vendredi 22 avril 2022

Débat Emmanuel Macron - Marine Le Pen 2022

Après un premier débat en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont à nouveau affrontés mercredi 22 avril 2022, pour le traditionnel débat de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle. Pouvoir d'achat, guerre en Ukraine, environnement... Pendant un peu moins de trois heures, le président-sortant et la candidate du Rassemblement national ont confronté leur projet pour la France. Résumé de ce face-à-face.

• Le bouclier énergétique

Face à l’inflation actuelle, notamment sur les prix de l’énergie, Emmanuel Macron veut prolonger le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité qu’il juge "deux fois plus efficace que la baisse de la TVA" voulue par Marine Le Pen. "La mesure de blocage, je n’y suis pas du tout opposée", a d'abord indiqué la candidate du Rassemblement national. Mais, dit-elle, "je veux quelque chose de pérenne et pas quelque chose de provisoire comme vous le proposez".

Emmanuel Macron reproche à sa concurrente d’avoir pourtant voté contre ce bouclier énergétique à l’Assemblée nationale, qu'il défend comme une mesure de crise, qui prendra fin à l'issue de la période d'inflation. "Je me félicite que vous soyez pour le garder malgré votre vote négatif, c'est une bonne chose", ironise-t-il ainsi.

Marine Le Pen répond qu’elle a voté contre car elle veut mettre en place une baisse de la TVA à 5% sur l’énergie, une mesure sur la durée pour “changer le système de fond en comble”. La candidate du RN affirme qu’elle rendra 12 milliards d’euros aux Français avec ce dispositif. Marine propose effectivement une mesure beaucoup plus importante et pérenne (on ne peut que difficilement remonter le taux de TVA après l’avoir baissé). Cela coûtera nécessairement plus d’argent, qu’elle devra financer.

• Augmenter les salaires ou augmenter les primes?

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont accrochés sur leurs propositions respectives d'incitations à augmenter les salaires et primes, chacun accusant l'autre de faire croire que les hausses seront "automatiques".

"Vous n'allez pas faire les salaires, Mme Le Pen". "Tout comme vous n'allez pas faire les primes, M. Macron", se sont répondu les deux candidats à la présidentielle, en évoquant la thématique du pouvoir d'achat.

La cheffe de file du Rassemblement national a défendu sa proposition de geler "les cotisations patronales" en cas d'augmentation de "10% des salaires jusqu'à 3 fois le Smic". "Vous n'augmentez pas les revenus car vous n'administrez pas les salaires", a répliqué son rival.

De son côté, Emmanuel Macron est revenu sur le dispositif de prime versée par les entreprises, qui sera défiscalisée jusqu'à 6000 euros. "Mais dans la vraie vie, quand vous allez chercher un prêt auprès de votre banquier, il vous demande votre salaire et il se moque des primes", a argué Mme Le Pen, "parce qu'il sait qu'un coup, vous aurez la prime et puis peut être un coup, vous ne l'aurez pas", a répondu avec beaucoup de bon sens la candidate.

• La dépendance de Marine Le Pen du pouvoir russe et de M. Poutine

Interrogé sur la situation ukrainienne, Marine Le Pen a salué les "efforts" d'Emmanuel Macron. "J'avoue que les efforts que vous avez développés pour trouver les moyens, les voies pour la paix méritent d'être soutenus", a déclaré la candidate du Rassemblement national.

Emmanuel Macron a lui reproché à Marine Le Pen de "dépendre" du pouvoir russe et de Vladimir Poutine en raison de son prêt contracté auprès d'une banque russe pour l'élection présidentielle de 2017. À sa concurrente de répondre qu’elle a fait ce choix “parce qu'aucune banque française n'a voulu (lui) 'accorder de prêt”.

Marine Le Pen a alors reproché à Emmanuel Macron de l'avoir empêchée de contracter un prêt auprès d'une banque française pour l'élection présidentielle 2017. "Vous étiez ministre de l'Economie à l'époque", lui a répondu Marine Le Pen. "Personne n'est jamais intervenu vous le savez très bien", a rétorqué son adversaire. Nous savons bien que Macron a encore menti !

• Le climat

Passe d’armes sur le thème de l’environnement. Les deux candidats à la course à l’Elysée étaient interrogés sur leurs propositions pour la lutte contre le dérèglement climatique. "Vous êtes climatosceptique", a lancé Emmanuel Macron jugeant le programme écologique de sa concurrente “sans queue ni tête”. Il lui reproche notamment de ne pas avoir “un mot sur l’écologie dans (ses) 22 mesures pour la France”.

"Je ne suis absolument pas climatosceptique, vous vous êtes climatohypocrite", a répondu Marine Le Pen. Sur ce thème, elle prône le localisme et fustige “l’écologie punitive” du programme de son concurrent.

• Des éoliennes en mer partout "sauf en face du Touquet"

Fermement opposée aux éoliennes, Marine Le Pen a accusé Emmanuel Macron d'avoir prévu d'en installer partout en mer "sauf en face du Touquet", référence aux attaches du président dans cette ville du Pas-de-Calais où il passe de temps en temps des vacances.

Juste après cet échange, l’équipe de la candidate du Rassemblement national a accusé Emmanuel Macron de “mentir”, en citant un article rapportant la décision de l'Etat de suspendre en août 2017 le projet d'éoliennes offshore au Touquet. "Heureux d'avoir obtenu gain de cause pour notre territoire et ses habitants", écrivaient à l'époque les militants LaREM Thibaut Guilluy et Tiphaine Auzière, qui est également la belle-fille d'Emmanuel Macron.

• Le Voile dans l’espace public

"Je suis pour l'interdiction du voile dans l'espace public car je pense que c'est un uniforme imposé par les islamistes", a affirmé Marine Le Pen. Son concurrent Emmanuel Macron estime que cette loi sur l'interdiction du voile va créer une "guerre civile". Selon lui, il s'agit d'une "loi de rejet".

Il a même qualifié cette mesure d'inconstitutionnelle. "Vous n'avez pas lu ma loi", lui a répondu la candidate du Rassemblement nationale. "Non, mais j'ai lu la Constitution française, excusez-moi", a répliqué le président-candidat. D’ailleurs, Marine parlait de voile, alors que Macron parlait de foulard… Chacun sait que ces deux accoutrements sont très différents. Voile ou foulard ? A chacun de voir. Le voile est le symbole le plus marquant de l’islamisme, alors que le foulard, non ! Macron a encore essayé d’amalgamer afin d’extrémiser sa rivale.

• La moue de Macron et le tweet de Le Pen détournés par les internautes

C'est l'une des images qui a marqué les esprits dès les premières minutes du débat d'entre-deux-tours: celle de la moue d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Mains croisées sous le menton, le président sortant a arboré une expression faciale qui n'a pas manqué d'amuser de nombreux internautes.

À ce moment-là, le candidat de la République en Marche écoutait sa rivale du Rassemblement national dénoncer le bilan de son quinquennat. Plusieurs internautes ont déploré une expression lui donnant un côté "donneur de leçons".

Un peu plus tard, une autre séquence du débat a inspiré les internautes. Mise en cause par Emmanuel Macron pour ses positions sur la guerre en Ukraine, Marine Le Pen a sorti l'un de ses tweets, daté de 2014, imprimé en format A4: "Je soutiens une Ukraine libre, qui ne soit soumise ni aux Etats-Unis, ni à l'UE, ni à la Russie", écrivait-elle alors.

• Le Débat ?

Ironie, harcèlement, condescendance, ton professoral et coléreux ainsi qu’un chouïa d’arrogance ont marqué l’attitude de Macron durant tout ce débat, même si après la fin il a tenté de jouer la galanterie pour se rattraper, alors que Le Pen était sereine, plutôt calme et très souriante.

 

 

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