Je
reprends, pour en faire une comparaison, ce que j’avais exprimé avec mon Grand
fils. Il aime à expliquer son travail. C’est vrai qu’il est assez volubile à ce
sujet et pour tout dire assez bavard… Il me perd dans des détails auxquels je
ne comprends que dalle et qui ne me captivent pas, obsédé par la question de
fond : Comment parvient-il à survivre avec des revenus si bas et si
aléatoires ? Mon pauvre Fiston…
Quand
j’y repense… Entre mon père et moi, cela se passait très différemment… Il me
demandait fréquemment ce en quoi consistait mon travail… Et il est vrai, que,
contrairement à Kiki, j’étais très peu loquace à ce sujet… Soit je donnais une
définition très succincte, sans m’étendre sur le sujet, soit, carrément, je
disais que ce n’était pas intéressant et ne méritait pas d’en parler, ou bien
je prétextais qu’en vacances ce n’était pas le moment d’évoquer des sujets qui
fâchent !
A
aucun moment je n’ai exprimé mes angoisses de recherches d’emploi ni mes
difficultés professionnelles, ni même la fierté de mes
"exploits" ; c’est à peine si je signalais à ma mère au
téléphone un nouvel emploi… Et encore, quand mon occupation du moment faisait
partie du domaine public ; sinon cela restait secret pour tout le monde… Il
est vrai aussi, que j’ai préservé de la même façon mes enfants et mes
conjointes… Autant que faire se peut (sauf dans la période patronale, où j’ai
employé ma compagne à des tâches de comptabilité et de relance clients) !
Et
pourtant, j’étais assez fier de ce que je faisais. A l’époque de ma vie
professionnelle, je voyais bien plus souvent le verre à moitié plein que celui
qui était à moitié vide.
En
fait, je n’ai cherché qu’à me dépasser moi-même, plutôt qu’à me mesurer aux
autres… Ce qui fait que dans certains domaines, j’étais bien meilleur que les
collègues qui m’entouraient, mais dans d’autres… c’était bien le contraire…
Mais
à jouer ce petit jeu, je n’ai pas su capitaliser sur un avancement positif de
ma carrière…
Cela
a plu à certains (clients, subordonnés, collègues), mais très peu, à quelques
exceptions près, à ceux de mes supérieurs qui détenaient la clé de mon futur…
Revenant
à mon père… Je tenais de lui cette opiniâtreté au travail…
Une
pensée en entraînant une autre… J’ai gardé un très mauvais souvenir… Quand j’ai
fondé ma société, lors de ma quête d’associés, mon père après avoir acquiescé
pour participer au capital à hauteur de 25%, s’est rétracté totalement, quand
je lui ai demandé s’il pouvait éventuellement participer à 30%... Au lieu de me
dire non pour 30 et oui pour 25, il s’est totalement retiré du projet et
m’avait envoyé chier !
Outre
le fait que j’ai été obligé de laisser participer un de mes amis à 50% alors
que je n’avais que 25% du capital et que cela me mettait en porte-à-faux, je me
souviens que j’avais conçu une grande tristesse et une grande déception à
propos du comportement de mon père… Il n’avait pas confiance en son fils… Et
pourtant j’étais le seul de ses trois enfants qui était, pensais-je, totalement
digne de confiance… Je m’étais bien fourré le doigt dans l’œil ! Bien plus
tard, après que j’ai fermé la boite et remboursé leurs capitaux aux associés,
il s’est excusé…
Et
il est vrai, que lorsqu’il me demandait au fil des années « c’est quoi les
becquets », ou quelque autre question sur l’activité de ma boite, je
n’étais que peu enclin à lui répondre, cela me rappelait de mauvais souvenirs.
« Tu m’as envoyé chier pour ma boite et bien cela ne te regarde pas »
pensais-je à chaque fois avec exaspération !
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