Comment parvenir à rejoindre ma
famille ?
Je rassemble mes forces et mes
affaires, je me lève… Je regarde longuement de chaque coté des ruines où je
suis en m’aidant de la lunette infra rouge de mon arme. Rien, du moins
apparemment.
Je ne pourrai bientôt plus me
servir de la fonction infrarouge faute de pile. Nous allons tous perdre
l’avantage que la technologie nous procurait. La suite de la guerre sera une
suite de duel à un contre vingt. Autant dire que notre fin est proche…
Je trottine courbé, avec mon arme
à deux mains. Il me faut éviter tout contact avec les soldats de l’Axe.
Je passe la nuit à éviter toute
zone éclairée, que ce soit des incendies ou des campements. Le contournement de
ces zones me fait faire beaucoup de chemin pour ne guère avancer. Je suis
obligé de ramper très souvent.
Je ne connais plus l’heure depuis
que j’ai cassé ma montre, il y a un mois.
Je marche en progressant
d’obstacle en obstacle. Je n’en peux plus…
Cela doit bien faire deux heures
que je ne rencontre que des villages en feu. Je les contourne avec moins de
précaution. Je pense avoir passé les lignes ennemies.
Je fais la jonction avec nos
lignes au petit matin, non sans avoir échangé quelques rafales par méprise
réciproque.
Triste spectacle que ces soldats
dépenaillés, hirsutes et hagards. Je pense que mon aspect doit être semblable.
La troupe qui est là, est composée des restes d’unités décimées de différentes
nationalités.
Je demande des munitions à la
cantonade « Do you have ammunitions five fifty six ? ».
Un Oberleutnant Allemand me
désigne un petit bâtiment. Je me dirige vers la porte dont je tourne la
poignée…
Le temps que mes yeux
s’accommodent à la pénombre et je vois des soldats à l’uniforme russe violer à
plusieurs une femme bâillonnée qu’ils maintiennent. Je crie d’arrêter et je m’approche
de celui qui a son pantalon sur les pieds. Je l’assomme d'un coup de crosse…
Je reçois ensuite la trempe de ma
vie…
Plusieurs heures après je
reprends connaissance dans l’hôpital de campagne. Mes cocards m’empêchent de
voir clair et j’ai des pansements…
J’apprends que j’ai eu tort
d’intervenir et qu’il faut laisser nos alliés s’amuser un peu…
Ainsi, ils ne valent pas mieux
que les autres…
Après avoir mangé avec
difficulté, récupéré mon arme et des munitions, je m’en vais en catimini et
surtout sans prendre congé, en profitant d’une alerte aérienne. Je suis
affaibli et dégoûté …
Qu’ils aillent tous se faire
foutre !
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