Paru sur BV le 20 novembre 2021 en accès libre
La « guerre raciale » est de nouveau sur toutes les lèvres, outre-Atlantique. Mardi 16 novembre s’ouvrait le procès du jeune homme – blanc – Kyle Rittenhouse, accusé du meurtre de deux militants antiracistes, en août 2020 à Kenosha, ville de l’État du Wisconsin, en pleine euphorie Black Lives Matter. Encore une fois, l’affaire Rittenhouse a polarisé l’opinion entre légitime défense et suprémacisme blanc. Finalement, c’était bien la légitime défense, le jeune homme venant d’être acquitté.
Le procès intervient dans un climat déjà très tendu aux États-Unis, où la théorie critique de la race (critical race theory ou CRT) exacerbe un pays divisé politiquement. Rappelons que cette théorie utilise la sémantique et la théorie critique marxiste, appliquée aux races, pour justifier les inégalités sociales et phénomènes sociaux. En découlent les concepts de « racisme systémique », « suprémacisme blanc », etc. D’abord réservé aux campus et universités, le phénomène a gangrené toutes les strates de la société : le monde de l’entreprise, les médias et, désormais, les écoles élémentaires.
Aussi, dès son arrivée à la Maison-Blanche, Joe Biden s’est empressé de défaire les mesures prises par son prédécesseur visant à limiter l’introduction de cette théorie dangereuse dans les programmes scolaires et les administrations… Loin de se laisser faire face à la plaie woke, l’opposition a fait preuve de diverses initiatives très encourageantes. On mesure les efforts quand on sait qu’en France, il est quasiment impossible de remettre en question les méthodes de l’Éducation nationale. Ainsi, par exemple, le média Education Week explique que, depuis fin 2020, vingt-huit États américains ont pris des mesures visant à restreindre la promotion de l’idéologie CRT à l’école ; douze l’ont fait par voie législative désormais en application.
Dans ce sens, le sénateur républicain du Missouri Josh Hawley présentait, ce mardi 16 novembre, un projet de loi intitulé « Loi sur la déclaration des droits des parents » (Parents’ Bill of rights). Il y énonce huit droits fondamentaux concernant l’éducation des enfants au sein des établissements scolaires, notamment liés à la nécessaire transparence quant au matériel utilisé, aux programmes étudiés et aux intervenants sollicités. Les écoles qui violeraient ces principes risqueraient des poursuites et des coupes dans le financement fédéral. Pour le sénateur Hawley, « il est temps de redonner le contrôle aux parents ».
Autre initiative à souligner, la création d’une université libre anti-cancel culture au Texas, l’université d’Austin, promue par la journaliste Bari Weiss. Devise de l’institution ? « La poursuite courageuse de la vérité ». Pour le président de l’université d’Austin, Pano Kanelos, « on ne peut pas attendre que les grandes universités se redressent. Il faut recréer du neuf. » Repartir de zéro, recréer les corps intermédiaires qui n’assurent plus leur rôle.
Le plus inattendu reste que le jeu de la gauche progressiste sur la question raciale pourrait même finalement jouer en sa défaveur. En Virginie, récemment, la théorie critique de la race aurait ainsi profité au candidat républicain Glenn Yougkin dans sa victoire au poste de gouverneur, faisant passer l’État de démocrate à républicain (Joe Biden y avait gagné par dix points d’avance).
C’est en tout cas l’analyse faite par la société de conseil en stratégie politique Anvil Strategies. Cette dernière a mené une étude via de longs entretiens auprès d’une centaine de femmes de l’État de Virginie ayant voté démocrate en 2017, pour le gouverneur Ralph Northam, puis encore démocrate en 2020 pour le président Biden mais ayant voté républicain en 2021. L’objet était de comprendre les raisons de ce retournement soudain. Les entretiens révèlent que l’élément déclencheur fut vraisemblablement l’impossibilité de choix des parents dans les décisions scolaires (fermeture des écoles, port du masque obligatoire, enseignement de la CRT). Tout n’est donc pas perdu.
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