Finalement, mes
meilleurs souvenirs professionnels, sont ceux vécus avec les ouvriers mis sous
mes "ordres". Et encore pas avec tous. Disons avec la moitié d'entre
eux, voire les deux tiers, c'était déjà pas mal. C'était beaucoup plus qu'avec
mes collègues ou mes supérieurs...
Je crois que ces
ouvriers m'appréciaient, avec mon sens de la "justice". C'est le mot
qu'ils employaient et que bêtement j'avais fait mien.
A Tort,
paraît-il !
En effet cela me
handicapait dans les entretiens d'embauche, jusqu'au jour où j'ai suivi des
stages de recherche d'emploi.
J'ai alors
appris qu'on ne disait pas "justice"; que ce mot était réservé à
l'évocation de l'institution judiciaire. J'ai eu droit à l’opprobre générale (y
compris les autres cadres chômeurs) et on m'a inculqué l'emploi du mot
"équité".
J'avoue que j'ai
oublié de me prosterner de de remercier l'assistance de sa condescendante
intention de m'instruire...
C'est alors que
j'ai compris que pour ces gens-là, l'usage des mots était la principale
occupation.
Depuis, cette
pratique a enflé, s'est propagée tel un tsunami. Nous avons progressivement
tous été confrontés à ce phénomène pour lequel des expressions ont été inventées
et consacrées : "pensée unique", "politiquement correct",
"langue de bois", etc...
J'ai gardé le
souvenir ce cette condescendance dégoûtée dont ces cadres-trous-du-cul" se
paraient et de la vexation que j'avais ressentie.
Cela explique
aussi que j'ai eu peu d'atomes crochus avec cette catégorie de la population,
dont théoriquement je faisais partie, puisque j'étais cadre moi-même, mais avec laquelle concrètement, je ne
partageais aucune valeur.
J’ai gardé très
peu de cadres dans mes bons souvenirs…
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