Un
vaccin à ARN, ou vaccin à ARN messager, est un type de vaccin activant le
système immunitaire adaptatif au moyen d'ARN messagers dont la séquence
nucléotidique code une protéine identique ou semblable à un antigène d'agent pathogène
ou à un antigène tumoral. Cette protéine est produite directement dans les
cellules cibles par traduction de l'ARN messager contenu dans le vaccin, et est
reconnue par le système immunitaire de l'organisme, qui réagit en produisant
des anticorps dirigés contre l'agent pathogène ou le cancer qu'on cherche à
neutraliser. L'ARN messager peut être nu, c'est-à-dire délivré directement en
solution, ou bien encapsulé (en) dans des nanoparticules lipidiques ; des virus
à ARN sont également étudiés comme vecteurs possibles de vaccins à ARN.
Ce type de vaccins présente certains
avantages sur les vaccins à ADN du point de vue de la fabrication, du mode
d'administration aux patients et de la sécurité d'utilisation, et a pu montrer
des effets prometteurs lors d'essais cliniques sur l'homme. Les vaccins à ARN
pourraient également présenter un intérêt contre certains cancers. Plusieurs laboratoires pharmaceutiques tels que
CureVac et Moderna développent de tels vaccins, dont plusieurs depuis début
2020 contre la COVID-19. Le vaccin Tozinaméran, développé par BioNTech et
Pfizer, a reçu le 2 décembre 2020 au Royaume-Uni la première autorisation pour
l'utilisation grand public d'un vaccin à ARN de la part d'un organisme national
de régulation des médicaments5.
Avantages et risques par
rapport aux vaccins à ADN
Par rapport aux vaccins à ADN, l'intérêt des vaccins à
ARN est qu'ils sont traduits dans le cytosol des cellules, ce qui les dispense
de devoir pénétrer dans les noyaux cellulaires et écarte le risque de voir leur
matériel génétique être incorporé au génome de l'hôte. Il n’y a donc pas de
modification génétique de la personne vaccinée. Il est
en outre possible d'optimiser le cadre de lecture ouvert (ORF) et les régions
non traduites (UTR) des ARN messagers, par exemple en augmentant leur taux de
GC6 ou en sélectionnant des régions non traduites connues pour favoriser la traduction.
Un cadre de lecture ouvert supplémentaire peut également être ajouté pour
fournir un mécanisme de réplication amplifiant la traduction en antigène, ce
qui donne un ARN auto-amplificateur qui réduit la quantité initiale d'ARN
nécessaire pour obtenir l'effet désiré.
Le principal risque des vaccins à ARN est celui du
déclenchement d'une réponse immunitaire excessive par activation du système
immunitaire inné. La réponse immunitaire innée est activée par
liaison de l'ARN aux récepteurs de type Toll, comme la protéine TLR7, à la
protéine RIG-I et la protéine kinase R. On
atténue ce risque en concevant des ARN messagers ayant des séquences semblables
à celles produites par les cellules de mammifères et en introduisant, dans
l'ARN messager, des nucléosides
modifiés, comme la pseudouridine, la 5-méthylcytidine, ou des nucléosides
2’-O-méthylés, comme la 2’-O-méthyladénosine, ce qui a pour effet de limiter la
réponse immunitaire contre cet ARN étranger, et donc de retarder sa
dégradation, d'où un meilleur taux de traduction en antigène. On peut
également optimiser les codons et utiliser certaines régions non traduites, ce
qui ralentit également la dégradation de l'ARN. Par ailleurs, la présence de traces d'ARN bicaténaire contaminant les
préparations d'ARNs produits in vitro peuvent déclencher une interférence par
ARN, ce qui peut conduire à la dégradation prématurée de l'ARN vaccinal et
réduire sa durée d'action, imposant une purification en plusieurs étapes. L'ARN
bicaténaire indésirable peut être éliminé par traitement à la RNAse III ou à
moindre frais par adsorption sur la cellulose.
Certains vaccins à ARN peuvent également produire une
forte réponse immunitaire avec des interférons de type I, associés à
l'inflammation ainsi qu'à des manifestations auto-immunes, ce qui fait des
personnes sujettes aux maladies auto-immunes des sujets potentiellement à
risque pour ces vaccins. Ces sujets sont à écarter de la vaccination.
Par
ailleurs, l'ARN extracellulaire est connu pour être un facteur favorisant la
coagulation sanguine et augmentant la perméabilité de l'endothélium.
L'accroissement de la perméabilité endothéliale peut entraîner un œdème et stimuler la coagulation sanguine ce qui
entraîne un risque de formation de thrombus, d'où des risques d'infarctus
(notamment d'infarctus cérébral), de thrombose ou encore d'embolie pulmonaire.
L'ARN qui se retrouve dans le sang est toutefois détruit très rapidement par
des RNases et il n'est pas internalisé efficacement dans les cellules. Ce
risque de thrombus est donc très rare car les organismes vivants secrètent des Ribonucléase
(RNases) en abondance et même en excès. Les sujets ayant des antécédents de phlébites coagulatoires sont à écarter de la vaccination.
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