NDLR : J'ai extrait des morceaux choisis qui me semblaient intéressants (c'est subjectif, bien sûr). Je rappelle que ce discours n'est qu'une promesse et n'engage que ceux qui y croient... J'attends les actes !!!
Le 15 juillet 2020
La meilleure façon de nous préparer à une reprise possible de
l’épidémie est de renforcer nos actions de prévention. Cela passe
nécessairement par le développement du port du masque et une intensification de
notre politique de dépistage. Ce que nous devons par-dessus tout éviter, c’est
un retour à des formes strictes et larges de confinement, dont nous connaissons
désormais le coût. Cela reposera sur la mobilisation de tous.
La crise a aussi souligné les faiblesses de notre économie. Un appareil
productif incapable de pourvoir à nos besoins en biens et ressources
stratégiques. Nous avons atteint un niveau de dépendance qui n’est pas
raisonnable, qui n’est pas acceptable.
La France c’est la République. Et celle-ci aussi se trouve aujourd’hui
ébranlée dans ses fondements par la coalition de ses ennemis : terroristes,
extrémistes, complotistes, séparatistes, communautaristes, dont les armes
habituelles de la violence – dans la rue comme dans l’espace privé – et de la
lâcheté – souvent garantie par l’anonymat permettant un recours dévoyé aux
réseaux sociaux – ont pris ces dernières années une intensité inquiétante. Vous
le savez, car vous en êtes régulièrement les victimes.
Je sais, pour la côtoyer tous les jours, qu’existe une France qui ne
dit rien mais qui n’en pense pas moins et qui n’accepte pas cela. Une France du
bon sens et de la raison. Une France que nous devons aujourd’hui écouter et
mieux considérer.
Nous avons progressivement perdu notre capacité à nous projeter dans le
long terme. A planifier une politique économique à identifier les gisements de
croissance futurs, à définir une perspective, à fixer un cap. C’est la raison
pour laquelle le Président de la République souhaite la création rapide d’un
Commissariat Général au Plan, qui aura pour mission d’incarner et d’animer une
telle politique.
C’est aussi le sens de la loi de programmation pluriannuelle de la
recherche qui sera présentée au conseil des ministres dès la semaine prochaine
et permettra un réinvestissement massif de 25 milliards d’euros dans la
recherche publique au long des 10 prochaines années.
La première urgence, parce que ce sont les premiers touchés par la
crise, parce qu’ils sont l’avenir, parce qu’ils sont nos enfants, ce sont les
jeunes. 700 000 d’entre eux vont bientôt se présenter sur le marché du travail.
Aucun d’entre eux ne doit se trouver sans solution. Des mesures très
fortes ont d’ores et déjà été annoncées pour soutenir l’apprentissage. Il faut
aller plus loin. Un plan pour la jeunesse sera discuté vendredi avec les
partenaires sociaux :
Premier impératif, favoriser
l’embauche. L’Etat y aidera, comme l’a annoncé le Président de la République,
avec un dispositif exceptionnel de réduction du coût du travail, à hauteur de
4000 € par an, pour les jeunes de moins de 25 ans, jusqu’à 1,6 SMIC, dans
toutes les entreprises et pour une durée d’au moins un an ;
Deuxième impératif : lutter
contre le décrochage durable des jeunes qui sont les plus éloignés de l’emploi.
300 000 parcours et contrats d’insertion permettront d’aller toucher les jeunes
les plus en difficulté ; et 100 000 places de plus en service civique.
Troisième impératif :
soutenir les étudiants notamment les plus modestes, qui se retrouvent en
difficulté avec moins d’accès aux petits boulots. Dès la rentrée, les repas
dans les restaurants universitaires seront à 1 € pour les étudiants boursiers.
C’est la finalité du plan de relance que nous lancerons dès le début du
mois de septembre. Il portera sur 100 milliards d’euros et il couvrira tous les
grands secteurs économiques et tous nos territoires.
Ce plan investira d’abord dans notre atout le plus précieux, les femmes
et les hommes de ce pays.
D’abord en préservant l’emploi au travers des dispositifs d’activité
partielle qui mobiliseront 30 milliards d’euros cette année, et encore 8
milliards l’années prochaine pour soutenir l’emploi et les salaires dans les
entreprises confrontées à une baisse durable de leur carnet de commande.
La crise en a apporté une nouvelle confirmation : il faut en effet
transformer notre appareil productif. Notre industrie s’est affaiblie. Nous
avons vu certains de nos fleurons industriels et technologiques passer sous
pavillon étranger sans que nous puissions, ou souhaitions, réagir. Nous sommes
aujourd’hui trop dépendants de nos partenaires extérieurs, et insuffisamment
présents sur certains secteurs stratégiques.
Nous consacrerons 40 milliards d’euros pour que cela change.
Nous allégerons les impôts qui pèsent sur la production en France, nous
développerons sur notre territoire les technologies d’avenir, nous réduirons
notre empreinte carbone, nous accélérerons la numérisation des entreprises et
des administrations.
Dans de nombreux domaines, notre souveraineté économique doit également
se construire à l’échelle de l’Europe. Nous travaillerons à une adaptation des
règles de la concurrence européenne afin de favoriser l'émergence de champions
industriels européens.
Le plan de relance proposera de mobiliser plus de 20 milliards€ pour la
rénovation thermique des bâtiments, pour réduire les émissions des transports
et de nos industries, pour produire une alimentation plus locale et durable,
pour soutenir les technologies vertes de demain comme les batteries, pour mieux
recycler et moins gaspiller.
Rien ne serait plus inefficace ou injuste que de demander à certains de
nos concitoyens, qui n’en ont tout simplement pas les moyens, de changer
brutalement leur mode de consommation ou de déplacement. A nous de concilier
transition écologique et pouvoir d’achat.
La solution, c’est d’accompagner individuellement les Français : en
matière de logement, en finançant leur projet de rénovation thermique ; en
matière de transport, grâce à la prime à la conversion, mais aussi en
structurant mieux le marché de l’occasion et en s’appuyant sur la location
longue durée. Tous les investissements dans les filières agricoles seront
accélérés, afin de développer une alimentation de qualité, locale, accessible
dans toutes les villes et villages de France.
Pour lutter contre l’artificialisation des sols, promouvoir les
circuits courts et les petits commerces, nous mettrons en place un moratoire
pour l’installation de nouveaux projets de centres commerciaux dans les zones
périurbaines.
Les entreprises qui bénéficieront d’aides au titre de ce plan ou
s’inscriront dans le cadre de l’activité partielle de longue durée, seront
invitées à une stricte modération dans la distribution des dividendes, comme
cela a déjà été le cas pendant la crise sanitaire. De la même manière, nous
serons très exigeants sur les conditions de traitement des sous-traitants. Je
souhaite enfin que le dialogue social s’empare sans délai des questions du
partage de la valeur dans les entreprises et prévoit les conditions d’une
relance de la participation et de l’intéressement.
100 milliards d’euros, ce n’est pas rien ! Mais c’est une nécessité
économique. Bien-sûr, ce plan de relance aura aussi un coût pour nos finances
publiques.
Dans une telle situation de crise, la réponse ne saurait être
l’austérité budgétaire qui ne ferait qu’aggraver les choses. Autant nous devons
assumer le sérieux budgétaire sur nos dépenses de fonctionnement, autant nous
devons assumer cet investissement massif qui intègre un soutien exceptionnel de
l’Union européenne, ce qui n’avait pas été le cas lors de la crise de 2008.
Dépenser sans transformer, c’est de la dépense courante. Dépenser en
transformant, c’est de l’investissement pour l’avenir. La part conjoncturelle
de la dette, liée à la crise, fera l’objet d’un cantonnement.
C’est également en partant des territoires que nous progresserons sur
le sujet de l’accès à un médecin de ville. Ce sujet est primordial pour nos
concitoyens et vous le savez. Il faut évidemment attirer davantage de médecins
dans nos territoires, il faut surtout permettre à ceux qui y exercent déjà de
travailler autrement, avec moins de charges administratives et plus de temps
médical, et ainsi pouvoir suivre davantage de patients.
Il faut aussi développer la télémédecine qui a connu un essor
spectaculaire pendant la crise du Covid et dont il faut maintenant consolider
la place dans les pratiques médicales.
En matière de retraites, la crise nous invite plus que jamais à
poursuivre nos objectifs vers un système plus juste et plus équitable,
notamment pour les femmes et pour les travailleurs modestes, passant par la
création d’un régime universel. Cela implique clairement la disparition à terme
des régimes spéciaux tout en prenant pleinement en considération la situation
des bénéficiaires actuels de ces régimes.
Mais je constate que les modalités de cette réforme ont généré de
l’inquiétude et de l’incompréhension. Je proposerai donc aux partenaires
sociaux comme aux parlementaires que la concertation reprenne afin d’améliorer
le contenu comme la lisibilité de cette réforme nécessaire, en la distinguant
très clairement de toute mesure financière, appelée parfois paramétrique.
Vouloir préserver notre pacte social nous oblige aussi à en garantir la
soutenabilité dans la durée. La crise économique qui nous frappe se traduira
par un déficit de la sécurité sociale qui devrait dépasser 50 milliards d’euros
en 2020. C’est évidemment considérable mais nous devons faire la part des
choses : ce qui relève d’une dégradation conjoncturelle liée aux circonstances
exceptionnelles de la crise n’a pas vocation à peser sur nos niveaux de
couverture sociale et sera donc financé dans le cadre de la « dette Covid » ;
ce qui révèlerait une dégradation plus structurelle de nos comptes sociaux
exigera des mesures de retour vers l’équilibre. Nous en parlerons vendredi
prochain avec les partenaires sociaux pour définir une méthode et un
calendrier.
Mais je veux vous dire dès aujourd’hui ma conviction. Il n’est pas
envisageable, dans le contexte que nous traversons, de demander aux Français un
effort fiscal supplémentaire.
Aucune religion, aucun courant de pensée, aucun groupe constitué ne
peut s’approprier l’espace public et s’en prendre aux lois de la République. En
particulier, il faut nommer les choses telles qu’elles sont, lutter contre
l’islamisme radical sous toutes ses formes est et demeure l’une de nos
préoccupations majeures. Tout le Gouvernement est concerné.
Il ne saurait davantage être toléré que des minorités ultra violentes
s’en prennent aux forces de sécurité et viennent désormais systématiquement
ternir les manifestations sur la voie publique et leurs revendications
légitimes.
Les violences commises dans les quartiers des Grésilles et de Chenôve à
Dijon, l’attaque ignoble contre un chauffeur de bus à Bayonne, les guet-apens
tendus aux représentants des forces de l’ordre et à nos pompiers dans certains
quartiers, les trafics en bas des cages d’escaliers, la banalisation de la
délinquance du quotidien sont autant de faits inacceptables qui exaspèrent les
Français. Ils appellent une réponse de l’État ferme et sans complaisance.
Il n’est pas davantage acceptable que des violences soient perpétrées
sur des personnes à raison de leur pratique religieuse, de leur orientation sexuelle
ou de leur couleur de peau. Toutes ces formes de violence notamment conjugales,
de discrimination, de racisme, d’antisémitisme seront combattues avec la
dernière énergie.
Un projet de loi sur la lutte contre les séparatismes sera présenté en
conseil des ministres à la rentrée pour éviter que certains groupes ne se
referment autour d’appartenances ethniques ou religieuses.
A nos policiers et gendarmes, à toutes les forces de sécurité et à tous
les acteurs de la prévention, je souhaite exprimer au nom de la Nation mon
profond respect et ma gratitude. Ils forment la première ligne de l’ordre
républicain et exercent leur mission dans des circonstances qui sont parfois
extrêmement délicates. Je veillerai, à ce qu’ils puissent obtenir tous les
moyens, matériels et humains, nécessaires pour conduire leur mission, à ce
qu’ils puissent être là où ils sont attendus, sur le terrain, en les
déchargeant de tâches administratives, parfois chronophages.
Je ne peux parler de ceux qui protègent les Français sans évoquer le
rôle fondamental de nos armées. Dans le combat contre les ennemis de la liberté
et le terrorisme, elles portent haut les couleurs de la France. Qu’elles soient
déployées sur le sol national ou au Sahel, en Centrafrique, en Irak, elles sont
l’honneur de notre Patrie. Je souhaite rendre hommage à leur sens du sacrifice
et à leur courage, essentiels pour assurer la paix et la sécurité. Le Président
de la République a engagé avec la loi de programmation militaire 2019-2025 une
remontée en puissance historique de nos armées.
De même que la police de sécurité du quotidien devra se déployer
beaucoup plus fortement, je souhaite aussi promouvoir la justice de la vie
quotidienne. Dans beaucoup de territoires, la petite délinquance, les petites
incivilités, le tag, l’insulte, le petit trafic, les troubles à ce que le code
communal appelle la tranquillité publique, se sont développés au point de
gâcher la vie des gens. Ils se sont développés car, faute de réponse
judiciaire, une forme d’impunité s’est installée. Et elle s’est installée par
manque de reconnaissance et de moyens accordés par l’État à l’autorité
judiciaire. Dans les renforcements que je demanderai dès 2021 à la
Représentation nationale de voter, j’ai demandé au Garde des Sceaux d’en
flécher pour créer dans les territoires des juges de proximité affectés à la
répression de ces incivilités du quotidien.
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