samedi 6 avril 2019

Cadres-trous-du-cul


Finalement, mes meilleurs souvenirs professionnels, sont ceux vécus avec les ouvriers mis sous mes "ordres". Et encore pas avec tous. Disons avec la moitié d'entre eux, voire les deux tiers, c'était déjà pas mal. C'était beaucoup plus qu'avec mes collègues ou mes supérieurs...

Je crois que ces ouvriers m'appréciaient, avec mon sens de la "justice". C'est le mot qu'ils employaient et que bêtement j'avais fait mien.
A Tort, paraît-il !

En effet cela me handicapait dans les entretiens d'embauche, jusqu'au jour où j'ai suivi des stages de recherche d'emploi.
J'ai alors appris qu'on ne disait pas "justice"; que ce mot était réservé à l'évocation de l'institution judiciaire. J'ai eu droit à l’opprobre générale (y compris les autres cadres chômeurs) et on m'a inculqué l'emploi du mot "équité".
J'avoue que j'ai oublié de me prosterner de de remercier l'assistance de sa condescendante intention de m'instruire...

C'est alors que j'ai compris que pour ces gens-là, l'usage des mots était la principale occupation.

Depuis, cette pratique a enflé, s'est propagée tel un tsunami. Nous avons progressivement tous été confrontés à ce phénomène pour lequel des expressions ont été inventées et consacrées : "pensée unique", "politiquement correct", "langue de bois", etc...

J'ai gardé le souvenir ce cette condescendance dégoûtée dont ces cadres-trous-du-cul" se paraient et de la vexation que j'avais ressentie.

Cela explique aussi que j'ai eu peu d'atomes crochus avec cette catégorie de la population, dont théoriquement je faisais partie, puisque j'étais cadre moi-même, mais avec laquelle concrètement, je ne partageais aucune valeur.

J’ai gardé très peu de cadres dans mes bons souvenirs…
          

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