Mémoires et radotages (584) – C’est vrai : Ils seront toujours nos enfants !

 

Écrit le dimanche 15 septembre 2024

« Les vieux sont tous pareils : Quoique nous fassions, nous serons toujours des enfants ».

C’est une phrase tirée d’un téléfilm quelconque dans lequel un adulte parle de son père… Mais la phrase elle-même n’est pas quelconque, elle est empreinte de sagesse et d’une vérité intemporelle… Comme quoi, il n’y a pas que les auteurs classiques qui fassent des sorties d’une grande ampleur philosophique et intellectuelle… Même un simple dialoguiste a des fulgurances… Nous ne sommes pas tous constamment des idiots… Les éclairs de génie parfois illuminent les individus…

Et je me reconnais dans ces parents que l’on décrit. C’est vrai : Ils seront toujours nos enfants ! Alors que j’ai eu la chance, une fois adulte, de ne pas trop avoir des parents qui me prennent pour un enfant… Un peu quand même, bien sûr… Ils avaient une intelligence bien au-dessus de la moyenne puisqu’ils ont partiellement réussi à ne pas m’infantiliser… Alors que moi, tout ingénieur que je sois, je n’ai pas cet intelligence… Et je continue à donner à mes enfants des noms affectueux que je leur donnais quand ils étaient petits… J’ai du mal à me retenir… Je crois que ma perte de cognition accidentelle est à l’origine, entre autres, de ce manque d’attention, de concentration et laisse place aux débordements dont mon hémisphère cérébral droit, intact, est si prodigue…

Je vis constamment dans l’inquiétude lorsqu’un de mes fils a du retard. J’ai peur de ce qui leur arrivera une fois que je serai parti… Je suis inquiet de la précarité de leurs situations… J’aimerais avoir le don d’ubiquité, pour être auprès de chacun d’eux constamment, afin de les protéger, même plus en me battant comme autrefois, mais simplement en m’interposant, en donnant ma vie s’il le faut pour protéger la leur…

Il est bien vrai qu’aimer, c’est souffrir… J’ai toujours su résister aux atteintes de la vie et à surmonter les vacheries qu’elle me réservait… J’ai été hyper motivé, pour aller gagner de quoi nourrir mes petits en travaillant 7 jours sur 7 quand j’ai créé ma boite… Comme quoi l’amour est un moteur plus puissant qu’un réacteur d’avion… Mais quand mon petit Nono, qui avait 9 mois, a failli mourir étouffé par la bronchiolite, et qu’il s’est retrouvé en urgence à l’hosto… Je ne pouvais plus dormir… Ma troisième ordonnance au bout de trois semaines, m’avait enfin permis de dormir… Et je suis toujours soumis à ce traitement depuis 31 ans… Sans ces somnifères (qui sont en fait des anxiolytiques), je ne pourrais toujours pas dormir…

Alors oui, c’est vrai, l’amour est aussi une source d’anxiété, à laquelle moi, je n’ai pu résister, contrairement à d’autres parents qui sont plus « cool »… Nos fils sont mes points faibles, mes talons d’Achille en quelque sorte…

Je remercie Dieu de protéger mes enfants… Quand je prie Dieu, c’est uniquement pour eux (et les gens que j’aime)… Jamais pour moi… Je demandais avant à Dieu, qu’il prenne ma vie en contrepartie de la leur… Mais je me suis aperçu que ce genre de pacte ne pouvait se faire qu’avec le Diable… Alors je m’en remets à Dieu de faire l’échange s’il le veut, s’il lui sied de le faire…

La vie est comme un vieux bâtiment qui petit à petit s’effondre… Mais en ce moment les dégradations se multiplient à cadence accélérée… Je n’ai même plus la force ni la volonté, ni la concentration de faire ce qui est nécessaire afin de détacher la vieille fusée que je suis de la capsule spatiale et je risque d’entrainer cette dernière dans ma chute…

Notaire, complémentaire, téléphone, électricité, liste à prévenir, et tant d’autres choses, tout va à vau-l’eau…

C’est drôle… Il y a si peu de temps nous étions jeunes, forts et plein de tonus, de volonté et emplis du bonheur distillé par nos enfants… Si peu de temps… Et maintenant, si soudainement, nous ne sommes que coquilles vides, sans forces, sans volonté, sans avenir…

Seul, l’amour nous maintient encore debout, mais plus pour très longtemps. Le temps passe de plus en plus vite et parfois je me demande si je parviendrais au bout de la phrase que j’écris ou que je prononce…

On voit des émissions… Tous ceux que l'on a connus télé-visuellement sont morts ou pas loin de l’être… Depuis un an je suis le patriarche de la famille ou disons simplement, le plus vieux… Cela veut dire en principe que je suis le prochain sur la liste… Cela ne me fait pas peur… Ce qui me fait peur c’est leur avenir… J’espère qu’ils seront unis et qu’ils s’entraideront. Ce sera leur seul recours !