieuse avait été diffusée en
février 2010, lors de la campagne des élections régionales, par le mouvement de
jeunesse du FN, en région Provence-Alpes-Côte
d'Azur, puis sur plusieurs sites Internet. Titrée "Non à
l'islamisme", elle représentait une femme intégralement voilée à côté
d'une carte de France recouverte du drapeau algérien, sur laquelle se
dressaient sept minarets en forme de missiles. La Ligue contre le racisme et
l'antisémitisme (Licra) avait saisi le juge des référés du tribunal de
Marseille, qui avait condamné le Front national à retirer les affiches.
Dans un second
temps, la Licra, soutenue par SOS-Racisme et le journaliste algérien Mohamed Sifaoui,
a porté l'affaire devant la justice parisienne pour provocation à la haine
envers une religion.
Les magistrats
de la 17e chambre n'ont pas jugé le dossier sur le fond mais ont débouté les
associations (Licra et SOS-Racisme) qui poursuivaient Jean-Marie Le Pen pour de
pures questions de forme : le tribunal a estimé que Jean-Marie Le Pen n'était
ni l'auteur, ni le responsable des sites Internet sur lesquels l'affiche a été
diffusée, et s'est déclaré incompétent territorialement concernant
l'utilisation de cette affiche.
ISLAM ET
ISLAMISME
A l'audience, le
28 octobre, l'avocat de Jean-Marie Le Pen, absent à son procès, s'était saisi
des menaces du chef d'Al-Qaida, Oussama Ben Laden,
contre la France. "Nous sommes aujourd'hui menacés par l'islamisme (...).
Est-ce que vous allez dire, dans votre jugement, qu'on ne peut plus montrer
d'opposition à l'islamisme ? Faites très attention...", a mis en
garde l'avocat, en s'adressant au tribunal. Durant sa longue plaidoirie, le
défenseur du FN n'a cessé de rappeler que l'affiche litigieuse disait "Non
à l'islamisme" et pas à l'islam. "C'est un procès
d'intention à M. Le Pen !", s'est-il indigné, se faisant le chantre
de la religion musulmane : "Vouloir nous faire dire dans votre
jugement que l'islamisme c'est la même chose que l'islam, c'est un scandale
!"
Jean-Marie Le
Pen, 82 ans, a en grande partie bâti sa carrière politique sur un discours
populiste et anti-immigrés. "C'est trop facile de dire qu'on ne vise
pas les musulmans parce qu'on y a inscrit 'islamisme'", a répliqué
l'un des avocats de l'association SOS-Racisme, Me Antonin Lévy. Sur
cette affiche "est-ce qu'on voit le terrorisme ? est-ce qu'on voit
Al-Qaida ? est-ce qu'on voit Ben Laden ? Non
!".
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