Notre
fils ainé est reparti mardi dernier. Pour nous les vacances sont finies. Nous
étions contents de le voir avec nous, même s’il était plus souvent avec ses
copains d’enfance, comme à chaque fois qu’il vient. Il est si dévoué, si gentil.
Il nous a cuisiné des recettes à lui, qu’il nous a mijoté, même si j’étais un
peu horrifié par le prix des ingrédients qu’il m’a fallu débourser… Il nous a
aidé et a rangé la salle de bains, plusieurs nuits de suite (six sacs poubelles
à jeter)…
Nous
l’avons donc accompagné à la gare ce jour-là. Et quand le train a démarré, Ma
femme était émue et moi, j’ai carrément pleuré… Ce n’est pas la première fois
et surement pas la dernière.
Il
y a plus de dix ans, c’était mes parents qui pleuraient à leur portail en nous
regardant partir. Nous, bien qu’émus, nous étions contents de retourner chez
nous.
La
roue tourne. Je suis maintenant le patriarche d’une lignée qui s’arrêtera
probablement à mes enfants. L’horloge tourne inexorablement et à mi-août, mon
cœur prend déjà ses quartiers d’hiver.
Je
sais à présent très exactement la vie qu’à mon ainé dans cette grande ville. Un
revenu de misère, beaucoup d’heures de travail, aucune sécurité d’emploi, une
vue qui baisse, un achat de lunettes différé depuis des années...
Heureusement
qu’il n’a pas charge de famille, heureusement qu’il est optimiste.
Mais
je suis si inquiet. Sa survie est si précaire. Il se passe parfois de manger,
ne nous le dit pas, mais un relevé de banque qui trainait et le non-contenu de
son frigo nous en ont appris bien plus qu’il ne veut nous dire.
Lui
si généreux, qui a rapporté des jeux, des livres à ses frères, qui s’est privé
pour eux, alors qu’il n’a pas un flèche…
Alors,
je pleure de plus belle, j’ai honte d’exister, ma vie a été et est inutile.
Alors
il est parti… Je souhaite si fort qu’un jour il puisse progresser et avoir une
vie « normale », avec un foyer, des petits loupiots, un avenir…
C’est
l’hiver et je vais prier, car il mérite d’avoir sa chance. « Aide-toi, le
ciel t’aidera ». Il s’aide beaucoup et je pense que son Papy lui enverra
le coup de pouce. Mon père m’a promis qu’il serait toujours là dans l’au-delà
pour nous. Il y aura le déclic, ce que tout un chacun appelle un coup de pot,
le hasard, le cul bordé de nouilles…
Les
vacances sont finies
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