2007
Il s’écoute, il est séduit par sa voix. Ces quarante dernières chansons, il a progressé. Il relit ensuite la
formalisation écrite de son seul engagement militaire. Il trouve que
c’est, avec du recul et quelques corrections, pas mal écrit. C’est de la confiture
à des cochons. Mais c’est bon pour lui, parce que c’est lui, c’est à lui, c’est sa vie. C’est son passé.
Nostalgie, comme dans « Du côté de chez Swan », ou « Le mal aimé », « Il faut savoir », « Adieu mon pays ». Créativité comme dans ces pastiches « La bêtise », « Je l’aime à courir », « La belle pluie », ou spontanée : « Le courage se mesure à la lumière des actes accomplis ».
Il trouve en lui, les qualités qui lui suffisent pour se rassurer sur ses compétences. Car en fait il a besoin de se rassurer, contre cette société qui l’exclut des gens compétents, de l’action, de l’efficacité, du bonheur de s’accomplir.
Oui parce qu’à cinquante sept ans, il pense qu'il a encore à s’accomplir, à progresser, à prouver, à apprendre, à enseigner, à aimer, à gagner, à se surpasser, à , à…
Mais ce qu'il pense n’a pas de valeur pour la société. Ça n’a de valeur que pour lui. Il passe son temps à se rassurer, ou du moins à essayer.
Parce que, quand il y pense, le probable accident neuronal qu'il a eu, ou du moins ses conséquences, sont implacables sur son avenir. Il vaut mieux qu'il se résigne. Il n'a plus les moyens de ses ambitions. Hier encore, il a fallu qu’elle lui répète trois fois ce qu’elle avait lu, parce qu'il ne parvient pas à fixer son attention. Il lit très souvent un mot pour un autre. Les imprimés de mutuelle pour Toto, il les a lu et relu. Pourtant il n'a rien retenu et rien compris. Il n’arrive pas à comparer les offres. Professionnellement, il ne vaut plus un clou. Voilà la vraie et triste vérité.
Il fatigue pour un rien. Hier d’avoir blogué trop longtemps, quand il est allé faire les courses, il ne tenait pas debout, il a eu du mal à suivre son Nono dans l’hypermarché.
C’était son anniversaire. Il lui a donné son cadeau sur le parking. Il a oublié la carte d’anniversaire avec les petits mots tendres de toute la famille et le gâteau, qu’on a fait pour les deux autres. Le pauvre petit dernier, le petit oublié, parce qu'il oublie et ne se concentre pas.
Son petit Nono, il l'aime tant. IL ne voudrait pas qu'il lui en tienne rigueur. Un jour lira-t-il ces mots et lui pardonnera-t-il ?
« Déjà que tu t'es sacrifié par Amour pour nous. Tu vois bien qu’on n’a pas les moyens. Tu as choisi la filière du Brevet professionnel, alors que le conseil d’établissement voulait te faire faire la seconde scientifique. J’ai honte. Nono, pardonne-moi. Tu es sûrement le meilleur élève de vous trois. Et tu es le petit dernier, sacrifié, qui aura les études les plus modestes, alors que tu mérites les plus hautes. Moi, qui n’aime pas l’injustice, je laisse faire celle là, sur mon fils, parce que je suis impuissant à l’empêcher ».
Triste fin de vie, où il n’obtient plus ce qu'il veut par la seule force de sa volonté.
Triste fin de vie, où tous les idéaux auxquels il croyait, sont foulés par ses propres pieds.
Toute sa vie il s'est efforcé de vivre conformément à ses convictions.
Et c’est maintenant, à cet âge, qu'il pêche contre son éthique personnelle, contre la morale tout court.
« Serais-je un jour pardonné ? En tout cas je ne me pardonne pas. C’est trop facile de dire : « C’est la faute de la société ». N’aurais-je pu être intelligent et prévoir ? N’aurais-je pu atteindre des objectifs et amasser des provisions comme la fourmi ».
« En fait j'ai été cigale. Beau comportement pour un organisateur, un maître d’œuvre, un planificateur, un coordonnateur, un gérant, un gestionnaire, un manager…»
« Oui j’ai bien fait tout ce que je viens d’énumérer, pour les autres…mais pas pour moi-même ni ma famille…
Quel gâchis…En fait je n’ai aucune excuse… Un homme normal, prend soin de sa famille et de lui-même en premier… Moi, non !
Alors il faut que j’arrête de me poser en victime. Je ne suis victime que de moi-même, de mon imprévision, de mon incurie vis-à-vis de mes enfants ».
Avoir été efficace pour les autres, à quoi ça a servi ? A rien. Il peut toujours aller sonner à leur porte. Personne ne lui ouvrira.
Nostalgie, comme dans « Du côté de chez Swan », ou « Le mal aimé », « Il faut savoir », « Adieu mon pays ». Créativité comme dans ces pastiches « La bêtise », « Je l’aime à courir », « La belle pluie », ou spontanée : « Le courage se mesure à la lumière des actes accomplis ».
Il trouve en lui, les qualités qui lui suffisent pour se rassurer sur ses compétences. Car en fait il a besoin de se rassurer, contre cette société qui l’exclut des gens compétents, de l’action, de l’efficacité, du bonheur de s’accomplir.
Oui parce qu’à cinquante sept ans, il pense qu'il a encore à s’accomplir, à progresser, à prouver, à apprendre, à enseigner, à aimer, à gagner, à se surpasser, à , à…
Mais ce qu'il pense n’a pas de valeur pour la société. Ça n’a de valeur que pour lui. Il passe son temps à se rassurer, ou du moins à essayer.
Parce que, quand il y pense, le probable accident neuronal qu'il a eu, ou du moins ses conséquences, sont implacables sur son avenir. Il vaut mieux qu'il se résigne. Il n'a plus les moyens de ses ambitions. Hier encore, il a fallu qu’elle lui répète trois fois ce qu’elle avait lu, parce qu'il ne parvient pas à fixer son attention. Il lit très souvent un mot pour un autre. Les imprimés de mutuelle pour Toto, il les a lu et relu. Pourtant il n'a rien retenu et rien compris. Il n’arrive pas à comparer les offres. Professionnellement, il ne vaut plus un clou. Voilà la vraie et triste vérité.
Il fatigue pour un rien. Hier d’avoir blogué trop longtemps, quand il est allé faire les courses, il ne tenait pas debout, il a eu du mal à suivre son Nono dans l’hypermarché.
C’était son anniversaire. Il lui a donné son cadeau sur le parking. Il a oublié la carte d’anniversaire avec les petits mots tendres de toute la famille et le gâteau, qu’on a fait pour les deux autres. Le pauvre petit dernier, le petit oublié, parce qu'il oublie et ne se concentre pas.
Son petit Nono, il l'aime tant. IL ne voudrait pas qu'il lui en tienne rigueur. Un jour lira-t-il ces mots et lui pardonnera-t-il ?
« Déjà que tu t'es sacrifié par Amour pour nous. Tu vois bien qu’on n’a pas les moyens. Tu as choisi la filière du Brevet professionnel, alors que le conseil d’établissement voulait te faire faire la seconde scientifique. J’ai honte. Nono, pardonne-moi. Tu es sûrement le meilleur élève de vous trois. Et tu es le petit dernier, sacrifié, qui aura les études les plus modestes, alors que tu mérites les plus hautes. Moi, qui n’aime pas l’injustice, je laisse faire celle là, sur mon fils, parce que je suis impuissant à l’empêcher ».
Triste fin de vie, où il n’obtient plus ce qu'il veut par la seule force de sa volonté.
Triste fin de vie, où tous les idéaux auxquels il croyait, sont foulés par ses propres pieds.
Toute sa vie il s'est efforcé de vivre conformément à ses convictions.
Et c’est maintenant, à cet âge, qu'il pêche contre son éthique personnelle, contre la morale tout court.
« Serais-je un jour pardonné ? En tout cas je ne me pardonne pas. C’est trop facile de dire : « C’est la faute de la société ». N’aurais-je pu être intelligent et prévoir ? N’aurais-je pu atteindre des objectifs et amasser des provisions comme la fourmi ».
« En fait j'ai été cigale. Beau comportement pour un organisateur, un maître d’œuvre, un planificateur, un coordonnateur, un gérant, un gestionnaire, un manager…»
« Oui j’ai bien fait tout ce que je viens d’énumérer, pour les autres…mais pas pour moi-même ni ma famille…
Quel gâchis…En fait je n’ai aucune excuse… Un homme normal, prend soin de sa famille et de lui-même en premier… Moi, non !
Alors il faut que j’arrête de me poser en victime. Je ne suis victime que de moi-même, de mon imprévision, de mon incurie vis-à-vis de mes enfants ».
Avoir été efficace pour les autres, à quoi ça a servi ? A rien. Il peut toujours aller sonner à leur porte. Personne ne lui ouvrira.
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