Je poursuis ma saga des ordures que j'ai rencontrées dans ma vie.
J'ai revécu cette nuit un
de mes nombreux épisodes de vie type Zorro, à moins qu'ils ne fussent des
luttes contre les moulins à vents, coiffé de mon plat à barbe, ou bien encore
n'étais-je qu'un Sancho Pansa ou un Bernardo...
C'était dans les années 74
ou 75... Je vais dénoncer, après tout ! Je travaillais à la SMAC (filliale
SCREG à l'époque, digérée par Bouygues et puis par Colas depuis lors). A l'agence de travaux de
Rennes.
Nous avions un ne nos
porteurs de seaux d'asphalte qui à cause de l'usure de gants, avait les mains
et les poignets brulés en de nombreux endroits. Il ne se plaignait pas. Il
réclamait des gants mais nous n'avions pas le droit d'en donner. (Nous avons
découvert ses blessures au moment où il nous tendait ses gants en lambeaux. Ses
mains n'étaient que des plaies aux cloques suintantes et sanguinolentes)...
Ému et aussi très honteux
de n'avoir rien remarqué, je suis allé en pharmacie acheter du tulle gras et
tout ce qu'il fallait pour le soigner. Ce gamin qui ne devait avoir guère plus
de 16 ans était soutien de famille nombreuse. Je lui rend aujourd'hui hommage
pour son courage et son abnégation..
Nous avions, un certain
Guillard et moi-même, (le troisième conducteur de travaux, Guillemeau, était
avec nous par la pensée, mais s'abstenait prudemment d'intervenir), tenté de
fléchir le Directeur d'agence, un certain CHAIRMANN, (
petit homme cruel, manteau de cuir style Gestapo et mèche gominée de
sinistre mémoire ; quand on le voyait, on croyait être dans un
documentaire des années 40, le salut Hitlérien en moins ), au sujet
des gants de protection.
La règle était simple :
une seule paire par semaine à condition de rendre l'ancienne paire trouée. Il
ne fit aucune concession à notre demande...
Or, ce CHAIRMANN avait,
par soucis d'économie maximale, opté pour des gants en coton qui ne duraient
même pas la journée, alors que toutes les agences de France conservaient
l'usage des gants en cuir...
Ecoeurés, nous avons
comploté. J'ai piqué la clef du magasinier après qu'il soit parti, mon
complice, le conducteur de travaux, est allé faire une copie minute et nous avons
fauché des fagots de gants dans le magasin de l'agence. Nous avons répété ces
prélèvements autant de fois que nécessaire, après la nuit tombée, cela va de
soi...
Inutile de dire qu'en fin
de mois, lors de l'inventaire, le mago (magasinier) s'est fait souffler dans
les bronches. "Ah ben moi, Dame, j'en sais rin", répondait-il,
tremblotant devant ce directeur "modèle" de toute la direction
générale SMAC...
Ce CHAIRMANN était une
ordure, mais il n'était pas fou... Il a bien compris que ma réclamation pour
les gants et la disparition de ces derniers étaient liés...
Aussi quand je fus enfin
muté dans l'agence de Vitry sur Seine, j'ai du recommencer une période
probatoire, car le Directeur de cette agence avait sur ma personne, autant de
renseignements flatteurs (agence de Reims) que calomnieux (Agence de Rennes)...
Cela a différé d'autant ma promotion...
Cette histoire vraie,
c'est, je peux le dire, l'histoire de ma vie. Cent fois, j'ai répété ce genre
d'action, écoutant cette conscience de merde plutôt que mes intérêts...
Comment mes enfants
peuvent-ils comprendre que leur père Ingénieur, ait une retraite si minable et
puisse si peu les aider ? Ils ne savent pas que j'ai fusillé ma carrière de si
nombreuses fois sur de simples considérations morales...
Vingt employeurs sans
compter l'Assedic, voilà le résultat de mon attitude bornée de Robin des bois
du pauvre...
Quant à ce Chairmann...
Je tiens à dire que tous ses actes de manager étaient aussi injustes, inéquitables, cruels. Il régnait sur son personnel par la terreur. Petit dictateur sans vergogne que la société et l'entreprise ont laissé perdurer, jusqu'à ce que...
Il n'a eu aucune réprimande pour sa cruauté. Par contre, il a été lourdé comme un malpropre à la suite de la chute vertigineuse de son activité "Asphalte". Pourquoi ? Il avait organisé le dumping de toutes les entreprises Bretonnes concurrentes et les donneurs d'ordres en réaction avaient opté pour des matériaux non-monopolisables, genre bitume armé.
C'est la course insatiable au fric qui l'a perdu. L'immoralité vengée par l'immoralité...
N'apprend-t-on pas en maths que moins multiplié par moins égal plus ???
Quant à ce Chairmann...
Je tiens à dire que tous ses actes de manager étaient aussi injustes, inéquitables, cruels. Il régnait sur son personnel par la terreur. Petit dictateur sans vergogne que la société et l'entreprise ont laissé perdurer, jusqu'à ce que...
Il n'a eu aucune réprimande pour sa cruauté. Par contre, il a été lourdé comme un malpropre à la suite de la chute vertigineuse de son activité "Asphalte". Pourquoi ? Il avait organisé le dumping de toutes les entreprises Bretonnes concurrentes et les donneurs d'ordres en réaction avaient opté pour des matériaux non-monopolisables, genre bitume armé.
C'est la course insatiable au fric qui l'a perdu. L'immoralité vengée par l'immoralité...
N'apprend-t-on pas en maths que moins multiplié par moins égal plus ???
En tous cas, merci à Guillard, le seul conducteur de travaux résistant courageux que j'ai rencontré au cours de ma vie, et vive la Bretagne !
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