Écrit le 15 novembre 2010
Le 9 novembre 1970, je n'y
étais pas bien sûr...
Par contre le 12, j'y étais...
Nous avions fini notre petit
déjeuner ce matin-là (ce devait être le 10 novembre) et nous avions emprunté l'allée gravillonnée qui menait à
nos salles d'études...
Le sous-directeur de l'école
des mines, André Lefebvre, professeur agrégé de mathématiques, nous fit
réunir...
Cet ancien résistant avait
les yeux rouges...
Il nous dit d'une voix mal
assurée (et c'est bien la seule fois où nous le sentîmes désemparé), que cette
journée serait une journée de deuil et que tous les cours étaient supprimés.
Nous étions tous consignés
dans l'école et pouvions faire ce que bon nous semblait, mais en silence...
Tout remué par ce que je
venais d'apprendre la veille aux informations, (le Général était décédé la veille dans sa demeure), j'ai demandé à celui que nous surnommions « Dédé »,
l'autorisation de me rendre à l'enterrement du Grand Homme... Ce qu'il
m'accordât bien volontiers...
Mes collègues de promotion
savent cet épisode me concernant... Et me le resservent à chacune de nos
retrouvailles... sans moquerie, avec peut-être un peu de respect, bien que de
Gaulle, représentât à leurs yeux, un vieux bonhomme du passé secret leur
parents... Je partis l'après-midi même en moto...
Je ne pus que m'approcher
très loin du petit cimetière de Colombey les deux églises... Ce devait être le
lendemain du 11 novembre... Mais beaucoup de larmes inondèrent les chaussées
de cette petite bourgade...
Ce que personne ne sait,
c'est que la vallée du Rhône était bloquée par la neige cette année là ! Seule
l'autoroute A7 était dégagée. Roulant la nuit entière, je suivis un
semi-remorque à 110 km/h, pendant des centaines de kilomètres, aspiré par la
dépression d'air de son sillage jusqu'à ce que ce que nos chemins se
séparent... Heureusement qu'à aucun moment il ne freinât...
À Colombey, je dormis comme
je pus, transi de froid, près de ma moto dans un petit bois... Il n'y avait
aucune neige...
Après notre hommage et notre
recueillement, partagés par des milliers de fidèles de la France combattante et
reconnaissante, je repartis pour Alès. Encore par l'autoroute en dessous de
Lyon... Il faisait encore plus froid, je n'avais pas de camion pour « m'aspirer »,
cette fois là... J'ai fini le parcours avec les pieds près du sol tant cela
glissait avec le durcissement de la neige...
Épuise, au dernier croisement
avant le portail arrière des ateliers de l'école, je me payais de plein front,
une voiture dont j'avais refusé la priorité, bien malgré moi d'ailleurs : Je
dormais littéralement...
Après le valdingue par-dessus
la voiture : Le constat... Et j'arrivais au milieu du repas dans la
cantine, épuisé, barbu, sale, en tenue de moto, mon vêtement de pluie en
lambeaux... Et acclamé par mes camarades...
Je ne l'ai jamais raconté.
Mes enfants le découvriront peut-être un jour dans mes écrits...
Après tout, mon récit de
Kolwezi ne les a jamais intéressés, alors, pourquoi leur raconter une si banale
aventure ???
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