Écrit par Michel Psellos.
Coups
de pouce appréciés
En
attendant et pour revenir aux questions de rémunération, la faiblesse des
primes à l’Élysée aboutit à la situation anormale d’une rémunération du
secrétaire général moins élevée que celle des directeurs de cabinets
ministériels : l’habitude fut prise d’y remédier en nommant parallèlement le
secrétaire général à une présidence non exécutive d’entreprise publique,
assortie d’une modeste rémunération. C’est ainsi qu’Édouard Balladur présida la
société du tunnel du Mont-Blanc, qui lui valut ultérieurement quelques déboires
médiatiques non mérités (il fut un excellent président qui mit en place un
financement particulièrement sain de la nouvelle autoroute blanche). Quant à
Jean-Louis Bianco, secrétaire général de l’Élysée sous François Mitterrand, il
présida l’Office national des forêts.
La
réélection de Jacques Chirac, après l’élimination de Lionel Jospin au premier
tour des élections présidentielles par Jean-Marie Le Pen, donna au nouveau
Premier ministre Jean-Pierre Raffarin l’occasion de réformer enfin le système
pour remettre la rémunération des membres du gouvernement en adéquation avec
leur niveau de responsabilités.
La
rémunération des ministres et du Premier ministre fut augmentée d’environ 70%
par la loi de finances rectificative du 6 août 2002. Il n’y eut pas de protestation
notable, du fait de la torpeur estivale et de la crainte de la gauche d’attiser
les ressentiments populistes dont se repaît l’extrême-droite, et les ministres
- parmi lesquels le nouveau ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy -, furent
heureux de constater le quasi-doublement de leur rémunération à partir du mois
d’août 2002.
Restait
à corriger la rémunération du président de la République. Jacques Chirac
choisit de ne pas la modifier en août 2002 pour éviter toute polémique, car le
cumul de son ancienne formule avec ses retraites d’ancien conseiller
référendaire à la Cour des Comptes, d’ancien député ou ministre et d’ancien
maire de Paris suffisait à lui assurer une rémunération globale supérieure à
celle de son Premier ministre.
Il
laissa ainsi un héritage empoisonné à son successeur : pour éviter d’être moins
bien payé que François Fillon, Nicolas Sarkozy, qui ne touche aucune retraite,
n’eut pas d’autre choix à son arrivée en mai 2007 que d’achever le réalignement
de la rémunération du président de la République sur celle du Premier ministre
en l’augmentant d’environ 70%, ce que Jacques Chirac aurait dû faire dès 2002
en accompagnant cette mesure de la suspension de ses propres retraites.
Nicolas
Sarkozy paracheva la réforme en regroupant dans un budget unique l’ensemble des
dépenses de l’Élysée, ce qui aurait dû être fait depuis longtemps, mais aussi
en accordant à certains de ses collaborateurs des primes hors de proportion
avec la rémunération normale d’un fonctionnaire, ce qui passa inaperçu dans un
premier temps.
Les
polémiques n’ont pas manqué sur l’augmentation de la rémunération personnelle
du président. Mais la palme en ce domaine revient à Nicolas Sarkozy lui-même,
qui essaya de détourner les attaques dans une interview au Parisien du 26
février 2008 en affirmant que l’augmentation de l’ordre de 70% du traitement du
Premier ministre, de 12.000 euros à environ 20.000 euros par mois, avait été
effectuée… par Lionel Jospin en 1997 et non par Jean-Pierre Raffarin en 2002.
Cette
affirmation a acquis un statut de vérité officielle malgré les démentis de
Lionel Jospin bien peu repris dans la presse, ce qui a permis à Nicolas Sarkozy
de la renouveler en 2012.
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