samedi 18 juillet 2020

Déclaration de politique générale de M. Jean Castex, Premier ministre - Extraits -


NDLR : J'ai extrait  des morceaux choisis qui me semblaient intéressants (c'est subjectif, bien sûr). Je rappelle que ce discours n'est qu'une promesse et n'engage que ceux qui y croient... J'attends les actes !!!

Le 15 juillet 2020



La meilleure façon de nous préparer à une reprise possible de l’épidémie est de renforcer nos actions de prévention. Cela passe nécessairement par le développement du port du masque et une intensification de notre politique de dépistage. Ce que nous devons par-dessus tout éviter, c’est un retour à des formes strictes et larges de confinement, dont nous connaissons désormais le coût. Cela reposera sur la mobilisation de tous.



La crise a aussi souligné les faiblesses de notre économie. Un appareil productif incapable de pourvoir à nos besoins en biens et ressources stratégiques. Nous avons atteint un niveau de dépendance qui n’est pas raisonnable, qui n’est pas acceptable.



La France c’est la République. Et celle-ci aussi se trouve aujourd’hui ébranlée dans ses fondements par la coalition de ses ennemis : terroristes, extrémistes, complotistes, séparatistes, communautaristes, dont les armes habituelles de la violence – dans la rue comme dans l’espace privé – et de la lâcheté – souvent garantie par l’anonymat permettant un recours dévoyé aux réseaux sociaux – ont pris ces dernières années une intensité inquiétante. Vous le savez, car vous en êtes régulièrement les victimes.



Je sais, pour la côtoyer tous les jours, qu’existe une France qui ne dit rien mais qui n’en pense pas moins et qui n’accepte pas cela. Une France du bon sens et de la raison. Une France que nous devons aujourd’hui écouter et mieux considérer.



Nous avons progressivement perdu notre capacité à nous projeter dans le long terme. A planifier une politique économique à identifier les gisements de croissance futurs, à définir une perspective, à fixer un cap. C’est la raison pour laquelle le Président de la République souhaite la création rapide d’un Commissariat Général au Plan, qui aura pour mission d’incarner et d’animer une telle politique.

C’est aussi le sens de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche qui sera présentée au conseil des ministres dès la semaine prochaine et permettra un réinvestissement massif de 25 milliards d’euros dans la recherche publique au long des 10 prochaines années.



La première urgence, parce que ce sont les premiers touchés par la crise, parce qu’ils sont l’avenir, parce qu’ils sont nos enfants, ce sont les jeunes. 700 000 d’entre eux vont bientôt se présenter sur le marché du travail.



Aucun d’entre eux ne doit se trouver sans solution. Des mesures très fortes ont d’ores et déjà été annoncées pour soutenir l’apprentissage. Il faut aller plus loin. Un plan pour la jeunesse sera discuté vendredi avec les partenaires sociaux :



    Premier impératif, favoriser l’embauche. L’Etat y aidera, comme l’a annoncé le Président de la République, avec un dispositif exceptionnel de réduction du coût du travail, à hauteur de 4000 € par an, pour les jeunes de moins de 25 ans, jusqu’à 1,6 SMIC, dans toutes les entreprises et pour une durée d’au moins un an ;

    Deuxième impératif : lutter contre le décrochage durable des jeunes qui sont les plus éloignés de l’emploi. 300 000 parcours et contrats d’insertion permettront d’aller toucher les jeunes les plus en difficulté ; et 100 000 places de plus en service civique.

    Troisième impératif : soutenir les étudiants notamment les plus modestes, qui se retrouvent en difficulté avec moins d’accès aux petits boulots. Dès la rentrée, les repas dans les restaurants universitaires seront à 1 € pour les étudiants boursiers.



C’est la finalité du plan de relance que nous lancerons dès le début du mois de septembre. Il portera sur 100 milliards d’euros et il couvrira tous les grands secteurs économiques et tous nos territoires.



Ce plan investira d’abord dans notre atout le plus précieux, les femmes et les hommes de ce pays.



D’abord en préservant l’emploi au travers des dispositifs d’activité partielle qui mobiliseront 30 milliards d’euros cette année, et encore 8 milliards l’années prochaine pour soutenir l’emploi et les salaires dans les entreprises confrontées à une baisse durable de leur carnet de commande.



La crise en a apporté une nouvelle confirmation : il faut en effet transformer notre appareil productif. Notre industrie s’est affaiblie. Nous avons vu certains de nos fleurons industriels et technologiques passer sous pavillon étranger sans que nous puissions, ou souhaitions, réagir. Nous sommes aujourd’hui trop dépendants de nos partenaires extérieurs, et insuffisamment présents sur certains secteurs stratégiques.



Nous consacrerons 40 milliards d’euros pour que cela change.



Nous allégerons les impôts qui pèsent sur la production en France, nous développerons sur notre territoire les technologies d’avenir, nous réduirons notre empreinte carbone, nous accélérerons la numérisation des entreprises et des administrations.



Dans de nombreux domaines, notre souveraineté économique doit également se construire à l’échelle de l’Europe. Nous travaillerons à une adaptation des règles de la concurrence européenne afin de favoriser l'émergence de champions industriels européens.



Le plan de relance proposera de mobiliser plus de 20 milliards€ pour la rénovation thermique des bâtiments, pour réduire les émissions des transports et de nos industries, pour produire une alimentation plus locale et durable, pour soutenir les technologies vertes de demain comme les batteries, pour mieux recycler et moins gaspiller.



Rien ne serait plus inefficace ou injuste que de demander à certains de nos concitoyens, qui n’en ont tout simplement pas les moyens, de changer brutalement leur mode de consommation ou de déplacement. A nous de concilier transition écologique et pouvoir d’achat.



La solution, c’est d’accompagner individuellement les Français : en matière de logement, en finançant leur projet de rénovation thermique ; en matière de transport, grâce à la prime à la conversion, mais aussi en structurant mieux le marché de l’occasion et en s’appuyant sur la location longue durée. Tous les investissements dans les filières agricoles seront accélérés, afin de développer une alimentation de qualité, locale, accessible dans toutes les villes et villages de France.



Pour lutter contre l’artificialisation des sols, promouvoir les circuits courts et les petits commerces, nous mettrons en place un moratoire pour l’installation de nouveaux projets de centres commerciaux dans les zones périurbaines.



Les entreprises qui bénéficieront d’aides au titre de ce plan ou s’inscriront dans le cadre de l’activité partielle de longue durée, seront invitées à une stricte modération dans la distribution des dividendes, comme cela a déjà été le cas pendant la crise sanitaire. De la même manière, nous serons très exigeants sur les conditions de traitement des sous-traitants. Je souhaite enfin que le dialogue social s’empare sans délai des questions du partage de la valeur dans les entreprises et prévoit les conditions d’une relance de la participation et de l’intéressement.

100 milliards d’euros, ce n’est pas rien ! Mais c’est une nécessité économique. Bien-sûr, ce plan de relance aura aussi un coût pour nos finances publiques.



Dans une telle situation de crise, la réponse ne saurait être l’austérité budgétaire qui ne ferait qu’aggraver les choses. Autant nous devons assumer le sérieux budgétaire sur nos dépenses de fonctionnement, autant nous devons assumer cet investissement massif qui intègre un soutien exceptionnel de l’Union européenne, ce qui n’avait pas été le cas lors de la crise de 2008.



Dépenser sans transformer, c’est de la dépense courante. Dépenser en transformant, c’est de l’investissement pour l’avenir. La part conjoncturelle de la dette, liée à la crise, fera l’objet d’un cantonnement.



C’est également en partant des territoires que nous progresserons sur le sujet de l’accès à un médecin de ville. Ce sujet est primordial pour nos concitoyens et vous le savez. Il faut évidemment attirer davantage de médecins dans nos territoires, il faut surtout permettre à ceux qui y exercent déjà de travailler autrement, avec moins de charges administratives et plus de temps médical, et ainsi pouvoir suivre davantage de patients.

Il faut aussi développer la télémédecine qui a connu un essor spectaculaire pendant la crise du Covid et dont il faut maintenant consolider la place dans les pratiques médicales.



En matière de retraites, la crise nous invite plus que jamais à poursuivre nos objectifs vers un système plus juste et plus équitable, notamment pour les femmes et pour les travailleurs modestes, passant par la création d’un régime universel. Cela implique clairement la disparition à terme des régimes spéciaux tout en prenant pleinement en considération la situation des bénéficiaires actuels de ces régimes.



Mais je constate que les modalités de cette réforme ont généré de l’inquiétude et de l’incompréhension. Je proposerai donc aux partenaires sociaux comme aux parlementaires que la concertation reprenne afin d’améliorer le contenu comme la lisibilité de cette réforme nécessaire, en la distinguant très clairement de toute mesure financière, appelée parfois paramétrique.



Vouloir préserver notre pacte social nous oblige aussi à en garantir la soutenabilité dans la durée. La crise économique qui nous frappe se traduira par un déficit de la sécurité sociale qui devrait dépasser 50 milliards d’euros en 2020. C’est évidemment considérable mais nous devons faire la part des choses : ce qui relève d’une dégradation conjoncturelle liée aux circonstances exceptionnelles de la crise n’a pas vocation à peser sur nos niveaux de couverture sociale et sera donc financé dans le cadre de la « dette Covid » ; ce qui révèlerait une dégradation plus structurelle de nos comptes sociaux exigera des mesures de retour vers l’équilibre. Nous en parlerons vendredi prochain avec les partenaires sociaux pour définir une méthode et un calendrier.



Mais je veux vous dire dès aujourd’hui ma conviction. Il n’est pas envisageable, dans le contexte que nous traversons, de demander aux Français un effort fiscal supplémentaire.



Aucune religion, aucun courant de pensée, aucun groupe constitué ne peut s’approprier l’espace public et s’en prendre aux lois de la République. En particulier, il faut nommer les choses telles qu’elles sont, lutter contre l’islamisme radical sous toutes ses formes est et demeure l’une de nos préoccupations majeures. Tout le Gouvernement est concerné.



Il ne saurait davantage être toléré que des minorités ultra violentes s’en prennent aux forces de sécurité et viennent désormais systématiquement ternir les manifestations sur la voie publique et leurs revendications légitimes.



Les violences commises dans les quartiers des Grésilles et de Chenôve à Dijon, l’attaque ignoble contre un chauffeur de bus à Bayonne, les guet-apens tendus aux représentants des forces de l’ordre et à nos pompiers dans certains quartiers, les trafics en bas des cages d’escaliers, la banalisation de la délinquance du quotidien sont autant de faits inacceptables qui exaspèrent les Français. Ils appellent une réponse de l’État ferme et sans complaisance.



Il n’est pas davantage acceptable que des violences soient perpétrées sur des personnes à raison de leur pratique religieuse, de leur orientation sexuelle ou de leur couleur de peau. Toutes ces formes de violence notamment conjugales, de discrimination, de racisme, d’antisémitisme seront combattues avec la dernière énergie.



Un projet de loi sur la lutte contre les séparatismes sera présenté en conseil des ministres à la rentrée pour éviter que certains groupes ne se referment autour d’appartenances ethniques ou religieuses.



A nos policiers et gendarmes, à toutes les forces de sécurité et à tous les acteurs de la prévention, je souhaite exprimer au nom de la Nation mon profond respect et ma gratitude. Ils forment la première ligne de l’ordre républicain et exercent leur mission dans des circonstances qui sont parfois extrêmement délicates. Je veillerai, à ce qu’ils puissent obtenir tous les moyens, matériels et humains, nécessaires pour conduire leur mission, à ce qu’ils puissent être là où ils sont attendus, sur le terrain, en les déchargeant de tâches administratives, parfois chronophages.



Je ne peux parler de ceux qui protègent les Français sans évoquer le rôle fondamental de nos armées. Dans le combat contre les ennemis de la liberté et le terrorisme, elles portent haut les couleurs de la France. Qu’elles soient déployées sur le sol national ou au Sahel, en Centrafrique, en Irak, elles sont l’honneur de notre Patrie. Je souhaite rendre hommage à leur sens du sacrifice et à leur courage, essentiels pour assurer la paix et la sécurité. Le Président de la République a engagé avec la loi de programmation militaire 2019-2025 une remontée en puissance historique de nos armées.



De même que la police de sécurité du quotidien devra se déployer beaucoup plus fortement, je souhaite aussi promouvoir la justice de la vie quotidienne. Dans beaucoup de territoires, la petite délinquance, les petites incivilités, le tag, l’insulte, le petit trafic, les troubles à ce que le code communal appelle la tranquillité publique, se sont développés au point de gâcher la vie des gens. Ils se sont développés car, faute de réponse judiciaire, une forme d’impunité s’est installée. Et elle s’est installée par manque de reconnaissance et de moyens accordés par l’État à l’autorité judiciaire. Dans les renforcements que je demanderai dès 2021 à la Représentation nationale de voter, j’ai demandé au Garde des Sceaux d’en flécher pour créer dans les territoires des juges de proximité affectés à la répression de ces incivilités du quotidien.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire